Les Occidentaux sont «une menace existentielle» pour Moscou
La Russie adopte une nouvelle stratégie
Annoncée hier par le président Vladimir Poutine, lors d'une réunion du Conseil de sécurité nationale de la Fédération de Russie, une nouvelle stratégie de politique étrangère est désormais mise en oeuvre par Moscou, au regard des évènements qui se sont multipliés depuis le lancement de l'opération militaire spéciale en Ukraine, en février 2022. Tous ces «bouleversements sur la scène internationale» a expliqué Poutine conduisent la Russie à «adopter ses documents de planification stratégique, notamment (celui relatif) à la conception de politique étrangère de la Fédération de Russie». Ainsi, a-t-il laissé clairement entendre que les pays occidentaux, en général, et les Etats-Unis, en particulier, représentent des «menaces existentielles» pour son pays, en référence aux sanctions inédites prises contre Moscou et surtout aux livraisons d'armes massives à l'Ukraine.
La déclaration de la vice-ministre de la Défense du Royaume-Uni selon laquelle des armes nucléaires à base d'uranium appauvri «vont être fournies» à Kiev a aussitôt conduit le président Poutine à annoncer la fourniture à l'allié biélorusse d'un arsenal équivalent, rendant l'hypothèse d'un conflit nucléaire de plus en plus probante.
Ce genre d'armes a déjà été utilisé par les Etats-Unis, d'abord dans l'ex-Yougoslavie puis durant la guerre qui a ravagé l'Irak, causant aux populations de ces deux pays de graves dommages.
De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a souligné que le nouveau document
relatif à cette stratégie future
découle de «la nature existentielle des menaces (...) créées par les actions des pays inamicaux», qualifiant au passage les Etats-Unis d' «instigateur principal et chef d'orchestre de la ligne antirusse». «De façon générale, la politique de l'Occident visant à affaiblir la Russie par tous les moyens est caractérisée comme une guerre hybride d'un nouveau Genre», a encore considéré Lavrov, avant d'ajouter que la nouvelle stratégie de politique étrangère russe se fonde sur l'exigence première selon laquelle «les mesures antirusses prises par les pays inamicaux seront constamment combattues, avec sévérité si nécessaire».
En dévoilant la nouvelle approche diplomatique, Moscou souligne la grave rupture intervenue avec l'alliance atlantiste conduite par les Etats-Unis au lendemain de l'opération spéciale en Ukraine, marquée par une surenchère aiguë des livraisons d'armes à Kiev alors que le peuple ukrainien, à l'Est comme à l'Ouest, est plongé dans une tragédie cyniquement voilée. La situation n'est pas sans rappeler les épisodes les plus critiques de la guerre froide tandis que la guerre par procuration que Washington et ses alliés livrent à la Russie, assortie de lourdes sanctions économiques, n'a fait qu'aggraver les tensions internationales. Dès lors, Moscou a opéré un net rapprochement avec les partenaires-clés que sont la Chine et l'Inde tout en réaffirmant sa volonté de développer les relations avec certains pays d'Afrique et d'Amérique latine, comme l'indique le passage du document publié par le Kremlin qui juge que «l'approfondissement global des liens et de la coordination avec les centres mondiaux de pouvoir et de développement souverains amis situés sur le continent eurasien revêt une importance particulière».
C.B.