14 juillet 1958
Le jour où la France et Papon furent ridiculisés
300 scouts de Constantine ont défilé sur les Champs-Élysées avec des drapeaux algériens !

Il y a tout juste 68 ans, le jour de la fête nationale française, la Fédération de France du FLN s'est distinguée par une belle opération politique qui, en plus d'avoir fait connaître la cause de l'indépendance au monde entier, a damné le pion à l'administration coloniale. Celle-ci pensait réaliser un bon coup de com' en associant 300 jeunes scouts ramenés de Constantine pour défiler sur les Champs-Élysées, drapeau français en main. L'objectif de la SAS (section administrative spécialisée) de Constantine, était de démontrer au regard du monde «l'attachement de la jeunesse algérienne à l'Algérie française». Le préfet Papon, de triste mémoire, en poste à Constantine jusqu'en mars 1958, avant de rejoindre Paris, était derrière cette opération de propagande colonialiste. Les autorités françaises avaient applaudi l'idée et semblaient particulièrement intéressées par l'initiative, dont le but était de ridiculiser la résistance en Algérie. Mais c'était compter sans la réactivité des militants de la Fédération de France du FLN et leur perspicacité dans la conduite d'opération politique avec une rare efficacité. Mohamed Ghafir, dit Moh Clichy, relate cet évènement dans son livre Droit d'évocation et de souvenances. En effet, on apprend que les cadres de la Fédération de France du FLN «ont pris contact avec les responsables du groupe de ces jeunes Constantinois pour qu'ils brandissent le drapeau algérien au lieu du drapeau français», souligne le Moudjahid. Il convient de préciser que les jeunes scouts s'étaient vus remettre des drapeaux de l'Algérie. Une opération d'une rare efficacité médiatique à l'époque, puisque les invités de la France coloniale ont vu «les drapeaux de l'Algérie combattante brandis devant la tribune officielle, aux cris de l'Algérie algérienne, furent un vrai coup de tonnerre devant l'Arc de triomphe-Champs Élysées», écrit Mohamed Ghafir dans son livre. Maurice Papon et les autorités de la France ont ainsi subi un camouflet, resté imprimé dans la mémoire politique de ce pays. Et cette leçon de renseignement a poussé le même sinistre préfet à renforcer ses services par un apport de «500 harkis transférés d'Algérie vers la France conduits par le capitaine Montaner, reponsable de la SAS du Clos Salembier», avec la mission de démanteler l'organisation de France du FLN. Ce fut un échec et les manifestaions du 17 octobre 1961 en auront été la preuve.