La leçon de l’éparpillement
Le débat sur les convergences des efforts susceptibles de renforcer le front interne en ces temps de grandes incertitudes régionales et internationales est l'un des signes de bonne santé politique. Même si les discussions en cours n'ont pas d'écho dans toutes les sphères de la société, il demeure tout de même important de souligner que l'élite partisane a pris conscience de la nécessité d'une initiative forte qui fasse une sorte de dôme sur la nation pour lui éviter un dangereux éparpillement. L'heure est donc au débat dans les milieux partisans, ce qui dénote d'une volonté des acteurs politiques de s'affirmer sur la scène politique, comme porteur de solutions à des questions qui concernent l'ensemble de la collectivité nationale. La bonne santé politique est également à chercher dans l'inconfort que ressentent les élites partisanes, face à un réservoir électoral qui s'exprime au quart de ses capacités totales. Ce paradoxe est, disons-le clairement, un moteur politique censé alimenter les actions des acteurs partisans, dont l'objectif et le sens de l'existence même est de donner du sens à ce même réservoir électoral. Le désengagement assumé de l'Exécutif du processus électif a mis les partis devant leurs responsabilités dans la mobilisation de l'opinion nationale et la production d'un discours politique à même de rendre lisible une scène nationale, aujourd'hui, quasi vide de tout véritable débat politique digne de ce nom. Mais cet état de fait n'est pas un échec en soi, mais simplement une étape nécessaire dans l'édification d'une classe politique démocratique et responsable. Cela pour dire que la problématique n'est pas tant dans la bonne ou mauvaise santé politique, que dans la prise de conscience de l'urgence de construire une classe politique autonome et apte à conduire des gouvernements.
Dans ce contexte, le confortement d'un front interne existe déjà. Il s'est clairement exprimé lors du Hirak du 22 février 2019. Mais cela ne suffit pas, puisqu'il s'agit d'en faire un outil politique au service de la nation, dans lequel peuvent évoluer toutes les idéologies qui ne sortent pas des principes de la Déclaration de novembre 1954. Il faut se rappeler, pour s'en convaincre, la multitude de formations politiques, nées au lendemain des évènements d'octobre 1988. Ceux-là avaient, rappelons-le parasité le champ politique jusqu'à déboucher sur une situation de confusion telle que le citoyen s'étaient senti perdu avant d'exprimer un franc désintérêt à la chose politique. Ce qui manquait dans la première expérience de l'ouverture politique, c'est précisément l'absence d'un front interne. La nation a payé très cher ce déficit de cohésion nationale et en a tiré les conséquences lors du Mouvement populaire de 2019.