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Un manifestant tué, hier, à Baghdad

La violence s’intensifie dans le sud de l’Irak

On assiste à des scènes de guerre: d’un côté des murs de béton montés à la hâte, les forces de l’ordre tirent, parfois à balles réelles; de l’autre, les jeunes manifestants, tous casqués et le visage recouvert, tentent de se protéger des grenades lacrymogènes.

Un manifestant a été tué, hier, dans le cœur historique et commerçant de Baghdad, devenu champ de bataille, et des dizaines ont été blessés dans le sud de l’Irak, pris dans l’épaisse fumée noire des pneus brûlés qui bloquent désormais infrastructures et routes. Dans l’un des pays les plus riches en pétrole du monde -mais aussi l’un des plus corrompus-, les protestataires réclament la refonte du système politique et le renouvellement total de leur classe dirigeante qu’ils jugent corrompue et incompétente. Ils s’en prennent également au grand voisin iranien qu’ils accusent de tirer les ficelles chez eux. Hier semble marquer un tournant: les violences qui ont déjà fait 350 morts en près de deux mois ont gagné des villes du sud jusqu’ici cantonnées aux rassemblements festifs et autre désobéissance civile pacifique et se prolongent désormais en journée là où elles ne survenaient que la nuit.
A Baghdad, au beau milieu d’un nuage de lacrymogène, alors qu’il tentait de se protéger avec un maigre bouclier de tôle ondulé, un jeune homme est tombé sous les balles en caoutchouc des forces de l’ordre, ont indiqué des témoins en montrant des taches de sang. Il a rendu son dernier souffle à l’hôpital, indiquent des médecins. Une vingtaine d’autres ont été blessés. Car les abords du pont al-Ahrar, près de la place Tahrir, épicentre du premier mouvement de contestation spontané d’Irak post-Saddam Hussein, ont bien changé. Avant ici, on se pressait pour faire des achats près de la rue al Rachid. Aujourd’hui, on assiste à des scènes de guerre: d’un côté des murs de béton montés à la hâte en travers des rues, les forces de l’ordre tirent, parfois à balles réelles; de l’autre, les jeunes manifestants, désormais tous casqués et le visage recouvert de foulards, tentent de se protéger des grenades lacrymogènes.
Certains essayent de progresser vers les grenades qui tuent parfois, pour les neutraliser ou les relancer vers les policiers antiémeute. Au milieu du chaos, tous jurent pourtant qu’ils resteront. «On ne repartira que dans des cercueils», lance l’un d’eux. «De toute façon, je n’ai pas de boulot, pas d’argent, alors rester ici ou rentrer chez moi, c’est pareil», renchérit un autre. «Sans travail et sans argent, je ne pourrai jamais me marier, donc je n’ai ni famille, ni maison », poursuit, amer, le jeune homme, drapeau irakien sur les épaules. Si derrière lui, la fumée est blanche -parfois orange, verte ou violette selon les modèles des grenades-, dans le sud du pays, où écoles et administrations sont paralysées par la désobéissance civile, les colonnes s’élevant vers le ciel sont d’un noir profond et tout aussi suffoquant. En travers des principaux axes du pays, des manifestants brûlent des pneus.
Dans la province de Zi Qar, ils essayent de frapper le pouvoir au seul endroit qui peut lui faire mal, ses ressources en pétrole, unique source de devises du pays. Ils bloquent déjà les accès à trois champs pétroliers —Garraf, Nassiriya et Soubba, dont la production atteint 200.000 barils par jour.Treize policiers chargés de protéger Garraf ont été blessés dans les affrontements, selon une source policière, mais l’extraction d’or noir se poursuit. A Diwaniya, les manifestants bloquent les rues du centre-ville et les ponts et brûlent des pneus devant l’une des trois centrales électriques de la province et en travers des routes menant vers Najaf à l’ouest et Samawa au sud. Sur leur chemin, ils ont arraché un énorme poster de Hadi al-Ameri, patron des paramilitaires pro-Iran au Parlement, et piétiné son portrait en l’insultant. D’autres villes du sud, où la contestation avait jusque-là un caractère bon enfant, ont été à leur tour gagnées par les violences. A Al-Hilla, dans la province de Babylone, une soixantaine de manifestants ont été blessés par des tirs de grenades lacrymogènes dans des heurts, selon des médecins. A Kerbala, où les violences sont particulièrement intenses, les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur les manifestants.

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