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L’après-pétrole, l’Algérie s’y prépare

La fin du pétrole n'est pas pour demain, mais il faut s'y préparer dans une double perspective: d'une part, participer au combat climatique, d'autre part, s'affranchir peu à peu de la pression des énergies fossiles, même s'il reste des hydrocarbures pour vingt, trente ou quarante ans selon les pays. Pour les pays producteurs, la question de l'après-pétrole est double: elle implique une diversification économique qui suppose le développement de nouvelles sources de revenus hors de la rente tirée des hydrocarbures et une transition écologique ayant pour but l'accroissement de la part des énergies vertes dans le mix énergétique composé à ce jour de plus de 95% de combustibles fossiles. Force est de constater que la marche de ces pays vers la diversification économique est assurément plus avancé que celle menant à la transition énergétique.
Si l'on considère d'un côté, les pays du Golfe persique et de l'autre, le reste des pays producteurs, nous observons une grande disparité de situations. Dans le domaine de la diversification, les pays du Golfe ont enregistré des progrès significatifs avec un effort réel d'investissement, public et privé, national et étranger, dans les domaines du tourisme, de l'immobilier, de la finance ou encore des nouvelles technologies, leur budget ne dépendant plus que de 30% du pétrole et du gaz. L'évolution des autres pays est plus lente, même si la diversification est considérée comme stratégique par tous ces pays sans exception.
Sur la question des énergies propres, en revanche, on peut parler en général de stagnation dans ces pays. Certes, de nombreux projets fondés sur l'énergie solaire ont vu le jour, ainsi que la construction d'éco-cités, à zéro émission, considérée comme les vitrines nationales en matière d'énergies renouvelables et de transport propre. En vérité, à ce jour les progrès en matière d'énergies vertes dans ces pays restent proches de zéro. Selon les bilans énergétiques des pays du Golfe aucun n'atteint 1% du mix. La part oscille entre 0 et 0, 92% contre 6% à 13% pour les autres pays non pétroliers de la région. Ces pays sont conscients qu'à long terme, ils devront investir sur la transition énergétique, mais à court terme ils peinent à se défaire de leur addiction au pétrole consommé et exporté.
S'agissant de l'Algérie, la diversification de l'économie a toujours constitué une priorité, car la dépendance financière du seul secteur des hydrocarbures, qui façonne les performances de l'économie depuis l'indépendance, introduit un facteur de risque structurel lié à l'instabilité des prix fixés par le marché international.
L'Algérie a le potentiel de diversifier son économie, de réduire sa dépendance à l'égard des importations et d'augmenter ses exportations hors hydrocarbures, tout en créant des emplois durables dans le secteur privé, a déclaré le représentant résident de la Banque mondiale en Algérie.
C'est ainsi que dans le domaine des énergies renouvelables (EnR), l'Algérie compte se positionner comme un acteur majeur dans la production de l'électricité à partir des filières photovoltaïque et éolienne en intégrant la biomasse, la cogénération, la géothermie et au-delà de 2025, le solaire thermique. Ces filières énergétiques seront les moteurs d'un développement économique durable à même d'impulser un nouveau modèle de croissance économique.
Le potentiel national en énergies renouvelables étant fortement dominé par le solaire, l'Algérie considère cette énergie comme une opportunité et un levier de développement économique et social, notamment à travers l'implantation d'industries créatrices de richesse et d'emplois.
Le développement d'ici à 2030 de l'interconnexion électrique entre le Nord et le Sahara (Adrar), permettra l'installation de grandes centrales d'énergies renouvelables dans les régions d'In Salah, Adrar, Timimoun et Béchar et leur intégration dans le système énergétique national. À cette échéance, le solaire thermique pourrait être économiquement viable.
La stratégie de l'Algérie en la matière vise à développer une industrie des énergies renouvelables associée à un programme de formation et de capitalisation des connaissances, qui permettra à terme, d'employer le génie local algérien, notamment en matière d'engineering et de management de projets. Le programme EnR, pour les besoins d'électricité du marché national, permettra la création de plusieurs milliers d'emplois directs et indirects.
Par ailleurs, l'Algérie entend devenir un producteur important d'hydrogène vert et prévoit de couvrir par ses exportations 10% du besoin de l'UE d'ici 2040. Ce faisant, le pays pourra améliorer ses perspectives économiques, créer de nouveaux emplois et découpler progressivement son secteur de l'énergie du gaz. À cet effet, l'Algérie vient de conclure un accord avec l'Allemagne pour créer un groupe de travail commun sur l'hydrogène vert. L'objectif de ce partenariat consiste à mettre en place des conditions-cadres pour la production, le stockage et le transport d'un hydrogène propre et de ses dérivés. L'accord inclut la construction d'une usine pilote d'une capacité de 50 MW à Oran. Cette coopération renforcera la sécurité énergétique européenne, tout en contribuant à la concrétisation de l'Accord de Paris sur le climat. D'après les estimations allemandes, l'Algérie pourra fournir 10% de l'hydrogène dont a besoin l'UE d'ici à 2040. Les deux pays ont discuté également d'un projet visant à convertir et à élargir le corridor de gazoducs existant, l'objectif étant d'acheminer de l'hydrogène de l'Algérie vers l'Allemagne en passant par la Tunisie, l'Italie et l'Autriche..
Avec l'Italie, le groupe pétrolier ENI a signé un accord avec Sonatrach à Alger. Un deal conclu en présence de la Première ministre italienne, laquelle a déclaré que «l'Algérie peut devenir un leader aux niveaux africain et mondial, et l'Italie est la porte d'entrée pour la fourniture de cette énergie à l'Europe». L'accord prévoit la production et l'export vers l'Europe d'hydrogène, vert ou bleu. Un nouveau gazoduc va être aménagé entre les deux pays, avec une capacité de 8 à 10 milliards de m3/an pour acheminer du gaz, de l'ammoniac et de l'hydrogène.
Pour ce qui est de l'énergie nucléaire civile, l'Algérie projette de renforcer ses capacités actuelles qui comportent un réacteur nucléaire expérimental de 1 Mégawatt dans la région d'Alger, acheté à l'Argentine, et un autre de 15 Mégawatts, construit en coopération avec la Chine dans la région d'Aïn Ouessara, à 250 km au sud d'Alger. L'Algérie a soumis ces installations au contrôle de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) de Vienne, dont elle est membre du Conseil des gouverneurs.
Un mémorandum de partenariat a été paraphé avec l'entreprise publique russe spécialisée dans l'énergie nucléaire, Rosatom dans le domaine de l'usage pacifique de l'énergie nucléaire. À noter que cet accord de 2 ans (2024 et 2025) cible une série d'activités que l'Algérie lancera en étroite collaboration avec la Russie et qui prévoit l'exploitation du nucléaire civil dans les secteurs suivants: la santé et les produits pharmaceutiques nucléaires, le traitement par rayonnement, les réacteurs de recherche, la formation scientifique et technique et le développement de technologies nucléaires avec une finalité pacifique. Sachant que les énergies renouvelables nécessiteront du temps et des investissements pour se substituer significativement aux énergies fossiles, l'Algérie poursuit son programme d'exploration, de production et de valorisation du pétrole, du gaz naturel et du gaz de schiste, tout en se préparant à l'après-pétrole.

*Expert international

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