Législatives en Géorgie
La présidente pro-européenne Salomé optimiste

La présidente géorgienne, Salomé Zourabichvili, pro-européenne et en rupture avec le gouvernement pro-russe de son pays, assure être «assez optimiste» quant à la victoire de son camp aux législatives du 26 octobre, qu'elle qualifie d'«existentielles» pour la Géorgie. Un succès du parti conservateur au pouvoir, le Rêve géorgien du milliardaire Bidzina Ivanichvili, reviendrait à «s'éloigner de la liberté» et retourner vers un «passé» sous joug russe, «dans lequel la Géorgie n'a plus son entière souveraineté et son entière indépendance», a-t-elle ajouté. Question: après une nouvelle passe d'armes perdue face au gouvernement géorgien, qui a abouti à la promulgation, jeudi, d'une loi controversée restreignant des droits des personnes LGBT+, comment voyez-vous les législatives du 26 octobre?
Réponse: «Nous avons un quasi-référendum sur le choix entre l'Europe ou le retour à un passé incertain russe. Je suis assez optimiste sur le fait que la population géorgienne, qui a été à 80% en faveur de l'Europe ces trois dernières décennies, ne va pas tout d'un coup se renier. Aujourd'hui, les sondages permettent de dire qu'il y a une vaste majorité pour les partis pro-européens et que le parti au pouvoir ne récolte qu'à peu près 30% des votes plus les 10% de fraude.
Maintenant, ils sont en train de frauder encore plus. Ils sont en train d'empêcher la diaspora de voter. Mais la fraude ne doit pas et ne peut pas dépasser une importante mobilisation de la population.»
Q: Comment comprenez-vous les positions pro-russes du parti d'Ivanichvili?
R: «Il a été à la tête d'un parti qui, au moment où il est arrivé au pouvoir en 2012, était un parti classique, pro-européen, pro-atlantiste.
Les premières années ont été normales en termes de politique extérieure. Son changement d'orientation est arrivé à partir de 2021 et s'est encore accéléré avec la guerre en Ukraine, son refus de participer aux sanctions. Progressivement, il est rentré dans une déviation de plus en plus ouvertement anti-occidentale, anti-européenne, dans la rhétorique mais aussi dans les décisions prises. Comme cette accumulation de lois récentes qui, non seulement, ne permettent pas de mettre en oeuvre les réformes demandées par la Commission européenne mais, au contraire, vont carrément à l'encontre de ce que l'on nous demande.»
Q: Quels sont, selon vous, les liens qu'entretient Ivanichvili avec la Russie?
R: «Je n'ai aucune visibilité sur les liens que peut avoir Ivanichvili ou les gens qui sont immédiatement autour de lui avec les dirigeants russes ou avec les services russes. (...) Je suis complètement coupée du cercle dirigeant, du gouvernement qui ne me rencontre pas, me laisse de côté, ne me considère même plus comme la présidente depuis cette tentative de destitution qui n'a pas abouti (un vote en ce sens a échoué au Parlement géorgien en octobre 2023, Ndlr).»
Q: Comment vivez-vous le fait d'être ainsi mise de côté?
R: «Ça ne me dérange pas outre mesure d'être ostracisée par un gouvernement qui est devenu si évidemment pro-russe et anti-européen. Moi, ce qui m'importe, c'est qu'aujourd'hui je suis la voix européenne de la population et que, ce faisant, j'ai une mission extrêmement importante au moment de ces élections existentielles.»
Q: Vous rencontriez, jeudi passé, le président français, Emmanuel Macron. De quelles garanties disposez-vous sur une future intégration de la Géorgie à l'UE?
R: «J'ai fait ma tournée européenne précisément pour vérifier avec les dirigeants allemand, polonais, avec Madame von der Leyen, avec Charles Michel et avec Emmanuel Macron que dès que la Géorgie et la population géorgienne auront confirmé leur voie européenne aux élections, nos partenaires sont prêts à reprendre le chemin de l'intégration européenne.»