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Le square Port Saïd et la réalité de la dépréciation de la devise

Le marché parallèle étouffe le dinar

Le marché du square Port Saïd ne fonctionne pas à l’aveuglette, bien au contraire…

Le marché de change fait l'objet de «spéculation» par la majorité des Algériens qui sont partagés entre des explications tantôt rationnelles, tantôt fantasmagoriques. L'appréciation récente du dinar algérien face à l'euro et au dollar américain a suscité des lectures et des appréciations contradictoires. Cette donne a amené les individus intéressés à vérifier la véracité de cette appréciation du dinar face à d'autres devises.
Samedi 1er octobre 2022, un euro s'échangeait contre 135,88 dinars à l'achat et 135,96 dinars à la vente. Mais au marché parallèle des changes, il s'échangeait contre 209 dinars à l'achat et contre 211 dinars à la vente.

De la devise à satiété!
Le déplacement vers le lieu où la devise se vend et s'échange d'une manière quotidienne à savoir le square Port Said, l'appréciation dont tout le monde parle, n'existe pas. Bien au contraire, le dinar a connu une dépréciation manifeste. Comment expliquer alors l'appréciation officielle du dinar au niveau de la banque et sa dépréciation sur le marché parallèle?
La «doxa» n'est pas intéressée par ce qui se dit et se fait au niveau des banques publiques et les décisions politiques prises par les autorités publiques dans le but d'apprécier le dinar et le rendre convertible.
Le square Port Saïd est connu pour être un lieu du change parallèle de la devise. L'appréciation du dinar n'est pas citée au chapitre. Elle se substitue par une dépréciation qui s'exprime d'une manière manifeste et de facto, lors de l'opération de change qui se déroule d'une manière toute simple.
C'est le cas d'un «semsar» qui s'appelle Malik dont le «métier» de cambiste est devenu pour lui une sorte de «rituel». Dès 6h00 de matin, il se pointe à Tantonville pour commencer la première opération de change.
Malik souligne que «la grande somme est réglée de bon matin. C'est tranquille et il n'y a pas trop de monde». À la question relative à la dépréciation de la devise et la hausse de la valeur du dinar, Malik a répondu avec un petit sourire. «J'entends cette chanson de la hausse de la valeur du dinar face à l'euro et au dollar. La réalité du square Port Saïd dément complètement cette chanson que l'on entend à longueur de journée. Aujourd'hui, l'euro a connu une envolée par rapport aux jours précédents. J'ai vendu l'euro contre 209 dinars à l'achat et à 211 dinars à la vente. Cela montre que la valeur de l'euro est intacte sur notre marché», atteste-t-il. Le vocable de «marché» est utilisé le plus normalement du monde chez ces cambistes. Ils ne voient aucunement que cela relève d'une activité ou d'une opération illégale, qui doit être réprimandée par la loi.
Le «marché» de change du square Port Saïd est bien segmenté. Les cambistes sont dispatchés entre des endroits «stratégiques». Ils occupent les cafétérias et les allées menant à la rue Abane Ramdane et d'autres qui surplombent la rue donnant sur le TNA et la sortie qui même vers la rue Ahmed Bouzrina. Il s'agit d'une répartition minutieuse du travail, ce qui laisse entendre que le marché parallèle du square Port Saïd ne fonctionne pas à l'aveuglette, au contraire.
Malik a des camarades avec qui il travaille et coordonne l'opération de change, en cas de besoin d'une devise dont il ne dispose pas. Cet «esprit de corps» donne plus d'efficacité au «trabendo» dans le monde de la devise. Omar est un autre cambiste, pour ne pas dire «semsar». Il exhibe une liasse de dinars pour signifier aux clients potentiels qu'il est cambiste et disponible pour échanger de la devise, que ce soit en termes d'achat ou en termes de vente.
Omar est catégorique quant à la raison du maintien de la hausse de la valeur de l'euro et du dollar face au dinar. Il dit à ce propos: «C'est simple, au square Port Saïd, l'offre et la demande qui déterminent la valeur de la devise». Le déplacement effectué au square Port Saïd a permis de voir, de visu, la réalité du «marché» de la devise et les sommes conséquentes qui transitent par un circuit aux ramifications qui dépassent les frontières du pays.

Appréciation du dinar, dites-vous?
Le réseau parallèle est la matrice de la véritable dévaluation du dinar et de sa dégringolade. Le chiffre de 90 milliards de dollars qui circulent en dehors du circuit légal est un indicateur probant de dysfonctionnements qui frappent de plein fouet la politique monétaire nationale.
Le brouillamini qui impacte l'opinion publique à propos de l'appréciation du dinar algérien dans les banques publiques résulte de cette réalité sur le terrain en matière de change qui n'est pas en synergie avec les efforts que mène l'Etat dans l'objectif de réglementer cette activité afin d'absorber la masse monétaire en circulation en dehors du système financier du pays. Les économistes et les financiers traitent le sujet de l'appréciation du dinar algérien avec une approche quasiment fonctionnelle. À ce propos, le professeur en économie, Mohamed Hamidouche, explique que «l'appréciation du dinar algérien face à un panier de monnaies, notamment le dollar américain, se ressentira par une baisse relative des prix des matières importées. En plus d'améliorer le pouvoir d'achat des ménages, elle profitera aux opérateurs économiques versés dans l'importation des produits semi-finis et les équipements, ce qui fera croître sensiblement leurs chiffres d'affaires, avant la fin de l'année», a-t-il expliqué. Le marché parallèle de la devise n'est pas du tout concerné par cette appréciation étant donné que son fonctionnement est régi par des mécanismes sur lesquels la Banque centrale n'a aucun pouvoir.
Les experts économiques et financiers imputent cette appréciation du dinar à «la politique du commerce extérieur adoptée par le gouvernement, qui oeuvre au renforcement des exportations hors hydrocarbures et à encourager Sonatrach à réaliser de nouvelles explorations», explique-t-on.
Il est important d'ouvrir des espaces médiatiques réservés à l'évolution du monde financier et ses fluctuations afin de permettre aux citoyens lambda de comprendre les changements qui affectent le monde financier et les comportements à adopter pour avoir une visibilité concernant une bonne lecture en particulier et une compréhension des marchés financiers en général.
Entre cette explication scientifique et celle qui s'adonne à un exercice de foi, la situation financière est ballottée entre le défi de diminuer la menace inflationniste galopante et la lutte contre des pratiques illégales qui portent un sérieux coup à l'économie nationale. Le marché parallèle est l'un des éléments qui entravent le règlement de la crise monétaire... 

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