L’école, la nation et la mémoire
L'Éducation nationale demeure le meilleur investissement qu'une nation puisse faire pour garantir sa prospérité. Ce sont des générations instruites qui sauront sauvegarder sa mémoire et lui ouvrir des perspectives intéressantes. Et ces générations-là ne naissent pas du néant, chacune apporte à la suivante son capital de connaissances qui le transmettra. Les nations ne sont pas des créations spontanées, mais un cumul de plusieurs siècles d'expériences et d'enseignements. C'est aussi autant de combats pour la survie parfois, et pour le développement en d'autres circonstances. Sur des millénaires, bien des nations ont failli disparaître, mais ont su résister, jusqu'à se relancer et démontrer à l'Histoire que la résistance, le combat et la persévérance ne sont pas un fait conjoncturel. Ce triptyque est consubstantiel à la vie de toutes les nations. Et il est principalement nourri par une volonté collective de donner du savoir à tous les enfants de la nation, indépendamment de l'origine sociale.
Cette donnée historique est considérée par l'État algérien comme l'une des constantes qui font l'identité d'une révolution populaire. L'Algérie qui a connu à plusieurs étapes de son existence les affres des agressions, des guerres et des spoliations et renaît, à chaque fois de ses cendres, cumulant les enseignements et intégrant des savoirs, considérés tous comme autant de butins de guerre. De la Numidie de l'Antiquité à l'Algérie d'aujourd'hui, ce sont les mêmes guerriers, penseurs, érudits qui ont défendu les territoires, la mémoire et le fondement historique de la nation.
Ce n'est pas un hasard si au lendemain de l'indépendance du pays, État et société s'étaient donné la mission d'engager la bataille de l'éducation aux premières heures de la liberté retrouvée. La première rentrée des classes de la République algérienne s'est faite à l'automne de l'année 1962. Les Algériens n'ont pas attendu que les conditions soient réunies. Ils ont d'abord marqué leur volonté de recouvrer le savoir que leur a arraché la colonisation, avant-même de voir, si les circonstances de l'époque pouvaient l'envisager. Il n'y avait pas débat.
Aujourd'hui, à la veille de la 61e rentrée scolaire, l'importance du savoir, de son acquisition et de sa transformation est plus que jamais d'actualité. Les Algériens sont censés savoir qu'aucune circonstance historique ne devra les détourner de la mission de donner aux générations futures les moyens de sauvegarder leur mémoire et ouvrir des perspectives de puissance à leur nation