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Les architectes du chaos

Depuis l'annonce du report de la présidentielle du 24 décembre à une date ultérieure, non encore arrêtée malgré deux sessions du Parlement, les Libyens ne cachent plus leur déception et, pour certains, leur colère. Faute d'accord sur certaines candidatures, il est à craindre que les efforts consentis pour sceller une réconciliation fragile ne se découvrent, une fois de plus, compromis, tant les divergences entre les deux principaux camps rivaux, demeurent pesantes. En l'absence d'un consensus pourtant agité à diverses reprises, le report du scrutin était inévitable. Encore a-t-il fallu que la commission parlementaire, chargée du suivi des élections, consente à endosser la responsabilité du constat d'échec, la Haute Commission Nationale Electorale considérant, à juste titre d'ailleurs, qu'il ne lui appartient pas d'assumer les conséquences d'un blocage qui lui échappe. Preuve de sa «bonne foi», elle a proposé de reporter le scrutin d'un mois mais le réalisme a prévalu, compte tenu de l'ampleur des désaccords entre la Tripolitaine, la Cyrénaïque et le surprenant Fezzan rangé aux côtés de Seif El Islam. Le premier constat, aussi amer soit-il, est que la Libye a, bel et bien, raté son premier retour aux urnes depuis 2014, censé la sortir d'une crise multidimensionnelle. Le second est qu'on est encore loin de l'émergence d'une nouvelle classe politique et d'une rupture avec les architectes du chaos de 2014. Isolés ou membres de clans, ils sont enkystés dans des bastions politiques, militaires et financiers, tributaires du pétrole et de divers trafics, et leur puissance influe sur le processus du dialogue que tente de mener à bien la médiation onusienne, malgré les aléas d'un contexte démuni de légitimité constitutionnelle et parlementaire. Car toutes les instances qui pèsent lourdement sur l'échiquier libyen s'autoreconduisent, depuis 2014, et naviguent au gré des ambitions des puissances étrangères qui les sponsorisent. D'où la fragilité de la manoeuvre et la vanité des certitudes quant au succès du processus, miné par avance et, au besoin, contaminé dans chacune de ses étapes. Le prétendu bras de fer entre la faction du Parlement basé à Tobrouk et celle du Haut Conseil d'Etat, sis à Tripoli, n'est que de la poudre aux yeux, puisque l'une comme l'autre sont d'accord sur une chose et une seule, celle de se maintenir, contre vents et marées. Pendant que des voix réclament une base juridique et une loi électorale préalables aux élections, des alliances se redessinent. L'ex-ministre de l'Intérieur, Fathi Bachagha, qui n'a pas pardonné au Premier ministre Dbeibah de lui avoir ravi sa position en achetant les voix du FDPL, vient de sceller un pacte imprévisible avec...Khalifa Haftar. Tous deux revendiquent un nouveau gouvernement qui mettrait fin aux appétits de Dbeibah, malgré les hostilités qui les ont opposés en 2014 et 2019. L'ennemi de mon ennemi est mon ami. Pour quelque temps, du moins, avant que les milices de Benghazi et de Misrata ne reviennent imposer leur partition dans la mêlée.

De Quoi j'me Mêle

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