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La grande faim de Nabil Karoui

Parti en fanfare pour entrer à Carthage, lors de l'élection présidentielle de 2019, le chef du parti Qalb Tounes, Nabil Karoui, finalement devancé par l'inattendu Kaïs Saïed, est confronté au rouleau implacable de la justice qui, non contente de l'avoir incarcéré en pleine campagne présidentielle, l'a renvoyé à El Mornaguia, en décembre 2020. Depuis le 4 mai dernier, sa détention provisoire aurait dû prendre fin ou être renouvelée, avant la date d'expiration du premier mandat. Le chef du parti libéral arrivé, lui aussi, second des législatives de 2019, vient d'être hospitalisé, trois jours après avoir entamé une grève de la faim pour protester contre son maintien en détention provisoire qu'il estime arbitraire. Le médecin qui l'a examiné a pris en compte une détérioration manifeste de son état de santé et exigé son transfert à l'hôpital où des examens lui sont, actuellement, prescrits. Nabil Karoui, 57 ans, chef du parti Qalb Tounès qui est membre de la coalition gouvernementale, conteste véhément cette détention provisoire au-delà des délais légaux, opérée à la suite d'une enquête pour «blanchiment d'argent et corruption», et il réclame sa remise en liberté que lui refuse l'instance judiciaire, malgré les protestations de ses partisans ainsi que de ses alliés d'Ennahdha et d'al Karama, au sein du Parlement tunisien. Ces derniers n'hésitent pas à dénoncer un procès politique dont serait victime le patron de la principale télévision tunisienne Nessma.
Le plus étrange dans cette affaire, outre le fait que la prolongation de la détention par un juge n'est pas intervenue dans les délais légaux, tient dans l'invraisemblable tentative de lui faire accuser réception d'une prolongation du mandat. Lundi, il a comparu devant le juge d'instruction du pôle économique et financier où on lui a exigé de signer un PV antidaté. La Révolution du jasmin a, désormais, une odeur d'oignon frelaté. Karoui a entamé une grève de la faim pour dénoncer des procédures illégales. Quant aux députés Qalb Tounes, ils mènent un sit-in devant le bureau du juge d'instruction pour protester contre sa «détention abusive». Pour sa part, le Conseil supérieur de la magistrature a dénoncé, dans un communiqué, les pressions exercées par les députés Qalb Tounes sur le juge d'instruction, une violation flagrante du principe de séparation des pouvoirs et une atteinte à l'indépendance de l'institution judiciaire qui «refuse toute pratique de harcèlement et de diffamation des juges». Nabil Karoui se retrouve ainsi dans un véritable bras de fer, avec un procès à la fois ordinaire et politique divisant la Tunisie qui n'avait nul besoin d'un tel vaudeville.

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