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Petite virée de janvier à la Vallée du M’Zab

Du tourisme et des regrets

À 7h de route d’Alger, les voyageurs peuvent découvrir une ville millénaire, des Ksour, de magnifiques oasis et des dunes à couper le souffle. Un véritable trésor, mais qui n’est pas suffisamment exploité…

Ghardaïa l'enchanteresse! Les raisons ne manquent pas pour faire du tourisme dans ce petit joyau culturel. La température est des plus agréables en cette période de l'année avec un mercure avoisinant les 22 degrés Celsius. De plus, la route la séparant de la capitale est un réel plaisir avec la nouvelle autoroute Nord-Sud. Un magnifique tapis d'asphalte qui permet de profiter de magnifiques paysages traversés le long de cette voie de 700 km. De belles montagnes verdoyantes, des Hauts-Plateaux jusqu'aux portes du désert avec des roches qui nous feraient croire que nous sommes au Nevada. De quoi faire saliver les amateurs de tourisme et d'aventures. Comme des enfants, nous sommes donc impatients de vivre cette belle aventure. Mais nous sommes loin de croire que nous allions vivre un remake du célèbre film «Taxi El Makhfi» de Athmane Aliouet. Et pour cause, l'Office national du tourisme (Onat) nous a offert une animation qui n'était pas de notre choix. Le départ en bus se fait dans de bonnes conditions jusqu'à ce que l'on arrive au niveau de la «maudite» nouvelle ville de Boughezoul. Un problème mécanique surgit! La roue arrière semble poser problème. Chose qui peut arriver au plus malin. Il est 13h, on a encore le temps. Le bus redémarre, on pense que le problème est réglé. Sauf que cela continue pendant des centaines de kilomètres avant qu'il ne s'arrête définitivement au milieu de nulle part, à l'entrée de la wilaya de Laghouat.
Des couacs et de la gentillesse...
Il est 18h. Que de temps perdu! On attend encore que l'Onat trouve une solution. Des citoyens de passage s'arrêtent. Ils demandent ce qui nous arrive avant de revenir avec de l'eau et de la nourriture. Les gendarmes leur emboîtent le pas. Ils voient le problème et proposent de rester pour nous sécuriser jusqu'à ce qu'un nouveau bus arrive. Le temps passe, les gens s'impatientent, mais toujours pas de bus «touristique» en vue. À 22h, un homme en «Kechabia» débarque en sauveur. Il s'agit du maire de la ville de Aïn Madhi. Il est vite rejoint par le chef de daïra. Ayant eu vent de notre problème, ils dépêchent des bus pour nous transporter vers notre destination finale. Ils nous invitent même à dîner et passent la nuit pour reprendre notre route tranquillement. Grâce à ce geste des plus nobles de ces responsables locaux, au vrai sens du terme, on peut reprendre la route vers la Vallée du M'Zab. Néanmoins, on ne peut s'empêcher de penser quelle aurait été la réaction de touristes étrangers dans une telle situation? Eux qui sont censés voyager avec des professionnels disposant d'antennes à travers les quatre coins du pays. Finalement, ils auraient été livrés à eux-mêmes pendant des heures espérant un «miracle» divin. C'est toute la stratégie du tourisme menée par le président de la République qui risque de prendre un sacré coup à cause du manque de professionnalisme de certains fonctionnaires
de l'État.
La merveille de Pouillon
On continue notre chemin avec la tête qui bouillonne, mais on se réconforte en se disant que nous allions dormir dans un hôtel historique qui offre une vue panoramique sur la pentapole du M'zab. On rêve déjà de découvrir cette merveille de Ferdinand Pouillon, en l'occurrence l'Hôtel M'Zab ex- Rostomides). Arrivé sur place, on est émerveillé par la belle architecture de ce bijou. Il s'agit d'un joyau comme on en voit rarement. Il est niché sur un promontoire dominant la Vallée du M'Zab classée patrimoine universel depuis 1982. Nos yeux brillent, on pénètre dans la réception. Un petit sentiment de déception nous envahit. C'est un «hall», froid sans âme! On est là pour les festivités du Nouvel An berbère, mais aucune décoration n'a été préparée pour la circonstance. Fatigué après un voyage de 17 h de route (au lieu de 7h, ndlr), on est impatient de gagner nos chambres. Elles sont censées avoir été rénovées, après une fermeture de 27 ans et 300 millions de dinars dépensés. C'est vite la douche froide! Des petits trous dans les murs de cet hôtel rouvert en 2021. Des robinets qui fuient, des douchettes qui ne marchent pas...Bref, d'innombrables malfaçons qui font que c'est loin d'être un quatre étoiles. La vue et l'aspect extérieur sont là pour nous consoler. Mais c'est vraiment dommage qu'un tel patrimoine soit dans un tel état alors qu'à lui seul il pourrait être une attraction touristique. Déçu, voire énervé on s'endort en rêvant de la vieille ville que l'on peut apercevoir de nos lits...
Un endroit magique
Les premiers rayons de soleil nous réveillent. On assiste à un spectacle des plus merveilleux. Un magnifique soleil se lève doucement sur la Vallée. Les beaux rayons laissent apparaître les palmiers. Ils nous rappellent que l'on est dans une oasis de rêve qui promet un dépaysement total. C'est très apaisant. On est vite transporté vers un autre univers. Un beau sentiment de spiritualité nous gagne devant cette merveille de la nature. On est d'un seul coup requinqué pour la journée. On décide alors de faire un peu les touristes. Bien évidemment, on prend la direction de la vieille ville. La bonne surprise, c'est qu'elle se trouve à quelques bornes de notre hôtel. Sur la route, on est surpris de voir la ville grouiller de monde alors qu'elle était déserte à notre arrivée. «On dort tôt, et on se lève très tôt», nous répond le gérant d'un beau café au centre-ville. Il nous conseille de commencer la visite par le vieux marché et ses petites ruelles étroites avant de monter à la Citadelle. Car, «il ferme à 13h et n'ouvre pas jusqu'à 16 h», indique-t-il. «C'est la tradition», souligne t-il. On continue alors notre chemin vers la place du marché, appelé «Azghar Ougharme», qui signifie l'extérieur de la cité. On est bercé par un mélange de modernité et de tradition avec des constructions d'hier et d'aujourd'hui. Au marché changement total de décor on est replongé des siècles en arrière à la grande joie des touristes venus en nombre. Ils apprécient la multitude de produits artisanaux proposés par les commerçants. Ils sont vite conquis du fait que les prix sont plus ou moins abordables. «Je m'offre un petit moment de shopping après la fin de mon grand périple», assure Ghania, une maman de deux enfants accompagnée de son mari.
Les touristes sous le charme
Le couple indique qu'il avait fait la traversée du désert algérien avant d'arriver à Ghardaïa. « C'est une aventure d'un mois qui va se finir à Boussaâda», précisent-ils. «Nous avons beaucoup voyagé dans notre vie, mais c'est la première fois que nous avons visité notre Sahara. C'est le plus beau voyage de notre vie», atteste cette famille venue de Béjaïa. Ils assurent que tout leur parcours était merveilleux avec une mention spéciale pour Aïn Sefra, Timimoun et Ghardaïa. On poursuit notre chemin en se faufilant dans les petites ruelles de cette Casbah. On continue notre virée vers le plus connu des Ksour de la ville, à savoir Beni Isguen. C'est aussi le plus rigoureux. Les guides sont obligatoires pour les visites. Dés que l'on pénètre par la magnifique porte, on est surpris par un message d'avertissement, écrit en français et en anglais. Il est, notamment interdit de fumer, de se balader en débardeur ou en short, de faire du vélo...Malgré ces règles strictes, les visiteurs ne regrettent pas ce voyage dans le temps. De belles rues pavées, une vue imprenable et des maisons traditionnelles possédant deux entrées, l'une pour les invités, l'autre pour leurs occupants. Un silence de cathédrale règne. On peut apercevoir des femmes passer avec leur «Aouina», une sorte de trou formé par le haïk traditionnel,pour voir. Elles se faufilent rapidement entre les touristes émerveillés par cette architecture que l'on croit venue d'un autre monde.
Une richesse mal exploitée
«C'est la première fois que je visite Ghardaïa, je ne suis pas dessus», assure le docteur Mustapha accompagné de sa femme.Ils sont venus pàr l'intermédiaire d'une agence de voyages. «Nous sommes hébergés dans l'une des merveilleuses maisons d'hôtes de la ville. Ce sont des paradis au milieu de palmeraies», rapporte ce médecin à la retraite, Lamine,qui en est à sa troisième visite. Il est aussi hébergé dans une belle maison d'hôte « Je ne connaissais que le centre-ville et Beni Isguen. Cette fois-ci, j'ai opté pour ce gîte qui m'a proposé un programme touristique riche et varié», atteste t-il. Notre ami parle, notamment de virée, dans le désert de Melika. «J'y ai découvert de merveilleuses dunes de sable, une oasis à couper le souffle», assure t-il. Comme lui, la majorité des touristes rencontrés se désole que les potentialités touristiques de cette merveilleuse métropole ne soient pas exploitées comme il se doit. À l'image de la fête de Yennayer qui peut être un très bon produit touristique. Or, mis à part les célébrations officielles (la parade) et quelques initiatives des privés dans leurs établissements, rien n'a été fait pour exploiter cette richesse culturelle. Le dîner officiel de la célébration de l'événement à l'hôtel El Djanoub résume parfaitement cette situation. Pas de plats typiques de la région ni de décorations. Le «Arfis» ou encore le«Mechram» ont été remplacés par un fade couscous dans une ambiance «morose». Ce n'est peut-être rien, mais cela témoigne d'une certaine légèreté dans la gestion du tourisme pour une région censée être un pôle d'excellence. Quel gâchis!

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