Le show des walis
Une bien fâcheuse méthode de gestion s‘est incrustée dans les traditions de la gouvernance locale à laquelle les walis s'adonnent à coeur joie. Ils invitent les médias devant lesquels il laissent exploser leurs coups de gueule comme s'il s'agissait de fulminer devant les caméras pour voir les problèmes réglés par l'alchimie de la colère. C'est par la grâce de cette technique du «show médiatique bien orchestré» que certains walis se sont vus promus au rang de ministres. Ne nécessitant aucun investissement intellectuel, peu coûteuse, la pratique court toujours et donne des ambitions. Mais cette méthode n'est en réalité qu'une relique datant de l'ancien régime. Elle est à dénoncer. Elle doit cesser! On comprend parfois la colère d'un wali bien intentionné, mis face à la gabegie locale. C'est un fait, c'est une réalité. Mais faut-il en rester aux coups de colère qui font le buzz sur les réseaux sociaux? Le problème appelle à un changement profond, à une réorganisation des collectivités locales à la base. En voilà un exemple pour être plus clair: si l'on veut réellement changer les choses, pourquoi la fonction publique locale n'aurait-elle pas une grille des salaires importante, très importante même, pour devenir attractive aux compétences nationales? Un brillant directeur financier au niveau de la commune impulsera une gestion financière locale très saine et éclairée. Un grand gestionnaire est capable de maîtriser la gouvernance locale. En remontant au niveau central, le wali aura moins de problèmes et il s'occupera de son propre travail, plutôt que de faire du mauvais cinéma. Il est vrai que le wali est tenu de suivre sur le terrain des projets en se souciant de leur mise en oeuvre dans les délais impartis et dans le cadre de la structure financière convenue, mais ce n'est qu'une infime partie de sa fonction. À l'ère de la numérisation, les collectivités locales ont besoin, et méritent d'être bien gouvernées par de véritables compétences dotées d'un palmarès intellectuel, professionnel.
Actuellement, le wali a une double casquette. Il est le représentant des ministères au niveau de sa circonscription et en même temps, il exécute le budget de la wilaya. Où est alors le rôle du président de l'APW? Étant élu par le peuple, c'est au P/APW qu'échoit le rôle du budget local. Quant au wali, il est l'ordonnateur des budgets sectoriels, il est le chef d'orchestre des ministères, garant de l'exécution des lois au niveau de sa wilaya.