Une question de mentalité
La série noire continue, jour après jour, et le pire concerne sa banalisation. Ces dernières 48h, cinq personnes ont été tuées dans des accidents de la circulation un peu partout dans le pays, la nouvelle tendance étant que ce fléau n'épargne plus le grand Sud. Hier, la Sûreté nationale a publié un bilan faisant état de 6 personnes décédées dans 103 nouveaux drames de la route rien qu'au niveau des zones urbaines, auquel cas il faut ajouter le bilan que ne manquera pas de produire la Gendarmerie nationale. On répète inlassablement que la cause principale de ces accidents demeure le facteur humain et le discours ressasse le même accent pathétique qui invite à la prudence et au respect des règles édictées par le Code de la route dont il apparaît que bon nombre de conducteurs méconnaissent l'existence. Hier matin, signe de la gravité du problème que pose aujourd'hui la circulation routière, un carambolage a affecté 33 personnes blessées plus ou moins gravement, quatre d'entre elles étant dans un état critique, aux environs de Blida. Étaient en cause 12 véhicules légers, 7 camions et un autobus de transport de voyageurs qui se sont télescopés vers 4h30, sur l'autoroute Est-Ouest, à proximité de l'échangeur de Chiffa.
La recrudescence de ces drames inquiète à juste titre l'opinion nationale et, notamment, les structures en charge du suivi de ces accidents, devenus un véritable fléau. Mais la vraie question tient au fait que les initiatives se suivent et se ressemblent, qui consistent en des campagnes de sensibilisation dont on voit bien qu'elles n'ont en réalité aucun impact sur le comportement des usagers de la route, surtout les jeunes conducteurs grisés par la vitesse et le sentiment d'impunité. Combien d'entre eux ne s'amusent-ils pas - c'est du moins ce qu'ils croient, jusqu'au jour où la fatalité les frappe - à terroriser - il n'y a pas d'autre mot- des familles en slalomant à une vitesse folle, sur des kms et des kms, narguant tout le monde et défiant le bon sens. «La peur du gendarme» qui a fait longtemps école sur toutes les routes du monde et de notre pays ne fait plus recette et les mesures sans cesse plus drastiques ne paraissent pas davantage apporter une quelconque dissuasion. Alors, que faire? Le temps n'est-il pas venu de mobiliser toutes les facultés et expertises pour mieux cerner le phénomène et parvenir à l'identification d'une somme de réponses adéquates, prenant en compte non seulement les paramètres matériels et physiques du drame mais également psychologiques car la mentalité a beaucoup évolué au cours des deux dernières décennies.