Le pharmacien de mon village de Yacine Lahlou
Hommage un père révolutionnaire
Dans un livre de 300 pages, illustré d'images, l'auteur Yacine Lahlou, médecin de formation, raconte la vie et le parcours de son père durant la période coloniale.
Sous le titre Le pharmacien de mon village, l'écrivain a su faire ressortir le fond d'une vie marquée par les événements que son père, le seul pharmacien de la région à l'époque, a vécus. Le héros dans cette oeuvre s'avère être Abdelmadjid Lahlou, «l'un des premiers apothicaires algériens diplômé de la faculté de pharmacie d'Alger, installé à Sédrata». Né en 1918 et décédé en 1983, Abdelmadjid est décrit par son fils comme une icône car l'unique pharmacien est devenu «thérapeute, conseiller médical, avec parfois des orientations écrites vers des médecins spécialistes de la région». Il était même devenu une réserve de connaissance pour les étudiants de son patelin. Mais aussi une réserve pour les moudjahidine.
En effet, dans son livre, l'écrivain a consacré un important passage au rôle qu'a joué son père durant l'occupation coloniale car «tous les maquis des alentours étaient approvisionnés en médicaments et consommables par la pharmacie Lahlou». Ce qui a fait de ce local, une cible des soldats de l'armée coloniale, «faisant souvent l'objet de fouilles et de contrôles des registres à la recherche du moindre indice ou preuve pour inculper mon père et l'incarcérer».
Ces colons armés aidés par les harkis, raconte l'auteur, étaient même à l'origine d'actes de vandalisme: «la pharmacie fut cambriolée à plusieurs reprises la nuit avec des tentatives d'incendie criminel».
Le père de l'écrivain semble avoir vécu l'insoutenable durant la guerre de libération car «après chaque attentat au village, les militaires venaient perquisitionner et fouiller chez nous à la recherche d'armes».
Le pharmacien du village avait une autre mission: «mon père militait aussi avec des contributions financières assez conséquentes», d'où le témoignage du docteur Bada, alors directeur de la santé à Annaba dans les années post indépendance qui a surnommé le pharmacien du village «la pharmacie révolutionnaire».
Dans son écrit, l'auteur a même raconté l'histoire de son père avec le commandant Géraud, considéré comme
«redoutable et redouté». Il note «dans le village, deux personnes refusaient d'obtempérer a son diktat», dont le père de l'écrivain qui un jour, avait été abordé par ce commandant, lui demandant «les raisons pour lesquelles il ne le saluait pas militairement, mon père lui répondit en ces termes «je suis un civil, un universitaire, je n'ai pas de comptes à rendre à un militaire».
Dans son livre, l'écrivain évoque aussi les noms d'autres révolutionnaires qui se sont sacrifiés pour la liberté et l'indépendance et comment ont -ils servi la cause du pays sans réserve. Il parle avec beaucoup d'amour de sa région Sédrata, une zone de l'Algérie profonde située dans la wilaya de Souk Ahras. Usant d'un lexique très simple et d'un style narratif direct, l'auteur a su transmettre un message de reconnaissance pour son père, surtout en sa qualité d'homme révolutionnaire.
L'écrivain Yacine Lahlou est né le 5 septembre 1946 à Souk Ahras, médecin de la santé publique de 1978 à 1982. Il exerce depuis sa retraite tout en restant actif a M'Daourouech.