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Melzi, Ouyahia et Sellal se rejettent la patate chaude de la corruption

Le temps des poignards

L'audition à la barre des deux enfants Ahmed et Mouloud Melzi ne va lever le voile que sur l'acquisition par l'un d'eux de l'usine Vita Jus à quelque 45 milliards cts.

Expéditif, le procès de Hamid Melzi, celui qu'on appelait «la boîte noire» de l'ancien régime, n'a pas été à la hauteur des attentes. En détention depuis juin 2019, l'ex-P-DG de la SIH (Société d'investissement hôtelier) et ancien directeur de l'entreprise publique Sahel, qui gère les résidences d'Etat de Club des Pins et de Moretti, n'a pas fait de grandes révélations. Lors de sa comparution, ces deux derniers jours, devant le pôle pénal financier près le tribunal d'Alger, avec ses deux enfants Ahmed et Mouloud (en liberté provisoire), les deux anciens Premiers ministres, Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia, ainsi que plusieurs autres accusés, Hamid Melzi s'est suffi de nier toutes les accusations dont il fait objet affirmant qu'il est victime d'un règlement de comptes et que son dossier a été fomenté par l'ex-patron de la Gendarmerie nationale, le général Ghali Belkecir, en fuite à l'étranger. Poursuivi lors de son arrestation pour espionnage économique, Melzi ne devait répondre, hier, qu'aux chefs d'accusation de blanchiment d'argent, dilapidation, abus de fonction, trafic d'influence et passation de contrats en violation de la réglementation des marchés publics.

Sellal: «On devrait me remercier»
Cinq projets sont mis en cause dans ce dossier, à savoir le Data Center, le parc de loisirs de Ben Aknoun, la réalisation des 400 chalets de la résidence d'Etat, la rénovation de Djenan El Mithak et le projet du nouveau siège d'Air Algérie. Dans tous ces marchés, en plus du fait qu'ils ont été octroyés de gré à gré, certains n'ont pas été réalisés, d'autres pas finalisés alors que le montant, lui, a été versé, quelquefois majoré même. C'est, notamment le cas pour la réalisation des chalets à Club des Pins. Le marché d'un montant de 200 milliards cts a été cédé de gré à gré par la SIH que dirige Melzi à la société chinoise King Young, après que le Conseil de participation de l'Etat, présidé par Abdelmalek Sellal, a validé la consultation restreinte pour ledit marché. Or, la procédure de consultation restreinte ne s'applique que pour les marchés où il y a urgence et d'un montant total beaucoup moindre. Questionné à ce sujet, Abdelmalek Sellal a nié en bloc sa responsabilité dans la dilapidation de l'argent de l'Etat affirmant même qu'il devrait être remercié «dans toutes les affaires judiciaires on me reproche d'avoir présidé le CPE, le CNI ou le gouvernement, on devrait plutôt me remercier et non pas me juger». Ahmed Ouyahia va, lui aussi, nier les faits qui lui sont reprochés pour d'autres projets alors que les ex-ministres Zaalane et Houda Feraoun, appelés comme témoins, vont juger que toutes les procédures ont été respectées. Pour les chalets par exemple, le juge va rappeler les délais dépassés, les nombreuses malfaçons ou encore la mauvaise qualité des produits utilisés par la société chinoise. Cette dernière n'a d'ailleurs pas terminé la réalisation d'une trentaine de chalets et n'a pas levé les réserves pour une trentaine d'autres. Malgré ces manquements, la société chinoise n'a pas fait l'objet de mesures coercitives et présentait même des situations pour paiement majorées de plus de 30%. Le marché a connu une hausse financière de 45% par rapport au montant initial. L'avocate de la SIH qui s'est constituée partie civile, n'a pas manqué, hier de demander 200 millions DA comme réparation. Pour la rénovation de la résidence d'Etat Djenane El Mithak, même scénario. Le marché a été octroyé à la même société chinoise, King Young alors qu'elle n'arrivait pas à honorer ses engagements vis-à-vis de la SIH, à Club des Pins. Après 4 mois, le projet s'est arrêté et Young avait déjà consommé plus de 200 millions de dinars et traînait une énorme dette de 60 millions liées aux pénalités de retard. Le réaménagement du parc zoologique de Ben Aknoun, à Alger, confié en 2017 à la SIH pour un montant de 40 milliards DA, par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, va connaître le même sort tout autant que le Data Center, le projet du ministère des TIC et d'Algérie télécom.

«Je n'ai même pas une maison»
Lorsque le juge va poser des questions à Melzi sur ses biens, ce dernier va affirmer ne rien détenir, qu'un véhicule. «Je n'ai même pas un appartement. Je vis dans celui de mon épouse»! Le procureur, lui, ne va pas jouer le jeu et ne révélera rien des biens de la famille Melzi ni des montants de leurs comptes bancaires. Pourtant, d'après l'arrêt de renvoi, les membres de la famille Melzi détiennent énormément de biens: nombreux lots de terrains, appartements et villas. Des indiscrétions révélées par la presse lors de l'enquête faisaient état de biens évalués à plus de 700 milliards de centimes. Hier, lors du procès, l'audition à la barre des deux enfants Ahmed et Mouloud Melzi ne va lever le voile que sur l'acquisition par l'un d'eux de l'usine Vita Jus à quelque 45 milliards cts. Ce dernier, à la tête de quelques entreprises, affirme n'avoir bénéficié d'aucun privilège de son père. Enfin et après avoir fait défiler tous les inculpés dans ce dossier et les témoins, le juge a entendu les avocats de la partie civile qui ont demandé réparation dont en premier le représentant du Trésor public. Ce dernier a fait état d'un préjudice de pas moins de 16 milliards DA qui vient s'ajouter aux 200 millions DA, exigés par la SIH et les 400 millions DA demandés aussi par Algérie Télécom Satellite (ATS). Aujourd'hui et au 3ème jour du procès, le procureur de la République présentera son réquisitoire avant d'ouvrir le bal aux plaidoiries des avocats.

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