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Infréquentable tribunal

Me Sofiane Djediat n'était pas si optimiste que le laissait prévoir sa future intervention devant l'impressionnante juge, Djamila Benkhettou.

À Chéraga, un tribunal réputé, comme une juridiction «infréquentable», il ne put éviter l'an ferme. Samir C. le client -prévenu de Me Djediat, l'avocat d'Alger-Centre risquait gros puisqu'avec, dans son escarcelle, la lourde peine d'un an d'emprisonnement ferme pour «outrage à l'encontre d'un employé», les chances étaient plutôt du côté du parquet. Le délit est un fait prévu et puni par l'article 144 du Code pénal. La sentence a été écopée au fantasque tribunal de Chéraga.
En arrivant, lundi dernier, à la cour deTipaza, Me Sofiane Djediat, le conseil du prévenu, semblait bon pour une journée fertile en bonnes nouvelles. À commencer par prendre connaissance de la valeur du trio de la chambre correctionnelle de Tipaza. Ensuite, le nombre appréciable de prévenus et de détenus de cette semaine, qui allège l'attente des avocats, franchement alourdis, dans leur boulot. Lorsque le détenu fut appelé à la barre, l'avocat avança de toute sa masse athlétique vers le trio de magistrats, mené par l'alerte et sympathique Djamila Benkhettou, une ardente présidente, qui ne laisse rien passer, sachant que si le législateur avait créé l'appel, c'était surtout pour revoir la sentence décidée par le juge unique du tribunal de Chéraga, ce tribunal à histoires, que l'on nommait, avant le jour béni, du 22 février 2019: «Tribunal de Chéraga, cour du «Club des pins», pour deux raisons: la proximité de la juridiction, et ensuite l'influence qu'avaient alors, sur les décisions de justice, certains pontes de l'époque»! Evidemment, les magistrats avaient les coudées franches pour tordre le cou, à tous ceux qui déplaisaient au régime! On assista même à de la surenchère entre les magistrats qui «marchaient» avec ces honteuses et dégradantes pratiques! Bien de l'eau a coulé sous les ponts de la région de Chéraga, et les jeunes magistrats font du bon boulot, désormais très loin du «Club des pins»!
Me Djediat s'avança du pupitre du trio de juges du siège et entama une plaidoirie qui laissera tout ce beau monde, franchement bouche-bée! «Qu'on en juge: Madame la présidente, je veux bien croire le tribunal qui a condamné ce monsieur à une peine infâmante d'un an d'emprisonnement ferme, L'inculpation est certes; dure à avaler! Nous connaissons tous ce dont est capable un Algérien qui croit dur comme fer en la justesse de son problème, en face d'un responsable donné d'un service! Et puis, nous savons tous très bien comment fonctionne quotidiennement l'administration.
Je passe donc sur tous les ingrédients qui font qu'un individu qui s'emporte devant une immense et humiliante frustration, est capable de tout! Alors, là, je vise les circonstances atténuantes que n'importe quel magistrat accorderait dans ces cas-là! Il rappellera les fâcheux termes de l'article 144 (loi n°01-09 du 26 juin 2001), qui évoque les outrages et violences contre les fonctionnaires et institutions de l'Etat! Cet article «est ici pour punir toute personne qui se rendrait coupable d'une intention de porter atteinte à l'honneur, à la délicatesse ou au respect dû à l'autorité de fonctionnaires ou de magistrats. L'outrage dans l'exercice de leurs fonctions, ou à l'occasion de cet exercice, à un simple fonctionnaire, un officier public, un commandant ou un agent de la force publique, soit par des paroles, gestes, menaces, envoi ou remise d'un objet quelconque, soit par écrit ou dessin non rendu public, peut valoir un emprisonnement ferme de 2 mois à 2 ans et d'une amende ferme de 1000 à 500000 DA ou, de l'une de ces peines seulement! Lorsque l'outrage envers un ou plusieurs magistrats ou assesseurs jurés est commis à l'audience d'une cour ou d'un tribunal, l'emprisonnement ferme passe alors et automatiquement, à un (1) an ou deux (2) ans. Ces termes ont été puisés dans la section 1: outrages et violences à fonctionnaires et institution de l'Etat, du chapitre V, allant aux «crimes et délits commis par des particuliers contre l'ordre public». C'est dire si le législateur n'y est pas allé avec le dos de la cuillère, concernant la protection de l'Etat, de ses institutions et de ses cadres! Samir, le détenu-client de Me Djediat, ne le savait pas avant de s'en prendre violemment, à un employé de l'Etat! Rien qu'à l'entendre répondre timidement aux questions précises de Benkhettou, qui a l'art de savoir s'y prendre avec les prévenus, et ce, depuis ses débuts à Blida, Boufarik, puis à Bir Mourad Raîs et Tipaza, on devinait le poids énorme du remords, qui a pris à la gorge,le malheureux prévenu, étranglé par le verdict de la première instance, qu'est le tribunal de Chéraga (cour de Tipaza)! MeDjediat le savait et très bien même, mais il fallait déployer d'immenses efforts en vue de persuader le trio de Tipaza, du bien - fondé et de la justesse de vue de son intervention, modeste, certes, mais percutante! Le dernier mois a vu Samir C. regretter encore une fois son fâcheux geste, et ses catastrophiques conséquences. «J'ai reçu une inoubliable leçon, que j'aurai toujours entre les yeux, chaque fois que je me rendrai dans une administration!», a dit, les yeux larmoyants, Samir C. qui a vu la punition s'arrêter à une peine d'emprisonnement d'un an, assortie du sursis.
Ce qui a fait un énorme plaisir au plaideur, à son valeureux papa, Me Med Djediat et à son frangin, Me Fayçal Djediat!

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