Niger: la guerre n'est pas la solution
Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a lourdement insisté sur l'impératif d'empêcher toute militarisation généralisé de la crise nigérienne. Sa tournée dans trois capitales de la Cédéao, dont il a fait état, hier, dans sa conférence de presse, a abouti à une conviction profonde qu'une solution pacifique au conflit qui mine le Niger est très possible. Cela sans se départir d'une position clairement exprimée en faveur de la légalité constitutionnelle dans ce pays. Cela revient à affirmer clairement le caractère illégal du coup de force du 23 juillet dernier à Niamey. Cette posture que l'Algérie partage avec l'écrasante majorité des acteurs régionaux ne résout pas totalement le problème profond du Niger, qui se trouve être le plus pauvre pays de la planète. Ce constat justifie amplement la mise en garde algérienne à la communauté internationale contre toute intervention armée dans ce pays. C'est d'ailleurs le même propos qu'a tenu l'Algérie, plus d'une dizaine d'années auparavant, lorsqu'il avait été question d'user de la force armée pour déloger les terroristes du Mali. Un Mali à l'époque déjà fragilisé par l'invasion occidentale contre la Libye.
Ces faits de l'Histoire qui ont coûté la vie à des centaines de milliers de civils subsahariens est le principal argument de Ahmed Attaf. Et il a bien raison de rappeler toutes ces guerres stupides et inutiles qui ont déstabilisé toute la région du Sahel. Le credo de la diplomatie algérienne a toujours été de plaider en faveur d'une démarche prioritairement politique visant à réconcilier les Nigériens et avant-eux les Maliens. La preuve de la justesse de vue de l'Algérie est l'accord inter-Maliens d'Algérie, aujourd'hui encore, document de référence pour régler les contentieux dans ce pays.
L'approche algérienne a ceci d'important est qu'elle se soucie d'abord des intérêts des populations pour les mettre à l'abri d'une crise sanglante. Ensuite de sauvegarder, puis renforcer les institutions du pays et veiller à sa souveraineté territoriale, ce que contredit toute démarche belliqueuse. Et les évènements récents dans la région le démontrent, une intervention militaire lancée dans la précipitation et sans préalable politique ne peut mener qu'à une situation de grande confusion.
Ce scénario qui se profilait à l'horizon pour le Niger, n'est visiblement plus de mise, grâce à la forte argumentation de l'Algérie qui a tout mis en oeuvre, jusqu'à fermer son espace aérien, pour rendre impossible une solution militaire. Cela conforte le discours de la paix et confirme l'idée selon laquelle les Africains peuvent régler leurs problèmes entre eux.