Soudan
La crise humanitaire est la pire jamais enregistrée
Le Soudan traverse la «pire crise humanitaire jamais enregistrée» qui résulte de 20 mois de conflit armé, a affirmé, mercredi, l’International Rescue Committee (IRC). «Bien qu’il n’abrite que 1% de la population mondiale, le pays compte 10% de toutes les personnes ayant besoin d’aide humanitaire» dans le monde, a souligné l’ONG basée à New York dans son rapport sur les situations d’urgence en 2023. Le rapport de l’IRC classe le Soudan en tête des 20 pays traversant une crise humanitaire pour la deuxième année consécutive. Un total de 30,4 millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire dans le pays, ce qui en fait le théâtre de «la pire crise humanitaire depuis que l’on tient des registres» sur les situations d’urgence, selon l’ONG. L’IRC a mis en garde contre un «effondrement (total des opérations d’assistance) humanitaire», la crise étant appelée à s’aggraver avec les deux parties en conflit continuant à «restreindre l’accès à l’aide humanitaire». Selon l’IRC, quelque 305 millions de personnes dans le monde ont besoin d’une aide humanitaire, dont 82% se trouvent dans des zones de conflit comme les territoires palestiniens occupés, le Myanmar, la Syrie, le Soudan du Sud et le Liban. Les Nations unies ont fait savoir récemment qu’à travers le Soudan, près de 26 millions de personnes, soit environ la moitié de la population, souffrent d’une faim aiguë. La famine a déjà été déclarée dans le camp de déplacés de Zamzam, au Darfour, dans l’ouest du pays, et les Nations unies ont déclaré que le Soudan vivait la pire crise humanitaire de mémoire récente. Dans un autre registre, le procès pour crimes de guerre d’un chef de milice soudanais, accusé de viols, meurtres et torture dans la région du Darfour lors de la guerre civile qui a ravagé le Soudan, entre cette semaine dans sa dernière ligne droite. La Cour pénale internationale (CPI), qui siège à La Haye, entendra les plaidoiries finales pendant trois jours, à partir de mercredi, dans l’affaire Ali Mohamed Ali Abd-Al-Rahman, connu sous le nom de guerre d’Ali Kosheib. Chef de la milice soudanaise Janjawid et allié du dirigeant déchu Omar el-Béchir, Ali Kosheib doit répondre de 31 chefs d’accusation pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Les procureurs l’ont accusé d’être un «auteur actif» de meurtres lors de la guerre du Darfour en 2003-2004. Décrit comme le «colonel des colonels», Ali Kosheib est soupçonné d’être responsable de violentes attaques contre des villages de la région de Wadi Salih au Darfour-Central en août 2003. «Des civils ont été attaqués, violés et assassinés, leurs maisons et leurs villages ont été détruits, des milliers de personnes ont été déplacées de force», avait déclaré Fatou Bensouda, ancienne procureure de la CPI, lors du procès. «Des hommes ont été embarqués dans des véhicules, emmenés non loin de là et exécutés de sang-froid. Ali Kosheib a assisté et participé directement à ces crimes odieux», avait-elle affirmé. L’actuel procureur général de la CPI, Karim Khan, a déclaré qu’Ali Kosheib et ses forces «se sont déchaînés dans différentes parties du Darfour».