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Droite et extrême droite françaises se dressent contre Macron

«Un défi dramatique»

Fatalement, la question de la responsabilité de la France coloniale dans l’oppression et l’exploitation effrénée de l’Algérie et du peuple algérien énerve, chaque fois qu’elle est soulevée, la droite et l’extrême droite françaises qui se livrent à une surenchère d’invectives et de procès politiques envers quiconque ose interpeller les mémoires. C’est ce qui est arrivé, hier, au président Emmanuel Macron, qui a eu des propos saisis au vol par les représentants des médias l’ayant accompagné en Israël pour la commémoration du 75ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, faisant le parallèle entre la guerre d’Algérie et la reconnaissance, par l’ancien président Jacques Chirac, de la responsabilité de la France dans la déportation des juifs pendant la Seconde guerre mondiale. Dans l’avion qui le ramenait en France, Macron a ressassé le discours qu’il a tenu au tout début de son investiture, se disant convaincu que la France aurait tout à gagner en revisitant la mémoire de la Guerre d’Algérie, entre 1954 et 1962, un travail essentiel, selon lui, pour émerger du « conflit mémoriel » qui « rend la chose très dure en France ». « Je suis très lucide sur les défis que j’ai devant moi, d’un point de vue mémoriel, et qui sont politiques. La guerre d’Algérie est sans doute le plus dramatique. Je le sais, depuis ma campagne. Il est là, et je pense qu’il a à peu près le même statut que la Shoah pour Chirac en 1995 », a-t-il insisté devant trois journalistes du Monde, du Figaro et de Radio J qui ont tôt fait de répercuter, chacun selon sa ligne, les propos du chef de l’Etat français. Régulièrement, méthodiquement, Emmanuel Macron revient à la charge depuis qu’il avait, au cœur de la campagne pour la présidentielle de 2017, créé la polémique en affirmant que la colonisation est bel et bien un « crime contre l’humanité ». Les mêmes esprits marqués par la nostalgérie qui avaient répliqué à Jacques Chirac avec la loi scélérate sur les « bienfaits de la colonisation » sont ressortis du bois pour sonner l’hallali contre Emmanuel Macron.
C’est ainsi que le chef de file des Républicains, un certain Bruno Retailleau n’a pas hésité à crier à « l’indécence. Après avoir qualifié la colonisation de ‘’crime contre l’humanité’’, il fait l’amalgame entre la guerre d’Algérie et le pire génocide de l’histoire humaine! », s’est-il étranglé, dans le Figaro, avant de tailler un costume de « double offense » au président de la République française. Ainsi, s’est-il fait l’avocat des «soldats français qui ont combattu en Afrique du Nord et qui se voient assimilés aux bourreaux de la pire espèce » et des « victimes de la Shoah puisque cet insupportable rapprochement revient à relativiser la monstruosité qu’a été l’Holocauste ». Le Crif n’oubliera pas cette envolée lors de son prochain dîner auquel le chef de file des Républicains sera forcément convié. D’autres ont eu un élan aussi outragé, parlant de « bombe à retardement pour notre avenir ». Mais la palme revient essentiellement à la présidente du Rassemblement national, né d’un passage au four crématoire du Front national paternel, Marine Le Pen qui a hurlé à « l’indécence absolue » et même à « l’obscénité ». Excusez du peu. Pour elle, « Emmanuel Macron est en pleine dérive ».Toutes ces réactions, aussi excessives qu’elles puissent être, ont un but et un seul : garder ou récupérer le vote des milieux nostalgiques du temps béni des colonies. Or, tel n’est pas le souci premier du chef de l’Etat français qui a souvent argué du fait qu’il est né « bien après la fin de la guerre d’Algérie » et que, par là même, il ne se sent pas concerné par tous ces débats inquisiteurs. Aussi, cherche-t-il à louvoyer selon les circonstances entre les pièges et les traquenards d’un champ historique où les morts se comptent en dimension fortement inégales, selon qu’on les contemple d’une rive ou d’une autre. Le « travail politique mémoriel » auquel aspire Emmanuel Macron, hors du contexte propre aux seuls historiens, n’est décidément pas pour tout de suite.

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