La guerre des mémoires
L’extrême droite française, qui, sous couvert de lutte contre l’immigration clandestine, la promotion des droits de l’homme et autres prétextes ridicules, s’est engagée dans une nouvelle guerre mémorielle contre l’Algérie. Les Retailleau, Knafo, Zemmour et Le Pen se fichent du sort de leur «écrivain» préféré et encore moins de leurs compatriotes, prétendument en voie de «grand remplacement». Ils ne luttent pas pour la France d’aujourd’hui, mais pour celle d’avant : la France des conquêtes coloniales, des prédations de peuples entiers et du crimes contre l’humanité. Ils ne peuvent être si niais au point d’ignorer l’abondante littérature qui a documenté en long et en large l’horreur coloniale. Ils savent tous le lourd tribut payé par des millions d’hommes et de femmes pour s’en défaire. Ils savent tous cela, mais préfèrent brouiller l’image à leurs congénères et sortir les «cartes postales» d’une Algérie francisée un temps par le feu et le crime. Leur seul argument pour convaincre, ce sont ces «routes, hôpitaux et villes» que leurs ancêtres ont édifiés. Ce serait la preuve que la colonisation fut bénéfique.
Elle le fut certainement pour ceux qui fréquentaient ces centres de santé, habitaient ces villes et voyageaient sur ces routes. Les Algérien, eux, avaient droit aux enfumades, au napalm au nord et sur les Hauts Plateaux, aux mines antipersonnel aux frontières et aux radiations nucléaires dans le sud du pays. Les Retailleau et consorts n’ignorent pas cette vérité historique, mais s’acharnent à la démolir. Il est clair qu’ils n’y parviendront pas. Ils finiront par perdre cette guerre des mémoires après avoir perdu «leur Algérie». Héritiers d’une idéologie rétrograde et raciste, ces résidus d’une époque à jamais révolue en sont les derniers soubresauts. Face à ces soldats de la haine, la France d’aujourd’hui doit forcer la cadence pour en finir avec ce microbe social et politique qui la ronge de l’intérieur. Elle en a les moyens. De grands hommes et de grandes femmes ont pris la parole pour dire la vérité historique et appeler courageusement à un dialogue honnête sur le passé de cette nation, non pas pour s’autoflageller, mais pour construire une société plus juste et inclusive. La mémoire doit être un vecteur de paix et de compréhension, et non d’exclusion et de division. Cette France-là, résiste, se bat contre les démons qui veulent la plonger dans les abysses de l’ignorance, de la haine et de l’exclusion de l’Histoire.