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Benjamin Stora à propos des massacres du 8 mai 1945

«La France officielle a trop tardé...»

Il affirme que « le processus mémoriel de reconnaissances va se poursuivre », d’autant plus que dans son rapport, il y a un certain nombre de recommandations qui n’ont pas été prises en considération.

Intervenant sur la chaîne de télévision France24, l'historien français Benjamin Stora s'est largement étalé sur cette page sombre de l'histoire coloniale et ses conséquences sur la radicalisation du mouvement national. «Les massacres de mai 45 ont été un tournant et un marqueur idéologique très important dans leur engagement dans le nationalisme et notaient le passage à la lutte armée», a estimé le spécialiste du mouvement national et auteur d'un rapport commandé par le président Emmanuel Macron sur les questions mémorielles. Si du côté algérien les témoignages sur ces massacres ont été nombreux, du côté français en revanche, ils ont été passés sous silence. « Le général de Gaulle n'a consacré à ces massacres que deux lignes dans ses mémoires alors qu'il était aux affaires», regrette Stora si bien que les voix françaises qui se sont élevées étaient presque inaudibles. Benjamin Stora en cite deux: Henri Aboulker, médecin juif et résistant qui avait dénoncé «sans réserve les massacres massifs et aveugles de milliers d'Algériens innocents». Et Albert Camus qui a été un des rares, peut- être le seul à voir l'importance de cet événement tragique. Dans le journal Combat des 13 au 23 mai 1947, il demande qu'on applique aux Algériens (il écrit: «Le peuple arabe») les «principes démocratiques que nous réclamons pour nous-mêmes.». Il affirme qu'il y a crise - et non de simples incidents - que «le peuple arabe existe» et qu'il «n'est pas inférieur sinon par les conditions où il se trouve». Si le 8 mai 1945 marque la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, cette date porte une toute autre signification en Algérie, notamment dans les villes de Sétif, Guelma et Kherrata où plusieurs milliers d'Algériens ont perdu la vie, victimes de la féroce répression de l'armée coloniale. Un épisode sombre gravé dans la mémoire des Algériens et qui a amorcé les prémices de la guerre d'indépendance. Insistant sur cette question de la mémoire, Benjamin Stora a relevé un élément essentiel dans la construction de l'imaginaire mémoriel: le fossé mémoriel s'est creusé parce que la France officielle a trop tardé. Elle a trop tardé à reconnaître un certain nombre de faits. «Il en est résulté des oppositions mémorielles, une différenciation des imaginaires qu'il va falloir maintenant combler par un certain nombre de gestes pour que cette mémoire ne soit pas un obstacle à la fabrication d'un rapport franco-algérien». Le travail se fait à présent avec le président Macron et Stora reconnaît que ce qui a été accompli sous «la présidence d'Emmanuel Macron dans le dossier mémoriel est énorme». Optimiste, il affirme avec détermination qu'il n'est plus possible d'interrompre ce processus qui a démarré en France. «Le processus mémoriel de reconnaissances va se poursuivre», assure-t-il d'autant plus que dans son rapport, il y a un certain nombre de recommandations qui n'ont pas été prises en considération. Il cite: « L'entrée de Giselle Halimi au Panthéon», «la constitution d'un Musée d'Histoire de la France et de l'Algérie française à Montpellier», «la question des essais nucléaires». Pour Stora, il faut impérativement transcender cette question mémorielle, car il y a énormément de défis et d'enjeux sur le plan international qui font que la coopération entre Paris et Alger va se poursuivre sur le plan du pétrole, du gaz, des questions de migration et de sécurité, notamment en Afrique.

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