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Il a trouvé refuge à Moscou

El Assad renversé

Les groupes rebelles, bien qu’unis dans cette offensive, pourraient rapidement diverger sur la gestion du pouvoir.

Dans un silence chargé d'émotion, la Syrie s'est réveillée hier matin dans une nouvelle ère. Après 53 ans de règne sans partage, la «dynastie» Al-Assad est tombée dans la nuit du 7 au 8 avril 2024. Une soirée qui restera marquée dans l'histoire du monde arabe, en général, et de la Syrie, en particulier.
Damas, capitale millénaire et coeur du panarabisme, a basculé aux mains des rebelles islamistes. Une offensive fulgurante a marqué la fin d'une époque, laissant place à une incertitude pesante sur l'avenir du pays. À l'aube, les Syriens ont découvert sur leur télévision nationale un message sans précédent. Les visages des nouveaux maîtres de Damas sont apparus à l'écran. «Le ‘‘tyran'' est tombé, Damas est libérée, il est temps pour les millions de Syriens réfugiés à l'étranger et jetés sur la route de l'exil de rentrer chez eux dans une ‘'Syrie libre''», lance-t-il sur la télé publique syrienne. Un message qui sonne comme l'«acte de décès» d'un Président qui a résisté depuis 13 ans au vent du printemps arabe. Les rebelles ont donc annoncé avoir pris la prison de Sednaya à Damas et libéré les détenus de cet établissement.
Le Hezbollah libanais, soutien-clé de Bachar al-Assad, a retiré parallèlement ses forces de la périphérie de Damas et de la région de Homs (ouest de la Syrie), selon l'OSDH. Le mouvement libanais «a demandé ces dernières heures à ses combattants de se retirer de la région de Homs, certains se dirigeant vers Lattaquié (côte ouest de la Syrie, ndlr) et d'autres vers la région du Hermel, au Liban», a indiqué l'ONG, précisant que «les combattants du Hezbollah avaient également quitté leurs positions autour de Damas».
Calme
et transition...
Depuis le 27 novembre, les rebelles regroupés sous la bannière de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) (ex-Al-Qaida), avaient amorcé de grandes offensives dans le nord-ouest de la Syrie. Ils ont avancé très rapidement en occupant plusieurs grandes villes-clés et avaient annoncé viser Damas, menaçant de faire chuter le président syrien. Hier, donc, les choses se sont accélérées avec la conquête de Damas. Ils ont mené une grosse offensive dans la capitale, qui a mené à la chute de Bachar al-Assad, au moment où l'on s'y attendait le moins.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), le président syrien a quitté le pays en fin de soirée de samedi dernier. «À bord d'un avion privé qui décollait de l'aéroport international de Damas, le chef de l'État syrien a quitté la capitale samedi à 22h00 (19h00 GMT)», selon la même source. «Il a quitté le pays pour éviter davantage de destructions», rapportent des sources proches des négociations internationales. Ce que confirme le Kremlin. Premier soutien international de l'ex-Président, il a affirmé qu'il a «démissionné de son poste» et quitté la Syrie, après l'offensive fulgurante de groupes rebelles menés par des islamistes radicaux qui a mis son armée en déroute. «Suite aux négociations entre Bachar al-Assad avec un certain nombre de participants au conflit armé sur le territoire de la Syrie, il a décidé de démissionner de son poste présidentiel et quitté le pays, en donnant l'instruction de procéder au transfert du pouvoir de manière pacifique», a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Le Premier ministre syrien, Mohamed al-Jalali, s'est dit prêt à coopérer avec tout nouveau «leadership» choisi par le peuple, précisant qu'il serait dimanche matin dans ses bureaux au siège du gouvernement pour toute procédure de «passation» de pouvoir. De son côté, le commandant de Hayat Tahrir al-Sham, HTS, qui dirige l'offensive des rebelles ayant pénétré dans la capitale syrienne, a appelé ses combattants à ne pas s'approcher des institutions publiques à Damas, qui restent sous contrôle de l'ex-Premier ministre jusqu'à une «passation officielle». Un moyen d'éviter que le «chaos» s'empare de ce pays déjà déchiré par la guerre qui a duré depuis presque 14 ans.
Pillages et violences
Néanmoins, des scènes de violences ont marqué cette journée. Des dizaines de Syriens sont entrés, hier, dans la résidence du président Bachar al-Assad, après qu'elle a été pillée, tandis que la salle de réception du palais présidentiel dans un autre quartier a été incendiée. «Hommes, femmes et enfants déambulaient dans les pièces et sur les escaliers de la résidence du Président», rapportent les médias. «Formée de trois immeubles de six étages chacune, elle a été pillée plus tôt, après la chute de Damas aux mains des rebelles», ajoutent les mêmes sources. Des documents étaient éparpillés sur les escaliers. Au Palais présidentiel, situé à 2 km plus loin, où le président Al-Assad recevait ses hôtes, une salle de réception a été entièrement incendiée. L'ambassade d'Iran en Syrie a aussi été saccagée. «Des inconnus ont attaqué l'ambassade iranienne, comme vous pouvez le voir sur ces images diffusées par diverses chaînes étrangères», a indiqué la télévision d'État iranienne. «Les diplomates iraniens avaient évacué les locaux avant l'assaut mené par des terroristes», a, pour sa part, écrit le quotidien anglophone Tehran Times, citant le porte-parole de la diplomatie iranienne Esmaïl Baghaï.
Un photographe de l'AFP sur place a observé «des bureaux dévastés, des débris de verre jonchant le sol et des meubles détruits dans le bâtiment diplomatique situé dans la banlieue huppée de Mazzeh, à l'ouest de Damas, où se trouvent d'autres représentations diplomatiques». À l'extérieur, «des pillards chargeaient des camions d'objets volés, tandis que dans l'ambassade vandalisée, tiroirs et classeurs étaient grands ouverts, des documents éparpillés, des drapeaux syriens et iraniens jonchaient le sol». À travers le pays, d'autres «manifestants ont déboulonné les statues d'Assad, père et fils, comme à Hama, dans le centre, à Alep, dans le nord, ou à Deraa, dans le sud», soulignent les médias internationaux.
Après avoir résisté depuis 2011, Bacher al-Assad tombe en onze jours. Cela au moment où l'on pensait qu'il avait repris du poil de la bête.
Onze jours fatals!
La coalition de groupes rebelles menée par HTS, un groupe issu de l'ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda, a effectué en une dizaine de jours une avancée particulièrement spectaculaire, capturant les grandes villes d'Alep et Hama avant d'annoncer dans la nuit de mardi à mercredi avoir pris le contrôle de Homs, troisième ville du pays, et être entré dans la capitale Damas. Elle a notamment profité du retrait de plusieurs régions des forces gouvernementales face à l'offensive qu'elle a lancée à la surprise générale le 27 novembre à partir de la province d'Idleb, son fief dans le Nord-Ouest syrien, malgré des raids aériens menés avec l'allié du régime, la Russie, et des opérations au sol contre les secteurs insurgés. Au sud de la capitale, près de la frontière jordanienne, les troupes gouvernementales ont également perdu le contrôle de la ville de Deraa, berceau du soulèvement de 2011, au profit de forces locales, selon l'OSDH.
Sur un autre front, dans la province de Deir Ezzor (est), les forces gouvernementales se sont retirées de territoires sous leur contrôle et les Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les Kurdes s'y sont déployées. Avec l'appui militaire de la Russie, de l'Iran et du Hezbollah, l'État dirigé par Assad avait repris en 2015 une grande partie du pays et en 2016 la totalité d'Alep, dont la partie est avait été prise en 2012 par les rebelles.
Un cessez-le-feu instauré en 2020, parrainé par Ankara et Moscou, avait ramené un calme précaire dans le nord-ouest.
L'effondrement du régime ouvre une ère d'incertitude en Syrie, morcelée par la guerre qui a fait près d'un demi-million de morts, 13 millions de déplacés depuis 2011 et livrée à des groupes soutenus par différentes puissances étrangères.
Les groupes rebelles, bien qu'unis dans cette offensive, pourraient rapidement diverger sur la gestion du pouvoir.

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