«tentés par satan»
Deux jeunes étudiants étourdis sont pris au cours d’une course- poursuite, après un vol à la tire aux dépens d’un homme, qui a vu son pendentif repris par des flics vigilants...
La minuscule salle d'audience du tribunal de Bir Mourad Raïs (cour d'Alger) n'a jamais été aussi... vaste que mercredi dernier. En effet, le manque de curieux, du fait de grosses chaleurs, en avance sur le climat local, a fait que les magistrats ont mené à bien leur boulot. Le ser-
vice d'ordre a pris les dispositions qu'il faut en vue de permettre aux magistrats et aux inculpés d'évoluer à l'aise. Pour ce faire, la première disposition que les flics ont prise très simplement, fut de ne laisser entrer que les proches parents des jeunes concernés par ce minidrame de la vie quotidienne. Il verra les policiers serrer de près les détenus qui ne semblaient pas abattus par la détention préventive.
Une incarcération survenue à la suite du vol d'un bijou commis à la tire, à l'encontre d'un homme résidant au populeux quartier huppé de Mohand Saïd Hamdine (Bir Mourad Raïs-Alger). Les présumés voleurs ont été pris en chasse aussitôt et immédiatement après, les premiers cris sont lâchés par la victime. Foudil S. est le 1er inculpé à être interrogé. Mûr, conscient des faits qui lui sont reprochés et «courageux», il crache le morceau devant le magistrat, vraiment emballé par tant de franchise, malgré l'enjeu! «Nous avons été tentés par Satan et...» Le juge l'interrompt 20 secondes pour demander au policier d'effectuer un tour à la cité Mohand Saïd Hamdine et ramener Satan, menottes aux poignets! Puis il demande au second inculpé, Baha- Eddine. Z, 18 ans, d'être aussi
bref et aussi crédible: Reconnaissez-vous les faits comme votre copain vient de le faire aussi clairement que rapidement, sans détours ni inutile résistance? «Que répondez-vous? Et que la réponse soit la plus brève et la plus significative possible!», tonne sans trop s'emballer, le président qui a tout de même gardé sa légendaire bonhommie. En effet, les réponses ont pratiquement été les mêmes que celles du premier détenu. Le magistrat posera encore la question qui semblait le tarabuster: «Comment vous est venue l'idée de vous attaquer à cet innocent, et comment avez-vous réussi?, annonça presque le magistrat qui était, ce jour-là, cool. Zahir.S, le plus âgé des deux détenus lève le bras droit pour répondre. Le juge veut d'abord écouter le plus jeune pour une raison que lui seul connaît! «Nous étions fauchés et voulions prendre quelque chose juste à côté, près de Sidi Yahia. Hocine B., la victime, faisant des yeux de merlan frit, voulait placer un mot, en vain, l'émotion ayant pris le dessus! Il se taira jusqu'au moment où le juge le priera d'effectuer la traditionnelle demande de dommages et intérêts. Il dira innocemment: «J'ai récupéré mon bien. Je ne veux rien d'autre.» Après avoir noté les trois ans d'emprisonnement ferme réclamés par le procureur, leur juge attendit que les détenus prononcent leur traditionnel dernier mot, pour annoncer la mise en examen du dossier pour la fin de l'audience, dans un silence de cathédrale. L'article 350 du Code pénal, qui dispose nettement que «quiconque soustrait frauduleusement une chose qui ne lui appartient pas est coupable de vol et puni d'un emprisonnement d'un an à cinq ans et d'une amende de 100000 DA à 500 000 DA...» 25 minutes plus tard, Mounir Ayed revint solennellement dans la salle d'audience pour procéder à la lecture de la sentence tant attendue par les parents qui attendaient dehors, inquiets au plus haut point par le devenir de leurs étourdis et inconscients étudiants. Il lut à voix basse le verdict qui a surpris les initiés: «Les inculpés de vol à la tire écopent d'une peine d'emprisonnement de dix huit mois dont trois fermes. De quoi calmer les ardeurs, car ces étudiants, qui auront des examens sous peu, risquaient de laisser des plumes, en détention...