Au charbon !
Pas de phase d'observation ni de période d'adaptation. L'équipe gouvernementale issue du dernier remaniement est l'une des rares à ne pas bénéficier d'une période de grâce. Elle est née sur le gril. Les grands challenges économiques et politiques envisagés par le Président, et surtout les enjeux géostratégiques font que ce remaniement a ses propres caractéristiques et ses propres exigences. À la fois gestionnaire et homme politique, Tayeb Zitouni, nouveau ministre du Commerce, saisit bien les enjeux et la lourdeur de sa tâche. Toute l'Algérie sera branchée sur ce que sera le marché à l'occasion de ce mois de Ramadhan. Les citoyens se suffiront-ils de la rengaine à deux refrains, ressassée jusqu'à l'usure à chaque arrivée du mois sacré? Le premier refrain s'entonne à la veille du Ramadhan répétant à l'envi que «les produits alimentaires de large consommation sont disponibles en quantité ce qui permettra un approvisionnement confortable du marché». Le second intervient 24 heures après le début du Ramadhan pour rassurer un citoyen doublement assommé par le jeûne et par les coûts «les prix connaîtront une baisse dès la première semaine car cette situation est le résultat d'une surconsommation» comme si le marché algérien obéit «gentiment» à cette loi de l'offre et de la demande. Tayeb Zitouni est parfaitement conscient que son prédécesseur, Kamel Rezig, lui a légué une grenade dégoupillée. Si Rezig a échoué à stabiliser le marché, il a réussi en revanche, à désertifier son département où plusieurs cadres de valeur ont dû quitter le navire.
Au plan diplomatique, la tâche n'est pas de tout repos pour le revenant Ahmed Attaf qui doit compter sur son expérience. Il a eu à diriger le même département de 1996 à 1999, alors que le pays traversait une période sécuritaire et politique des plus difficiles de son histoire. Surnommé «l'homme au long cours diplomatique», Attaf, 69 ans, agira dans des conditions certes, différentes que celles du milieu des années 1990, mais avec des défis tout aussi importants. Le département des finances, qui retrouve à sa tête Laâziz Fayed, ancien directeur général du Budget, ne sera pas inquiété sur le plan des finances du pays puisque les voyants sont au vert selon le dernier rapport de la Banque d'Algérie. C'est le dossier de la numérisation qu'il doit booster puisque le ministère des Finances accuse un immense retard en la matière. S'exprimant sur les ondes de la Radio nationale chaîne 3, le 12 février dernier, Fayed a livré un scoop, passé inaperçu: il a annoncé l'entrée en vigueur, en avril prochain, du portail électronique des marchés publics. Une révolution dans l'amélioration de la qualité de la dépense publique.