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Exercices de simulation d’un séisme de magnitude 6,8

Au plus près de la réalité...

Ce branle-bas de combat auquel nous assistons a permis de mobiliser 4 000 hommes, la coordination est la règle cardinale.

Réveil ce matin au premier chant du coq. Cette heure exquise, où l’aube, à cheval entre la nuit et le jour, hésite encore à pencher d’un côté ou de l’autre. Moment aussi où le sommeil se fait le plus lourd. Nous nous arrachons, cependant à son étreinte. Non sans violence ni quelque regret. Une heure plus tard, au bord de la RN18 où un collègue aussi matinal que nous doit passer nous prendre, nous apprenons de celui-ci que la visite du ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Brahim Merad, a été décalée de deux heures et demie. Nous ne nous mettons en route vers Oued El Berdi, où se trouve la zone industrielle, premier point de ce programme de travail que vers 9h.
Dans l’ancien parc automobile de Sovac, une société concessionnaire qui vendait des véhicules, contrainte au dépôt de bilan, il y a une effervescence qui indique que l’évènement n’est pas que les exercices de simulation d’un séisme de magnitude dépassant les 6,8, mais celui, aussi, créé par la visite du ministre qui a tenu à assister à ces manœuvres. Il y a des civils, bien sûr, mais il y a surtout des pompiers en tenue bleu marine. La cour en est remplie, de sorte que l’on ne voit qu’eux. C’est normal. Pour réaliser avec succès cette gigantesque simulation, 40 wilayas participent avec « armes et bagages ». Ce sont 40 unités de la Protection civile, plus celle de Hamiz certifiée conforme aux normes qui définissent un corps d’élite. Alors qu’un peu plus tard nous prenons connaissance de ces exercices à travers un dossier de presse détaillé, voilà que l’air de cette journée printanière s’emplit soudain du bruit de puissants rotors. Un hélicoptère frappé aux couleurs de la Protection civile s’apprête à atterrir. Et alors, pendant les quelques secondes que l’aéronef a mis à se poser sur le sol, tous les yeux ne le quittent plus. Et la tempête qu’il provoque est si violente pour toutes les personnes qui ne sont pas habituées à ce phénomène qu’elles se mettent à courir pour chercher un abri de fortune. C’est le AW139. Il est censé transporter des troupes et sa vitesse est de 300 km/h. Quelques minutes plus tard, il prend la voie des airs, créant la même panique chez les personnes émotives. Par les hublots, des mains s’agitent en guise d’au-revoir. On ne va pas le revoir avant une heure ou deux. Et l’attraction qu’il a créée cessant, la cour a retrouvé son calme.
Nous en profitons pour bavarder un peu avec le capitaine Zohir Benamzal, chargé de communication. Pour lui, l’essentiel, dans la gestion de toute catastrophe, quelle qu’en soit l’origine, c’est la composante humaine. Celle-ci doit être préparée de longue date à ce genre d’évènement. L’objectif est de parvenir à la certification Inzar. Or, selon notre interlocuteur, seule, pour le moment, l’unité de Hamiz dispose d’un tel savoir-faire, c’est-à-dire d’une expérience internationale. Mais déjà deux autres unités aspirent légitimement à acquérir la qualité Inzar : les unités de Bouira et de Médéa. C’est cette qualité qui a prévalu afin qu’elles soient choisies pour être envoyées en Turquie et en Syrie, frappées simultanément par un puissant séisme en 2023. À la suite de quoi, l’Algérie a occupé la place numéro un dans le monde, se rappelle le capitaine Youcef qui a fait partie d’une des deux équipes, et qui, après leur retour en Algérie, avaient été reçues par le président Tebboune et honorées de sa main.
Une simulation
à grande échelle
Il est naturel que la coordination entre les troupes en mouvement, soit de rigueur. Or, ce 5 mai, le branle-bas de combat auquel nous assistons ce matin a permis de mobiliser 4 000 hommes, la coordination est la règle cardinale. Il y a ensuite les moyens. Leur montée en puissance, nous avertit le capitaine Benamzal est fonction « de l’ampleur de la catastrophe ». Ce matin, le séisme est supposé avoir une magnitude de 6,8. La circulation de l’information est tout aussi cruciale. Elle doit être rapide (arrivée « en temps réel » commente le chargé de la cellule), précise et crédible. Le but n’est pas seulement d’informer, mais de rassurer. Après une catastrophe, un climat de panique, de psychose a tendance à s’installer au sein de la population. Et ce climat de confusion, en s’ajoutant à la situation initiale, rend cette dernière ingérable. Tous les moyens de communication sont employés en l’occurrence : médias, journaux, plates- formes numériques etc. Et cette émission de l’information est continue et donne d’heure en heure un compte-rendu clair et précis de l’évolution de la situation, explique l’officier de la Protection civile qui nous montre, à titre d’exemple, un tableau d’affichage censé contenir toutes les données concernant la

Secousse imaginaire.
Nous quittons la cellule de communication envahie par des journalistes avides d’information et rejoignons la tente, située à l’autre bout de la cour. À ce niveau, la situation générée par une « forte secousse » est suivie, au moyen de prises de vues aériennes et les renseignements ainsi que les décisions qui en découlent forment un chassé-croisé continu. Deux cartes sont placardées sur le mur, l’une concernant «les différents sites » qui sont autant de zones à risques, et l’autre consacrée à l’installation des PC ou postes de commandement. Ici, on est au cœur de la bataille. Là, sous la tente sont recueillis et traités en temps réel tous les renseignements en provenance de la zone sinistrée. Plusieurs officiers suivent en silence ce qu’il s’y passe. Ce poste est dit poste de commandement central. C’est de sous cette grande tente que partiront les décisions qui détermineront l’issue du combat. Les renseignements recueillis et les décisions prises sont ensuite transmis au poste de commandement national, à titre d’information.
Sous cette grande tente, on ne parle pas. On examine la situation à travers les données fournies à son sujet et on prend les décisions qui s’imposent, celles permettant de la maîtriser. Il y a autant de services sous cette tente qu’il y a d’officiers pour les exécuter. Par exemple, nous explique l’un d’eux, il y a l’officier chargé de la collecte et du traitement des renseignements, celui des moyens et de leur déploiement sur le terrain, celui chargé de la coordination des troupes engagées sur le terrain. Enfin, il y a l’officier ou les officiers d’anticipation, dont le rôle consiste à analyser la façon dont la catastrophe évolue sur le terrain et à mobiliser en conséquence les moyens adéquats pour y faire face. À ce stade, fait remarquer l’officier qui a requis l’anonymat, on distingue le poste de commandement opérationnel et le poste de commandement fixe.
Devant la tente du PC central ou PCO, un véhicule de la police est arrêté. Deux policiers manipulent un matériel de haute technologie. C’est la station de transmission et de réception par satellite reliée à Alcom Sat1, présente un des deux opérateurs. Ce n’est qu’à ce moment que nous nous souvenons soudain de cet hélico qui vole très haut au-dessus de nos têtes, dans le ciel d’un bleu maculé d’une traînée blanche, si haut que le bruit de ses rotors nous parvient à peine. La sécurité des lieux importe tout autant à la police. La présence en ces lieux de la capitaine Mme Ghania en est la preuve.

Échanges avec les pilotes
C’est quand nous laissons la station de police que le même hélico qui s’est posé ce matin revient se poser de nouveau au milieu de la cour, suscitant une nouvelle fois la curiosité générale. Il doit être 13 heures. Le moteur ayant cessé de tourner et les puissantes palettes aussi, nous nous approchons du jeune pilote pour un bref entretien. Dans sa tenue orange aux couleurs de son coucou, le pilote Amine Ouatizerga a fière allure. Il fait partie du groupement aérien de la Protection civile depuis 2013 basé à Alger. Sans compter les trois années de formation par lesquelles il est passé. Ils sont 20 pilotes dont deux filles pour six hélicoptères. Aujourd’hui, seuls deux sont présents dans notre ciel et cela crée un tel boucan là-haut, qu’ils doivent avoir reçu l’ordre de se tenir assez loin pour ne pas déranger la visite du ministre et d’autres autorités qui l’accompagnent. Sa première intervention? En 2017, à Chlef, lors d’un grand incendie. Depuis, les catastrophes s’enchaînant, il n’a cessé de voler au secours d’une wilaya à l’autre. À part Oran et Mostaganem, il les a toutes faites. Bien qu’il soit venu à Bouira. Il y a eu les incendies de Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira. C’est dire s’il garde de toutes ses interventions un souvenir marquant. Il cite pêle-mêle, les cas de ce pêcheur disparu en mer, de l’explosion d’une bouteille de gaz à Douéra et de l’évacuation d’urgence du mari et de sa femme vers l’hôpital de Tipaza. Il y a eu encore l’explosion de ce camion-citerne transportant du carburant à Sétif, le mois de Ramadhan dernier où les blessés ont été transportés vers Zéralda. Et puis d’autres, pour ne citer que ceux-là. Amine distingue trois types de services héliportés. Le EVA-SAN, qu’il appelle évacuation programmée, en collaboration avec le ministère de la Santé, le Hams, évacuation d’urgence et le Hems, évacuation liée à quelque catastrophe. Qualifiant son hélico de « bijou », dont il semble amoureux au point de ne pas laisser les curieux trop s’en approcher, il assure qu’il est « multi-configuration », c’est-à-dire pouvant transformer ses sièges au nombre de 12 en brancards à l’exception de trois d’entre eux, dont celui du pilote et du copilote. Selon notre jeune pilote, un hélico ne peut voler qu’à la condition qu’à son bord se trouvent le commandant de bord et le pilote. Autant notre entretien avec Amine est haché, interrompu par l’arrivée du second hélicoptère qui soulève un nuage épais de poussière derrière le mur ouest, autant celui de Mohamed Zaamoum est d’une seule pièce. Naturellement, il a connu des catastrophes. Et ses services de pilotes ont été sollicités tant de fois. Bouira, entre autres qu’il dit bien connaître, à cause des feux de forêt qu’il y a eu. Mais il y a eu d’autres malheurs dans le pays, notamment les inondations de Ghardaïa, de Chlef, où il y a eu tant de morts et de blessés, les incendies en Kabylie. Comme Amine, il est intervenu à peu près dans les mêmes zones sinistrées. Alors, évacuations médicales, sauvetage, hélitreuillage, transport de troupes font partie de ses missions. À côté de cela, la chance de pouvoir voler qui est « le rêve de tous ».
Derrière les murs des tentes couleur beige à l’infini. Celles-là abritent les éléments de la Protection civile mobilisés pour cet évènement. Elles forment de petits camps avec toutes les commodités sanitaires. Le camp que nous visitons se compose de 17 tentes et tous les éléments viennent de Guelma. Côté sud, c’est-à-dire à l’opposé, des tentes aussi, mais, celles-là c’est pour le matériel d’intervention et celles qui sont vides pour accueillir les intervenants qui reviennent, leurs tâches finies. À Sour El Gholane et à El Esnam, le même scénario se répète.

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