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A New York, les morts s'accumulent, mais les hôpitaux tiennent encore

Plus de 23.000 cas confirmés, 365 morts: à New York, épicentre du coronavirus aux Etats-Unis, les hôpitaux sont sous tension, mais parviennent encore à faire face. Au début de la crise, ce thérapeute respiratoire d'un grand hôpital du district de Queens, le Long Island Jewish Medical Center, voyait surtout arriver des patients déjà fragiles, le plus souvent âgés. "Mais ces deux dernières semaines, j'ai des quinquagénaires, des quadragénaires, des trentenaires qui n'ont pas écouté quand on leur a dit de ne pas sortir, de se protéger et de se laver les mains", dit-il, préférant garder l'anonymat. Selon des chiffres publiés jeudi, 44% des malades à New York ont entre 18 et 44 ans, même s'ils ne représentent que 4% des décès. "Il y a des gens qui sont probablement en bien meilleure forme physique que moi", observe ce thérapeute. "Ils vont à la salle de sport, ils mangent sainement. Et tout d'un coup, ils tombent malades. Voir quelqu'un dans la trentaine mourir, c'est dur." A rythme soutenu, les hôpitaux de la première métropole américaine se remplissent de malades qu'il faut traiter avec des précautions infinies. "Vous avez des étages entiers qui passent en Covid en une nuit", explique un employé administratif de cet hôpital, qui lui tait son nom car l'établissement ne l'autorise pas à parler à la presse. "Ils isolent tout et basta", dit-il. "Tout le monde est dans sa bulle individuelle, et les gens qui s'occupent d'eux sont tous arnachés." Le gouverneur Andrew Cuomo a enjoint les hôpitaux de l'Etat de New York d'augmenter leur capacité d'accueil de 50%, voire de la doubler, si possible. "On est au taquet", explique Tim Peal, infirmier à l'hôpital Mount Sinai Morningside, proche de l'université Columbia, à Manhattan. "On va devoir transformer des chambres en unités de soins intensifs."  "Ils ouvrent des étages supplémentaires pour les patients à l'isolement", abonde Priscilla Carate, infirmière du même hôpital. Dans l'ensemble, les équipements nécessaires aux personnels soignants - masques, gants, tabliers - sont encore disponibles en nombre suffisant, indiquent les professionnels de santé interrogés, malgré quelques pénuries ponctuelles. Les respirateurs artificiels sont, eux aussi, assez nombreux pour l'instant, et les médecins n'ont pas, comme c'est le cas ailleurs dans le monde, à choisir parfois les patients à sauver. Mais cela n'empêche pas les morts de s'accumuler."On a beaucoup de décès, la plupart par arrêt cardiaque", dit un infirmier de l'hôpital Mount Sinai Morningside, sous couvert d'anonymat. "Ca devient dur."

- "Je suis prête" 

Les capacités de dépistage, autre priorité, ont quasiment quadruplé en une semaine, et atteignent désormais 18.650 tests par jour, a indiqué jeudi Andrew Cuomo. Mercredi, le New York Times publiait des photos d'une longue file d'attente devant le Elmhurst Hospital Center, autre hôpital du Queens, où certains attendaient des heures pour se soumettre au test. Jeudi matin, ils étaient encore une cinquantaine à attendre. Mais l'après-midi, quasiment plus personne, au point qu'Elsaid Amer, qui passait en voiture, s'est arrêté pour se faire tester sous la tente aménagée spécialement devant cet hôpital. "Je n'ai rien", dit-il, aucun symptôme ni personne identifiée comme malade dans son entourage, "mais je voulais être sûr que j'étais bon." Il aura sa réponse dans deux ou trois jours, lui ont dit les infirmiers. Le test aura pris cinq minutes. Devant cet hôpital proche du quartier indien de Jackson Heights, où 17 personnes sont mortes de l'épidémie ces derniers jours, un camion de glaces passe, en jouant sa fameuse musique censée attirer les enfants, dans une scène surréaliste. New York se calfeutre. Près de la moitié des passants portent des masques dans la rue, mais il y a toujours des joueurs de tennis sur les courts de Central Park, quelques terrains du Queens où on joue encore au football, et le maire a dû ordonner l'enlèvement de 80 cercles dans des jardins publics pour ramener des joueurs de basket à la raison. Le gouverneur et le maire, Bill de Blasio, ont prévenu, le pic de la pandémie à New York n'interviendra probablement pas avant deux à trois semaines. "Ca va probablement empirer", confirme un médecin du Mount Sinai Morningside, sous couvert d'anonymat. "Je suis très fatigué." Dans les services, la nervosité est palpable. "Beaucoup de gens ont peur d'être les uns à côté des autres", remarque Priscilla Carate. Pas elle. "J'ai signé pour être dans la santé", dit-elle. "Je suis prête". "Ce n'est pas le moment d'abandonner nos patients", dit le thérapeute respiratoire, qui tourne désormais à 60 heures par semaine, contre 36 habituellement. "Ils ont besoin de nous."

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