Un tsunami africain
Effets logiques du désordre qui caractérise les relations internationales, les coups d'État se succèdent dans un continent africain largement éprouvé par la mécanique des changements anti- constitutionnels. Après le Mali, le Burkina Faso puis la Guinée, c'est au tour du Gabon de secouer le cocotier d'une «heureuse» dépendance financière, politique, économique et sécuritaire sous l'égide de la Cédéao. Il n'empêche, le continent reste confronté à de graves difficultés qui entravent son aspiration à un développement socio-économique réel. Les pays de la région sahélienne sont, eux, dépendants du carcan du franc CFA métamorphosé en Communauté financière africaine, sans trop de conséquences sur le dispositif originel. En moins de trois ans, il y a eu pas moins de huit coups d'État en Afrique occidentale et centrale. Devenu un exemple pour les peuples de la région sahélienne, le président de la transition au Burkina Faso, Ibrahim Traoré, incarne un nouveau Sankara face à une ancienne puissance coloniale hébétée qui semble en peine de compréhension des soubresauts préfigurant l'avènement d'un nouveau monde à l'échelle continentale. Tandis que les bruits de bottes se faisaient de plus en plus sourds au Niger, voilà que le Gabon connaît la dynamique du changement au lendemain d'une présidentielle plus que douteuse et dépourvue de crédibilité. Les institutions ayant été dissoutes, le nouveau président entame une transition de trois ans maximum malgré les sommations et les mises en garde de la Cedeao et de l'UA. Un scénario désormais bien rodé et dont les étapes remontent aux premiers coups d'État intervenus dans le continent, voici quelques décennies. Or, la vague est loin d'être tarie et les regards sont désormais tournés vers des pays où on retrouve sensiblement les mêmes paramètres et les mêmes ingrédients. Comme on dit souvent, les mêmes causes produisent les mêmes effets et il ne serait nullement surprenant dans les prochains mois, sinon les prochaines semaines d'observer un nouveau tsunami dans une région subsaharienne où les manoeuvres souterraines sont multiples et les appétits plus que féroces. Le ralliement spontané des populations dans les pays tels que le Mali, le Burkina, la Guinée et le Niger peut aisément s'expliquer par la prise de conscience d'une condition aussi injuste qu' indécente, au moment où le monde entier aspire haut et fort à des relations internationales plus équitables.