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Bouleversements au Sahel

Des ambitions et des attentes

À peine le coup d'État contre Ali Bongo Ondimba était-il transformé que de nombreux détenus politiques ont recouvré leur liberté comme l'avait promis le général Brice Oligui Nguema, nouveau chef de la transition dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.
Il n'aura pas fallu davantage pour que les ONG locales montent au créneau et réclament la mise en place d'une commission chargée d'enquêter sur les abus et les méfaits de la dynastie Bongo en matière de droits de l'homme ainsi que de corruption. Autant dire que les mois qui viennent risquent de devenir difficiles pour la caste dirigeante dont certains membres, tel un fils du président écarté et même son épouse, sont désignés à la vindicte populaire tant leurs dérives auront dépassé le stade limite, au dire de leurs accusateurs qui entendent faire de l'après-Bongo une tribune à la fois juridique et politique. Depuis le 4 septembre, le nouveau président du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) a effectivement amnistié les prisonniers d'opinion et après les moments d'allégresse la tendance vire au procès par anticipation.
Dans un système clanique où l'espace civique et politique é tait étroitement encadré, voire annihilé, les défenseurs des droits humains ont peiné pour obtenir un minimum, à charge pour leur(s) client(s) de consentir à rentrer dans le rang. En 2016, rappellent-ils, une répression sanglante des manifestations hostiles avait sanctionné la réélection frauduleuse d'Ali Bongo. Certains chiffrent les exactions à 300 victimes, voire plus et n'hésitent pas à évoquer des «fosses communes» et des «exécutions extra judiciaires». Une affaire qui est entre les mains de la CPI depuis ce temps-là et qui pourrait ressurgir, comme par miracle, en fonction de la tournure des évènements.
Car la révolution qui a secoué la maison Bongo est essentiellement une révolution de palais, même si elle intervient dans un contexte de grave incertitude pour l'ensemble de la région sahélienne où les groupes terroristes prospèrent comme des poissons dans l'eau et où les puissances étrangères, notamment l'ancienne puissance coloniale, ne cachent nullement leur volonté de sauvegarder leur pré carré.
Dans ce jeu du chat et de la souris, les États-Unis ont une longueur d'avance, d'autant qu'ils mesurent pleinement les paramètres de la crise nigérienne. Adaptant leur stratégie au fur et à mesure des exigences d'un contexte plus ou moins instable, ils ont opportunément investi dans l'émergence d'une autorité de transition nigérienne qui leur est davantage favorable.
Leur souci majeur est, bien entendu, de couper l'herbe sous les pieds d'un rival sans cesse pointé du doigt au motif qu'il s'introduit, partout dans la région la plus sensible du continent, par le biais d'une officine privée.
Tous ces bouleversements sur la scène sahélienne semblent porteurs, a priori, d'une relative émancipation des peuples concernés mais la question est loin d'être tranchée tant il faudra juger sur pièces, le moment venu. 

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