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Massacre à la frontière de Melilla

Il y avait préméditation

Les 37 morts ne sont qu’un début. On en veut pour preuve, l’annonce, hier, d’une tentative de prise d’assaut de l’enclave de Ceuta.

Les images, que le gouvernement marocain n'a pas réussi à soustraire à l'opinion publique mondiale et qui ont fait le tour de la Toile, sont insupportables. On aurait même été tenté de croire à des images d'archives sur les exactions nazies en Europe, n'étaient-ce les uniformes de la police marocaine et des détails précis de l'endroit et du moment. Cela montre avec précision des photographies insultantes pour la dignité humaine. Des centaines de corps étalés à même la terre, les uns sur les autres, encadrés par des hommes armés jusqu'aux dents et clairement identifiés comme étant des forces de l'ordre marocaines. Impossible de trouver la moindre circonstance atténuante à ces policiers qui exécutaient des ordres directs. Les photos qui ont circulé sur le Net et des dizaines de témoignages recueillis par des ONG marocaines et étrangères accablent unanimement le gouvernement marocain. Il n'y a, en réalité, aucun doute sur l'origine et la sauvagerie de la répression. «Comme si on voulait signifier au migrant que la fête est finie et que désormais, ils risquaient leur vie dans chacune de leur tentative de traverser la frontière», affirme un militant marocain des droits de l'homme.
L'intention du Makhzen est de traumatiser les candidats au passage en Espagne, quel qu'en soit le prix. Les 37 morts ne sont qu'un début. On en veut pour preuve, l'annonce par la police marocaine de mise en échec, hier matin, d'une tentative de prise d'assaut de l'enclave de Ceuta. La pression se fait grandissante et d'autres bavures très possibles. Les témoignages de migrants sont, à ce propos, on ne peut plus clairs. «C'était la guerre. Nous avions des pierres pour nous battre avec les militaires marocains qui nous ont frappé à coup de bâtons», témoigne un Soudanais. Un autre migrant raconte: «Je suis tombé inconscient côté espagnol où j'ai été roué de coups par les forces de l'ordre.».
Les observateurs marocains et espagnols retiennent que traditionnellement la répression des tentatives de franchissement de la frontière sont certes traitées avec brutalité, mais cette fois, la violence inédite de l'assaut marque un véritable tournant.
Le pacte hispano-marocain y est certainement pour quelque chose. Le reniement de Pédro Sanchez sur le dossier sahraoui, exigeait du Maroc que cesse définitivement les passages en force au niveau des enclaves espagnoles. La meilleure façon d'en finir est de frapper les esprits, en tuant un maximum de candidats. C'était le but recherché par Rabat et parfaitement exécuté par ses policiers qui ont massacré des dizaines de jeunes Subsahariens. «Les autorités marocaines ont traité les migrants de manière très dure. Elles ont assiégé leurs campements. Il ne fait aucun doute que cette pression a généré la violence sans précédent à laquelle on a assisté», assure le même militant des droits humains. Oussmane Ba, président du collectif des communautés subsahariennes au Maroc, interrogé par l'AFP pointe «les conditions difficiles dans lesquelles vivent ces migrants». Il estime que le traitement inhumain dont ils font l'objet «les conditionnent psychologiquement à la violence».
En réalité, la politique migratoire du Maroc est basée sur l'instrumentalisation des migrants. Le Makhzen ferme les yeux sur les agissements de réseaux de passeurs et laisse les candidats à l'émigration en Espagne s'agglutiner autour de Ceuta et Melilla. Il en use comme d'une variable d'ajustement dans ses rapports avec Madrid. En cas de conflit, «il ouvre les vannes» et augmente la pression sur la première frontière de l'Union européenne.

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