La guerre et le débat
La prochaine rentrée sociale sera celle de la mise en oeuvre d'importantes lois qui ont le mérite de poser, avec beaucoup de transparence, les bases du développement du pays au triple plan, économique, politique et social. Ces sont ces textes législatifs, votés à la veille des vacances parlementaires, qui garantiront une diversification économique, une meilleure stabilité politique, un paysage médiatique plus proche des standards internationaux et des acquis sociaux plus conformes aux aspirations des Algériens. Il va de soi que ces lois ne fonctionneront pas toutes seules. La volonté politique des autorités et le contrôle social à travers des médias indépendants et responsables amèneront des résultats concrets.
Il reste indéniable que les perspectives économiques et sociales qui figurent en très bonne place dans l'agenda de l'État ne doit pas éclipser la nécessaire édification de sociétés politique et civile, dignes de ce nom. Cela ne peut se concevoir en dehors d'un débat national et quasi permanent. Il est donc essentiel de faire de cette rentrée social un rendez-vous des Algériens avec la politique, les débats et les échanges de points de vue, dans le respect des valeurs de la République. Le dire est certainement plus compliqué que de le réaliser sur le terrain, mais l'expérience du Mouvement populaire et l'échec des tentatives de le dévier de sa voie originelle apportent la preuve d'une maturité politique de la société. Il s'agit de savoir canaliser cette énergie, nourrie surtout par un patriotisme à fleur de peau que le monde entier reconnaît aux Algériens. Il y a dans le «paquet» de lois qui feront la rentrée sociale, celle de l'information, promulguée avant-hier. Consacrant la diversité du champ audiovisuel, elle contribuera certainement à clarifier les rapports politiques et, espérons-le, consacrer une redistribution des rôles entre l'État en tant qu'institution, le pouvoir, l'opposition et l'opinion publique. Un vrai débat démocratique ne doit absolument pas criminaliser, victimiser ou émietter les opinions des uns et des autres. Bien au contraire, il sert à libérer les énergies au seul profit de la nation. En un mot comme en mille, la vocation première de la loi organique sur l'information est d'être la rampe de lancement d'une Algérie plurielle et consciente de l'environnement alimenté par la guerre hybride où des sociétés entières sont «exécutées» par des médias à la solde de puissances ennemies.