Installé, hier, comme «président de la transition» au Gabon
Le général Oligui déplore la réaction internationale
Le général Brice Oligui Nguema a prêté serment, hier, au cours d'une cérémonie qui a ouvert la voie à sa présidence d'une transition dont il a été dit, quelques heures après la prise de pouvoir au Gabon, qu'elle durerait trois ans au maximum. Le nouveau président gabonais a promis des «institutions plus démocratiques» et la tenue d' «élections libres» à une date indéterminée.
Les militaires putschistes ont mis fin le 30 août dernier au «régime» d'Ali Bongo Ondimba, maître du pays depuis 14 ans et successeur de son père Omar Bongo dont le règne a duré plus de 40 ans. Cela s'est passé quelques heures à peine après la proclamation des résultats d'une présidentielle controversée par laquelle Ali Bongo comptait entamer un troisième mandat. Ils ont proclamé le général Oligui, 48 ans, président d'un Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI).
La mise en résidence surveillée d'Ali Bongo a signifié la fin d'une mainmise de la famille Bongo sur le Gabon depuis 55 ans, un pays pétrolier parmi les plus riches du continent mais dont la fortune est accaparée par une caste corrompue et assujettie à de puissants intérêts étrangers. Comme son père mort en 2009, Ali Bongo s'est efforcé d'assumer le rôle de pilier de la «Françafrique», un système de cooptation politique et de chasse gardée économique et sociale au profit exclusif de l'ancienne puissance coloniale.
La Communauté des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), organisation économique régionale, l'Union africaine (UA), l'Union européenne et les Nations unies ont condamné le coup d'État, non sans en relativiser la genèse par rapport aux putschs précédents compte tenu du caractère frauduleux de la présidentielle consacrant la victoire d'Ali Bongo. C'est ainsi que le chef de la diplomatie européenne, l'Espagnol Josep Borrel a même parlé d' «un coup d'État institutionnel».
Durant plusieurs jours, le général Oligui a multiplié, tambour battant, les pourparlers avec «les forces vives» du pays, recevant les partis politiques, les ONG, les oligarques, la presse et les dignitaires religieux pour en mesurer les attentes et les recommandations. Il insiste avec force sur la volonté de lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance dont les militaires ont fait leur cheval de bataille. Surtout, il annonce la tenue future d' «élections libres, transparentes, crédibles et apaisées» aussitôt que le pays sera doté par référendum d'une nouvelle Constitution, porteuse d'institutions plus démocratiques». Partant de là, le général Brice Oligui Nguema s'est dit hier «étonné» de la condamnation du coup d'État par des «institutions internationales», convaincu que la Garde présidentielle dont il est le chef et les forces de défense et de sécurité ont agi par souci d'éviter une «effusion de sang». «Notre étonnement est grand quand on entend certaines institutions internationales condamner l'acte posé par des soldats qui n'ont fait que respecter leur serment sous le drapeau: sauver la patrie au péril de leur vie», a-t-il soutenu.