L'ampleur des violences sexuelles au Soudan est «stupéfiante», alerte l'ONU
Plus de 120 personnes tuées dans l'État d'Al-Jazira
Les FSR sont en particulier «responsables de violences sexuelles à grande échelle dans les zones qu'elles contrôlent», indique le communiqué. «La grande majorité des cas de viols et autres formes de violence sexuelle documentés» dans le rapport sont attribués aux FSR et, pour la région du Darfour, à leurs alliés, les Janjawid, une milice.
Plus de 120 personnes ont été tuées dans l'État d'Al-Jazira (centre du Soudan) lors d'une attaque des Forces de soutien rapide (FSR), qui ont assiégé, vendredi passé, des villages entiers de cette région, selon un nouveau bilan annoncé, lundi, par le ministre de la Santé. «Les Forces de soutien rapide (FSR) ont commis un massacre contre les citoyens d'Al-Sariha dans l'État d'Al-Jazira (...) qui a fait plus de 200 blessés et 124 martyrs», a indiqué le ministre de la Santé, Haitham Mohamed Ibrahim. Son ministère «travaille à fournir des médicaments et à soigner les blessés et les malades dans les zones assiégées de manière urgente», a-t-il ajouté. Le Soudan est le théâtre depuis, avril 2023, d'un conflit opposant l'armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR). Le conflit a provoqué le déplacement de plus de 11 millions de personnes, dont 2,9 millions ont fui vers les pays voisins, et entraîné une grave crise humanitaire, avec près de 25 millions de personnes ayant besoin d'aide, d'après les Nations unies Les viols, y compris collectifs, sont «généralisés» au Soudan après 18 mois de guerre civile, selon un rapport d'enquête de l'ONU publié hier, qui met en majorité en cause les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). «L'ampleur des violences sexuelles que nous avons constatées au Soudan est stupéfiante», a déclaré le président de la Mission d'établissement des faits sur le Soudan, Mohamed Chande Othman, dans un communiqué. Les enfants ne sont pas épargnés par ces violences, tandis que les femmes et les filles sont enlevées à des fins d'esclavage sexuel, selon ce nouveau rapport. «Il n'y a plus d'endroit sûr au Soudan», a souligné Othman, dont la Mission qu'il préside a été créée à la fin de l'année dernière par le Conseil des droits de l'homme pour documenter les violations des droits humains commises dans le pays depuis le début du conflit en avril 2023. Après 18 mois de guerre entre le chef de l'armée soudanaise, le général Abdel Fattah Al-Burhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo, «la souffrance grandit de jour en jour, avec 25 millions de personnes ayant désormais besoin d'aide», a encore déploré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres devant le Conseil de sécurité. Le peuple soudanais subit chaque jour des souffrances plus grandes, vivant un «cauchemar» de faim, de maladies et de «violences ethniques massives» notamment au Darfour, a-t-il dénoncé. La guerre a fait plus de 11 millions de déplacés, dont près de 3 millions ont fui dans les pays voisins (y compris des ressortissants de ces pays), selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés. Les belligérants soudanais ont été accusés à plusieurs reprises de crimes de guerre pour avoir visé délibérément des civils et bloqué l'aide humanitaire dans ce conflit, selon l'ONU. En septembre, la Mission d'établissement des faits de l'ONU avait réclamé le «déploiement sans délai» d'une force «indépendante et impartiale» afin de protéger les populations civiles. Dans un premier rapport, ils avaient conclu que les deux parties en guerre «ont commis une série effroyable de violations des droits de l'homme et du droit international, dont beaucoup peuvent être qualifiés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité».
Dans leur nouveau rapport, les enquêteurs onusiens les accusent une nouvelle fois d'avoir «commis des violations massives des droits humains et du droit international humanitaire, dont beaucoup peuvent être assimilées à des crimes de guerre et/ou à des crimes contre l'humanité», y compris la torture, le viol, l'esclavage sexuel et la persécution fondées sur l'appartenance ethnique et le genre. Les FSR sont en particulier «responsables de violences sexuelles à grande échelle dans les zones qu'elles contrôlent», indique le communiqué. «La grande majorité des cas de viols et autres formes de violence sexuelle documentés» dans le rapport sont attribués aux FSR et, pour la région du Darfour, à leurs alliés, les Janjawid, une milice. Le rapport fait toutefois aussi état de «quelques cas» impliquant l'armée, y compris les services de renseignement militaire. Il relève que les civils déplacés à l'intérieur du pays ont tendance à fuir vers les zones contrôlées par l'armée, «d'où il leur est plus difficile de dénoncer» les violations commises par les militaires. La Mission d'enquête a également reçu des «informations crédibles» concernant des viols d'hommes et de garçons. «Sans obligation de rendre des comptes, le cycle de haine et de violence se poursuivra. Nous devons mettre un terme à l'impunité», a souligné Joy Ngozi Ezeilo, membre de la Mssion. Les enquêteurs demandent aussi que l'embargo sur les armes visant le Darfour soit étendu à l'ensemble du pays. Ils demandent aussi aux autorités de coopérer avec la Cour pénale internationale et de lui remettre l'ex-dictateur Omar El-Béchir. Ils réclament également la mise en place d'un mécanisme judiciaire international consacré à l'ensemble du territoire soudanais.