«Ils ont insulté ma sœur»

Au tout début de l'audience, il y avait à peine quatre détenus sur le banc réservé aux inculpés, histoire de les avoir sous la main, lorsque le procès précédent était renvoyé pour des raisons objectives.
Le détenu pour rixe dans la rue, Issam F. 21 ans, chômeur de luxe, avait voulu rendre difficile, la journée du lundi, 3e Ramadhan 1446, au souple, mais inflexible président de la section pénale du tribunal d'Hussein Dey (cour d'Alger), mais en vain! Pimpant, comme jamais il ne l'avait été, Bilal Djadri, le jeune, et très beau blond juge du siège, appela les inculpés de rixe qui les avait opposés jeudi dernier, aux environs d'El Afia (Kouba-Alger).
Issam Wassim G. et Halim R. s'étaient pris, vers les dix heures, à la gorge, devant des gens indifférents, lassés d'assister fréquemment à de violentes rixes, qui se terminaient, dès l'arrivée de la voiture de police de la sûreté urbaine d'El Afia (les Anassers-Kouba-Alger).
«Ils encouraient une lourde peine, sur la base du redoutable article 264 du Code pénal, qui va être appliquée», dira plus tard, Hocine Taka, le procureur, qui se contentera de cette remarque. Bilal Djadri qui a sous les yeux un rôle pas possible essaye d'aller à un rythme bienveillant; c'est pourquoi il n'aime pas beaucoup perdre son temps dans les répétitions.
Me Med Djediat est un avocat qui a toujours été près de ses clients.
-Oui, Monsieur le président, Issam F. est en soi, un jeune soucieux de réussir dans ses études dans le centre de formation. Oui, son unique rêve, est de devenir un bon technicien. Ses deux adversaires sont venus le provoquer. Ils ont parlé, en termes pas gentils du tout, de sa soeur! Je vous laisse deviner la suite», avait-il martelé.
-Une 1re fois, il affirmait que ses compagnons d'infortune, l'avaient moche ment, provoqué, une autre fois il disait n'importe quoi! Il savait, et il ne savait plus!Alors, ils vous ont insulté ou non?
-Ce sont plutôt des insultes envers ma soeur! Moi, ils ne pouvaient pas m'insulter, car je suis plus «homme» qu'eux! Rétorqua-t-il en regardant son avocat debout.
-Oui, nous savons tous ici, dans cette salle, que vous êtes plutôt inculpé de coups et blessures volontaires et réciproques! Précisa le juge, qui avait déjà entendu les deux autres inculpés, qui ont été, eux, «hommes», se gardant de ne répondre qu'aux seules questions du président, qui acquiesça, puis revint vers l'instable
Issam. F. Hocine Taka, le rugueux parquetier, intervint pour remettre à sa place l'inculpé qui reçut une véritable «claque», histoire de lui rappeler que la justice a le bras long:
-Vous n'avez pas le choix; ou vous racontez ce qu'il s'est passé, ou nous nous contenterons des deux témoignages, qui n'ont pas été tendres, avec vous! Lança le massif procureur, qui venait ici, de donner un sérieux coup de main au procès qui finalement se déroula selon l'éthique.