Principaux acteurs étrangers en Libye
Qui cherche quoi?
La Libye s'est enfoncée dans le chaos depuis la chute du régime autoritaire de Maammar El Gueddhafi en 2011, à la faveur d'un soulèvement soutenu par une coalition militaire emmenée par Washington, Paris et Londres, avec le feu vert de l'ONU. Ce riche pays pétrolier d'Afrique du Nord est déchiré par des violences impliquant notamment milices tribales, jihadistes et mercenaires. Il est également le point de départ de nombreux migrants désespérés qui entreprennent une périlleuse traversée de la Méditerranée pour rejoindre les côtes italiennes et l'Europe. Depuis 2015, deux autorités s'y disputent le pouvoir: le gouvernement d'union nationale (GNA), basé à Tripoli et reconnu par l'ONU, et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar dans l'Est de la Libye. Plusieurs pays étrangers y ont envoyé des combattants, attisant une guerre par procuration qui reflète les fissures géopolitiques du Moyen-Orient mais aussi les frictions au sein de l'Otan. Voici les principaux acteurs étrangers en Libye:
TURQUIE
La Turquie du président Recep Tayyip Erdogan est en train d'étendre son influence dans la région et en Méditerranée en particulier, avec notamment une implication dans la guerre en Syrie. En Libye, Ankara a fourni des conseillers militaires au GNA et y a également envoyé des miliciens syriens supplétifs de la Turquie, des drones et des systèmes de défense anti-aérienne. Ankara et le GNA ont signé en novembre un accord de «coopération militaire et sécuritaire» et un accord de délimitation maritime qui permet à la Turquie de faire valoir des droits sur de vastes zones en Méditerranée orientale, riches en hydrocarbures et convoitées par d'autres pays.
QATAR
Mis à l'écart par ses voisins arabes du Golfe et l'Egypte qui l'accusent de soutenir des mouvements islamistes radicaux, le Qatar soutient également le GNA. Sur le terrain libyen le riche petit émirat gazier est ainsi en concurrence avec les Emirats arabes unis qui appuient le maréchal Haftar, tout comme l'Egypte.
RUSSIE
La Russie de Vladimir Poutine étend elle aussi son influence dans la région, notamment en Syrie. En Libye, des mercenaires ayant des liens avec la société privée Wagner, considérée comme proche du président russe, sont engagés dans les combats aux côtés du maréchal Haftar. Selon des experts de l'ONU, le groupe Wagner a soutenu les forces pro Haftar avec «des opérations de combat et d'influence», des snipers et un appui technique.
L'armée américaine a accusé Moscou de fournir des avions de combat pour soutenir ces mercenaires. La Turquie et la Russie, qui se sont rapprochées au cours des dernières années, soutiennent des parties opposées en Libye et en Syrie.
EMIRATS ARABES UNIS
Les Emirats arabes unis, riche pays pétrolier du Golfe, a soutenu le maréchal Haftar pendant des années avec des avions de combat, des drones chinois et autres types d'armement moderne.
Les Emirats accusent le GNA d'être proche des Frères musulmans, à l'égard desquels Abou Dhabi a une politique de tolérance zéro. Ils seraient avec d'autres monarchies arabes du Golfe en train de financer l'intervention du groupe Wagner.
Le maréchal Haftar serait, selon un rapport de l'ONU, également soutenu par des combattants syriens pro-Damas et des mercenaires venus du Soudan et autres pays.
EGYPTE
L'Egypte, soucieuse de sécuriser ses frontières poreuses, a longtemps soutenu le maréchal Haftar dans l'Est de la Libye. En juin, après la progression des forces du GNA face à celles du maréchal Haftar sur le terrain, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sisi, a proposé un cessez-le-feu. Mais il a averti que Le Caire pourrait intervenir militairement pour stopper toute avancée vers l'Est des forces du GNA. Les relations avec Ankara sont tendues depuis que M. Sissi est arrivé au pouvoir en 2013 après avoir destitué Mohamed Morsi, membre des Frères musulmans, soutenus par Ankara.
FRANCE
La France reconnaît avoir apporté du renseignement au maréchal Haftar mais réfute tout soutien militaire dans son offensive contre Tripoli. La France dénonce les ingérences turques en Libye. Les tensions entre les deux pays sont montées d'un cran, particulièrement après un incident maritime entre deux bâtiments de guerre en Méditerranée. Il est «crucial» que l'Europe s'empare à bras-le-corps des dossiers géopolitiques méditerranéens, et reste maître de son destin, sans le laisser à «d'autres puissances», a déclaré lundi le président français Emmanuel Macron, évoquant sans les nommer la Turquie et la Russie. «S'agissant de la Libye, je veux redire ici combien sa stabilisation est fondamentale pour la sécurité de l'Europe et du Sahel», a-t-il souligné.
ITALIE
Ancienne puissance coloniale jalouse de son influence et de ses intérêts économiques notamment pétroliers, l'Italie elle soutient le GNA en Libye, un soutien qui aurait également pour priorité l'assèchement des flux de migrants.