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Un tibétain sahraoui au kosovo

Il ne se passe pas un seul jour où la question tibétaine ne fasse l´actualité, particulièrement, dans les médias européens et américains. La pression sur le pouvoir chinois va crescendo à mesure que l´on s´approche de l´ouverture des Jeux olympiques à Pékin en août prochain.
Les partis politiques au pouvoir ou dans l´opposition, les Parlements nationaux de l´Occident, les institutions internationales telles l´UE ou l´ONU débattent, dénoncent, «s´échinent» à trouver une issue politique qui ménagera le régime chinois et ne désolera pas la revendication tibétaine. Cela est le propre des Etats et de leur rôle régulateur des équilibres mondiaux par l´usage de leurs diplomaties respectives. Sauf que le soutien normal, logique et unanime des intellectuels et des journalistes occidentaux à la cause tibétaine contraste avec l´attitude de leurs confrères des pays maghrébins. Alors que le Parlement européen examinait, la semaine dernière, les événements violents qui frappaient Lhassa, la capitale du Tibet, un débat surréaliste s´engageait entre les journalistes arabes, maghrébins et occidentaux. Les uns voyaient la main américaine derrière toutes ces manifestations, les autres celles de grands lobbies anti-chinois etc. Mais le plus surprenant est le débat engagé entre les journalistes algériens eux-mêmes ainsi qu´avec quelques confrères arabes. Parce que la juste cause du peuple sahraoui sous domination marocaine ne trouve pas encore l´appui et l´unanimité réservés à celle du Tibet, nous en avons conclu, hâtivement, qu´il y a anguille sous roche. Que le dalaï-lama est un agent de la CIA et surtout, argument suprême, que la Chine maoïste en envahissant le Tibet en 1949-50 l´avait sorti d´une théocratie esclavagiste moyenâgeuse.
Nous qui ignorons l´histoire millénaire des empires chinois et surtout les nuances et subtilités religieuses et culturelles de la multitude de ses peuples, avons frôlé la négation de la cause tibétaine. Nous avons failli oublier qu´il s´agit simplement d´un peuple qui aspire à la liberté. Et la question de départ nous est revenue comme un boomerang: pourquoi la cause du peuple du Sahara occidental ne bénéficie-t-elle pas de la même intensité de soutien politique et médiatique? La réponse nous a «surpris» tout aussi rapidement: parce qu´elle dépend du degré d´engagement de ses amis et soutiens. A eux de mener des campagnes médiatiques permanentes à travers les grands médias de ce monde, de mobiliser le mouvement associatif civil, d´interpeller les sociétés civiles et politiques européennes, de faire de la diplomatie active et préventive, de reconnaître, même si ce terme nous est encore étranger, l´efficacité du lobbying...
Comparer l´aspiration à la liberté des Tibétains à celle des Sahraouis ou les mettre en concurrence est une absurdité à la fois philosophique et politique. Il n´y a pas de gradation ou de graduation dans le désir de liberté. La «Liberté» est une et indivisible. Les Tibétains autant que les Sahraouis ont le droit de revendiquer leur liberté et de décider de leur destin. Mais notre débat n´en resta pas là. Il remit à l´ordre du jour la proclamation unilatérale des Kosovars de leur indépendance le 17 février dernier. Encore une fois cela prouve, dans le cas du Kosovo, que sa volonté de faire sécession avec la Serbie a abouti malgré le non-respect des décisions et règles de droit international.
Ce n´est pas seulement la volonté de George Bush et de l´Otan qui ont fait aboutir le Kosovo à une indépendance «bancale», voire porteuse de conflits futurs. C´est aussi celle de la lutte armée des Kosovars et de l´appui de la puissante diaspora albanaise à travers les principales capitales du monde depuis le début des années quatre-vingt.
Tous les chercheurs en la matière reconnaissent depuis longtemps l´existence de deux seules diasporas dans le monde: celle des Juifs et celles des Albanais. A ce jour, moins d´une vingtaine de pays ont reconnu l´indépendance du Kosovo. La République arabe sahraouie démocratique (Rasd) bénéficie de la reconnaissance de plus de 60 pays. Cherchez l´erreur!
Ou alors il nous faut attendre que le Maroc organise des Jeux Olympiques, l´Exposition universelle ou la Coupe du monde de football pour porter la flamme d´Olympe et éclairer les consciences des démocrates. Leur rappeler qu´un Sahraoui a autant besoin de leur soutien qu´un Tibétain. Le Kosovar lui, sait sur qui compter.

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