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8 mai 1945 - 8 mai 2022 : De Gaulle et ses promesses de liberté aux colonies africaines

Le général dans son propre piège

Le général avait demandé aux «indigènes» de s’engager nombreux pour libérer « la mère patrie » des griffes du nazisme en contrepartie d’ une liberté.

Il a fallu un long processus de maturation pour aboutir aux tragiques évasements du 8 mai 1945. Ces massacres, par ailleurs toujours impunis, sont le résultat des privations, des frustrations, des déceptions. Ce sont surtout des promesses non tenues après la fin de la Seconde Guerre mondiale qui ont conduit le peuple algérien à braver mains nues l'armée coloniale. Pour situer le contexte de cette époque, on a reproduit quelques déclarations d'hommes politiques et de militaires français, ayant conduit aux évènements du 8 mai 1945 qui se sont terminés par une répression féroce de l'armée coloniale. Ces déclarations sont contenues dans le livre de Mohammed Ghafir dit Moh Clichy Droit d'évocation et de souvenances sur le 17 octobre 1961 à Paris, préfacé par Jean-Luc Einaudi et B.Aïdoun. Pour de nombreux historiens, c'est le général de Gaulle qui, malgré lui, a allumé la mèche de ces événements. De Gaulle était loin de se douter de la réaction du peuple algérien brimé et réduit à l'esclavage quand il a promis monts et merveilles dans son discours de Brazzaville en 1944. Communicateur hors du commun, De Gaulle fascine par ses discours en usant de mots très forts. Il avait la capacité exceptionnelle à être beaucoup plus persuasif que les autres politiciens nonobstant les déboires qu'il a eus à un moment donné de sa vie politique. Les propos qu'il tenait dans des situations particulières, avaient toujours un réel impact sur la suite des événements. Du 30 janvier au 8 février 1944 s'était tenue la «Conférence africaine française» à Brazzaville, alors capitale de l'Afrique équatoriale française. Cette conférence,qui s'était déroulée devant les hauts fonctionnaires coloniaux d'Afrique noire et de Madagascar, visait, notamment à clarifier la position de la France quant à l'avenir de ses colonies africaines. Le général de Gaulle avait demandé aux «indigènes» de s'engager nombreux pour libérer «la mère patrie». Son appel s'adressait à toute «l'Afrique française» comme dans tous les autres territoires où des hommes vivaient sous le drapeau français. Pour le général, il était inconcevable qu'il n'y aurait progrès qui soit un progrès si les hommes sur leur terre natale n'en profitent pas moralement et matériellement. En d'autres termes, si ces hommes ne prenaient pas leur destin en main et donc la gestion de leurs propres affaires en toute liberté. «C'est le devoir de la France de faire en sorte qu'il soit ainsi», lance De Gaulle d'un ton solennel et les Algériens y ont fortement cru. Mais les promesses n'engagent que ceux qui les croient. Près de 16 mois après cette déclaration, 45 000 «indigènes» ont été massacrés par l'armée coloniale un certain mardi 8 mai 1945 et les mois de juin et juillet à Sétif, Kherrata, Guelma et d'autres villes d'Algérie, sous le règne du général de Gaulle. Les Algériens ont manifesté pacifiquement ce jour de l'armistice demandant l'application du Pacte atlantique des alliés signé le 14 août 1941 et juillet 1942: «Le droit des peuples à la liberté sans distinction de race, de couleur et de religion. Notre victoire doit conduire à la libération de tous les peuples.». Or, l'espoir de mettre à profit la conjoncture internationale pour se débarrasser du système colonial s'est transformé en cauchemar pour les Algériens. Les Européens festoyaient pour la fin du nazisme et les Algériens tombaient sous les balles de l'armée française. Il n'est pas faux d'avancer le fait que la guerre d'Algérie a commencé lors de ces massacres du 8 mai 1945. C'était la rupture définitive avec l'ordre colonial et la chimère d'une Algérie sous la bannière française. Après cette sanglante répression, le général Duval, chargé de la sécurité en Algérie déclare dans un rapport adressé au gouvernement sous les ordres du général de Gaulle. «J'ai réussi à mettre fin à l'insurrection des indigènes durant les mois de Mai -Juin et Juillet», il ajoute avec prémonition que «si la France ne fait rien avant 10 ans, tout recommencera en pire et probablement de façon irrémédiable». Il s'est trompé de peu. Neuf ans après, le 1er novembre 1954 survenait le soulèvement populaire, la lutte de Libération nationale est engagée sous le sigle du FLN. 

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