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L’amour réprimé ou sans langue !

Dès que l'amour est chassé, l'hypocrisie règne dans la société. Chaque fois que l'amour est assiégé, la frustration déborde et le cours de la vie naturelle des personnes est secoué.
Parler d'amour dans la culture arabe et maghrébine, c'est comme parler de drogues dures. L'amour fait partie des interdits qui ne peuvent être pratiqués qu'en secret, dansl'ombre des ruelles suspectes.
Il y a une équation simplen, mais réaliste: moins il y a d'amour, plus le discours pseudo-religieux est abondant.
Dans l'imaginaire arabe et maghrébin, chez les élites comme dans la population, l'amour est toujours lié au sexe, et cela nous indique la place qu'occupe la culture de l'obsession et de la répression.
Nous vivons une situation psycho-culturelle paradoxale, d'un côté nous possédons un patrimoine artistique et littéraire riche, en arabe classique, en malhoune et en tamazight, sur l'amour vertueux et charnel, bien conservé et chanté,de l'autre évoquer l'amour équivaut à parler des mauvaises moeurs. Quiconque écrit, parle ou professe une relation amoureuse, que ce soit un homme ou une femme, est classé dans le groupe social maudit.La personne amoureuse vit comme un loup isolé, mise en quarantaine.
Aux yeux de la société arabe et nord-africaine, l'amoureux est quelqu'un qui manque de rejla virilité. L'hommevigoureux doit enterrer ses sentiments autrement il est classé dans la catégorie des faibles. Et dans cette même société toute femme amoureuse est vue comme une femme facile.
L'amoureux est une personne qui heurte la religion, comme si la religion était contraire aux sentiments humains et sincères, entre les hommes et les femmes.
Dans l'imaginaire collectif d'une même société obsédée et vicieuse, toute relation amoureuse entre un homme et une femme est nécessairement sexuelle et illégitime, et doit être bannie.
Avec cette répugnance généralisée, chaque fois que l'on demande à quelqu'un son opinion à propos de l'amour entre l'homme et la femme, la réponse vient d'une autre vallée, au lieu d'exprimer l'opinion sur la question posée, la personne,pour échapper à la question, évoque «l'amour de Dieu». Comme si l'amour humain contredisait l'amour de Dieu. Comme si l'amour de Dieu empêchait l'amour d'un homme pour une femme ou inversement. Cette conception des relations humaines, psychologiquement parlant, dégage l'état d'oppression et de refoulement vécu par l'individu arabe et nord-africain. L'amour de Dieu et l'amour entre les êtres humains ne sont pas opposés,bien au contraire les amoureux et les amoureuses possèdent la subtilité de la sensation qui leur permet d'aimer Dieu en toute piété et sincérité.
Cela est évident chez les poètes soufis, et Ibn Arabi, cheikh el Akbar, fut le modèle exemplaire, avec son expérience amoureuse fulgurante avec Nizhâm, jeune Iranienne qu'il avait rencontrée à La Mecque. Si cette belle jeune femme a hanté son esprit, elle n'a pas détourné sa foi ni son amour pour Dieu. Dans son recueil de poésie intitulé «Tourjoumane Al-Ashwaq» (l'interprète des désirs), dédié à sa belle aimée Nizhâm, nous découvrant l'interdépendance organique entre l'amour divin et l'amour de la femme.
Compte tenu du poids de l'idéologie qui a transformé l'homme arabe et nord-africain en un appareil rechargeable, comme une batterie, si vous demandez à quelqu'un, de parler de sa relation avec l'amour, et s'il en a l'expérience, il vous dira que le seul amour pour lui est «l'amour de la patrie»! Comme si la patrie n'était qu'une terre sèche, un lot de terrain sans âme et sans femme. Il n'y a pas de patrie sans les femmes et les hommes.
Certaines personnes peuvent même aller jusqu'à prétendre que «l'amour d'un homme pour une femme» ou d'une femme pour un homme» détourne l'amour de la patrie. L'Émir Abdelkader n'était-il pas le modèle national, amoureux de sa patrie, amoureux de Dieu sur le chemin de son maître Ibn Arabi, de sorte qu'il a demandé avant sa mort à être enterré à ses pieds, son souhait a été exaucé.
Afin d'échapper à la question de l'amour, l'Arabe et le Nord-Africain se focalisent sur amour de la mère. Comme si l'amour de la mère compensait l'amour de l'amante ou épouse. Dans la société moyen-orientale et nord-africaine, les élites,les romanciers et les poètes, avec leur amour maternel, paraissent tous être victimes du complexe d'OEdipe.
Nous sommes dans une société qui avance avec un voile de fer sur le coeur!
D'un point de vue sociologique, les sociétés dans lesquelles les relations sentimentales, entre les hommes et les femmes, sont réprimées, enregistrent un taux de divorce très élevé.
Ainsi, l'Arabe ou le Nord-Africain,dès qu'il s'installe en Occident, la première chose qui attire son attention c'est la présence de la femme dans l'espace public, la relation de l'homme avec la femme, le corps de la femme. Souvent on interprète cette présence féminine libre comme une décadence morale et religieuse.

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