Hiding Saddam, le documentaire qui rend hommage au président irakien
Alors que l'Irak est en train de panser ses blessures, un documentaire sur Sadam Hussein a été diffusé, ces derniers mois, en salles de cinéma dans le monde. C'est un réalisateur kurde, naturalisé norvégien, Mustafa Halkawt, qui a réalisé ce film doc intitulé Hiding Saddam. Le film a été lancé sur les écrans le 16 juin. Il raconte l'histoire de l'homme qui a caché Saddam pendant des mois dans sa ferme. Son nom est Alaa Namiq. Cet homme a pris le risque de cacher un homme recherché par 150000 soldats américains. Ainsi, le récit du film est conduit par cet homme assis par terre sur un tapis. Le film est basé sur trois axes: le puissant récit d'un homme que personne au monde ne connaît, des archives montrant tout ce que les Américains ont fait en Irak pendant cette chasse à l'homme, et des scènes de reconstitution pour illustrer ce qu'il s'est passé entre Saddam Hussein et Alaa Namiq. Le réalisateur fait ressurgir aussi toute l'humanité d'un Saddam Hussein abandonné par les siens et qui se lie d'amitié avec ce paysan irakien. Un héros qui a subi des tortures par les Américains sans révéler l'emplacement de Saddam. Beaucoup de Kurdes ont reproché au réalisateur d'avoir fait ce film. Comment un Kurde, dont le peuple a été décimé par Saddam Hussein, peut-il faire un portrait aussi humain de l'ancien dirigeant fort de l'Irak? Dans ce film, Saddam est présenté comme un martyr de la cause arabe, refusant de céder son pays. Rare est ce point de vue dans les médias contrôlés et les festivals de complaisance. Dans une interview publiée dans la presse tunisienne le 11 juin 2024, Mustafa Halkawt a déclaré vouloir être honnête vis-à-vis de l'Histoire et dénoncer une guerre qui a décimé des milliers de personnes, alors qu'elle était basée sur un mensonge: l'accusation de cacher des armes de destruction massive. Un film objectif, un récit bien construit et un montage conduit d'une main de maître, car aucun plan (des trois axes précités) ne nous sort de ce récit et à aucun moment nous ne ressentons l'effet «déménagement» qui résulte du va-et-vient entre la reconstitution, les archives et le récit. On se souviendra longtemps de ce plan, qui nous a vraiment marqués, filmé avec un drone et montrant Alaa Namiq en train de creuser le fameux trou. À lui seul, le mouvement du drone est une mini-narration fabuleuse. Le film raconte l'histoire d'Alaa Namiq, qui a caché Saddam Hussein pendant 235 jours dans un village au sud de Tikrit pendant que des milliers de soldats américains le recherchaient après son renversement du pouvoir en 2003. Le réalisateur Mustafa Halkawt a déclaré que son objectif était d'explorer une autre facette de Saddam. «Nous avons vu Saddam à la télévision, nous avons vu Saddam en train de diriger un pays, mais pas un Saddam qui se cache seul, un Saddam qui ne pouvait pas consulter un médecin lorsque sa tension artérielle augmentait.» Il a déclaré que Namiq avait appris à mesurer la tension artérielle de Saddam Hussein et à lui donner les bons médicaments. Le documentaire a nécessité 12 ans de travail. «La première raison était que je voulais comprendre l'Histoire, car je ne connais pas l'arabe et l'endroit où je voulais tourner le film en 2014 était contrôlé par l'EI, alors j'ai attendu jusqu'en 2018», a déclaré Mustafa à Shaho Amin de Rudaw, ajoutant que certaines scènes ont été tournées à l'endroit exact où Hussein s'est caché. Les Irakiens sont intéressés par les détails de ces mois passés par Hussein dans la clandestinité.