Viande rouge: production, importation et spéculation
L'État «tranche dans le vif»
Il y a quelques semaines, le président Tebboune avait fait un constat d'échec. Aujourd'hui, une commission pour le renforcement de la production nationale a été installée.
Tebboune «abat» les spéculateurs! Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a ordonné au gouvernement de trouver des solutions «durables et concrètes» pour résoudre la problématique de la viande rouge. C'est dans ce cadre qu'une Commission nationale pour le renforcement de la production nationale de viandes rouges a été créée.
«L'installation de cette commission a été présidée par le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Youcef Cherfa, dans le cadre de la mise en oeuvre des décisions du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, relatives au développement de la filière des viandes rouges et à la stabilisation du marché du bétail», indique un communiqué du ministère de l'Agriculture. La mission principale de cette commission sera d'«examiner les propositions et de définir les mesures nécessaires pour revitaliser le secteur de l'élevage», notamment en développant les cheptels ovins et bovins. L'objectif est clair: «Augmenter la production nationale et réduire la dépendance aux importations.» Conscient des échecs des initiatives passées, le chef de l'État exige des résultats concrets et rapides. Il faut de vraies solutions, et vite! La commission a ainsi deux semaines pour proposer une feuille de route claire et immédiatement applicable sur le terrain. Celle-ci sera soumise à la discussion avant sa présentation au gouvernement pour approbation. Le ministère de l'Agriculture précise: «Les membres de la commission s'attèleront pendant deux semaines à l'élaboration d'une feuille de route pratique.»
Deux semaines pour proposer des solutions
Pour mener à bien cette mission, les principaux acteurs du secteur ont été mobilisés, notamment l'Union nationale des agriculteurs algériens, la Chambre nationale d'agriculture, la Fédération nationale des éleveurs, ainsi que des organismes stratégiques comme le Centre national d'insémination artificielle, l'Institut national de médecine vétérinaire, et la Société algérienne des viandes rouges. Cette commission aura la lourde tache de refaire «vivre» le cheptel national pour rendre la viande accessible à tous. Il y a urgence en la demeure. Lors de son intervention au 50e anniversaire de l'UNPA, Tebboune n'a pas mâché ses mots. «Soyons honnêtes entre nous (...) Personnellement, je sens un échec dans la production de viandes», a-t-il affirmé. «Nous importons l'aliment de bétail et les viandes en même temps. C'est inconcevable. Il faut choisir. Soit on importe les viandes, soit l'aliment de bétail», a-t-il pesté. «Il y a des pays qui ont moins de moyens et de moindre surface que nous, ils exportent les viandes. Il y a une faille et nous devons trouver où est le problème», a-t-il ajouté mettant en avant que même avec les importations, les prix des viandes ont augmenté. Chose qui est intolérable pour le président de la République. Lui qui a fait du pouvoir d'achat des citoyens une ligne rouge à ne pas franchir. C'est dans ce sens qu'il a pressé le gouvernement à trouver des solutions très rapidement. Cette commission en fait partie. Elle a eu «carte blanche» pour casser les monopoles et «égorger» la spéculation. Car, il faut le dire, il y a une «mafia» qui empêche de voir la production nationale de viande décoller.
Le «couperet est tombé» sur les spéculateurs
Comme elle l'a déjà fait avec d'autres produits alimentaires. D'ailleurs, la viande importée depuis le mois de Ramadhan dernier, avec pourtant des prix fixés par l'État, connaît des fluctuations. Cette même «mafia» trouve le moyen de «saigner» les Algériens. C'est dans ce sens que le ministère du Commerce a instruit les directions régionales du commerce de prendre toutes les mesures nécessaires afin de garantir que les prix pratiqués sur le marché restent dans les limites fixées. «Dans le cadre du suivi des prix de la viande rouge importée, et suite à l'exploitation des informations disponibles sur le marché, il a été constaté que certaines catégories de viande dépassent les limites autorisées. Viande congelée: 1 200 DA/kg. Viande fraîche sans os: 1 350 DA/kg. Viande fraîche avec os: 1 900 DA/kg», écrit le ministère dans une note dont nous détenons une copie. Ladite note précise: «En cas de dépassement des prix mentionnés, veuillez ouvrir immédiatement des enquêtes approfondies. En cas de fraude, suspendre les autorisations des importateurs concernés et appliquer les sanctions prévues, y compris le blocage administratif.» Cette instruction vise à contrer les spéculateurs qui continuent de «jouer avec le pain des Algériens». Bien que l'importation de viandes d'Espagne et du Brésil ait permis, depuis le Ramadhan dernier, de stabiliser les prix, une partie des acteurs du marché continue d'agir en coulisses pour saboter ces efforts. Les viandes importées, considérées comme une solution transitoire, ont permis de rendre la viande accessible à de nombreux foyers algériens. Or, ceux dont les intérêts ont été menacés essayent de «saborder» les efforts de l'État. Il sont repris le chemin de la spéculation. Cette commission devrait donc faire tomber les masques. Le message est clair: le «couperet est tombé» sur les spéculateurs.