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Pendant que l’ONU fête le multilatéralisme

Washington joue la carte unilatérale

Au cours de ce sommet du 75e anniversaire, les dirigeants de quelque 180 pays doivent intervenir avec des discours enregistrés par vidéo à l’avance et ne devant pas excéder trois minutes. Mais l’administration Trump n’a dépêché qu’une diplomate de second rang, dans une nouvelle manifestation de son mépris pour l’ONU.

Les Etats-Unis devaient annoncer, hier des sanctions unilatérales très controversées pour renforcer la pression sur l'Iran au moment même où les Nations unies célèbrent le multilatéralisme. A l'approche de l'élection présidentielle du 3 novembre, le gouvernement de Donald Trump va déployer les grands moyens: il a convoqué pour 11h00 (15h00 GMT) une conférence de presse avec, entre autres, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin, le ministre de la Défense Mark Esper et celui du Commerce Wilbur Ross. Au menu, très probablement, l'annonce de mesures punitives américaines contre tout pays ou entité qui violera les «sanctions de l'ONU» contre l'Iran. C'est toute la complexité de l'affaire: les Etats-Unis sont quasiment la seule grande puissance à estimer que ces sanctions onusiennes sont à nouveau en vigueur, à la suite d'une procédure contestée qu'ils ont eux-même déclenchée. Mike Pompeo a en effet affirmé dans la nuit de samedi à dimanche que «toutes les sanctions de l'ONU contre la République islamique d'Iran auparavant levées» étaient de «retour». Ces sanctions avaient été levées en vertu de l'accord international conclu en 2015, lorsque Téhéran s'est engagé à ne pas se doter de l'arme nucléaire. Or le président Trump, jugeant insuffisant ce texte négocié par son prédécesseur Barack Obama, en a retiré avec fracas en 2018 les Etats-Unis, qui ont dans la foulée rétabli voire durci leurs propres sanctions bilatérales.
A présent, dans une pirouette juridique, les Etats-Unis invoquent leur statut de pays «participant» à cet accord pour activer le «snapback», ce que conteste la quasi-totalité des autres membres du Conseil de sécurité de l'ONU. Pour le reste du monde, donc, il ne s'est strictement rien passé ce week-end.
L'Iran a sans surprise raillé «l'isolement maximal» de Washington, en lieu et place de la «pression maximale» que les Etats-Unis prônent contre Téhéran.
Les Européens ont eux aussi estimé que la manoeuvre américaine était «sans effet en droit». Mais le geste de défi des Américains risque de créer une escalade internationale, car Mike Pompeo a promis des mesures américaines pour punir «ceux qui violent les sanctions de l'ONU». Il s'agirait de «sanctions secondaires», une arme redoutable car elle bloque l'accès au marché et au système financier américains à tous les contrevenants. Donald Trump, qui doit s'exprimer aujourd'hui à l'occasion de la grand-messe annuelle des Nations unies, entend en faire un emblème de sa politique de fermeté envers et contre tous, alors qu'il est en retard dans les sondages à six semaines de briguer un second mandat. Or hier, à l'ouverture d'un sommet virtuel célébrant les 75 ans de l'ONU, son secrétaire général Antonio Guterres a justement déploré «un déficit de solutions multilatérales» face aux trop nombreux «défis multilatéraux». «Personne ne veut d'un gouvernement mondial - mais nous devons travailler ensemble pour améliorer la gouvernance mondiale», a-t-il ajouté alors que, selon des experts, la pandémie de Covid-19 a cruellement mis en lumière la perte d'efficacité du système multilatéral face à la pire crise depuis la Seconde Guerre mondiale. «Dans un monde interconnecté, nous avons besoin d'un multilatéralisme en réseau, dans lequel la famille des Nations unies, les institutions financières internationales, les organisations régionales, les blocs commerciaux et d'autres collaborent plus étroitement et plus efficacement», a plaidé le chef de l'ONU.Au cours de ce sommet du 75e anniversaire, les dirigeants de quelque 180 pays doivent intervenir avec des discours enregistrés par vidéo à l'avance et ne devant pas excéder trois minutes. Parmi eux, le Chinois Xi Jinping, le Turc Recep Tayyip Erdogan, le Français Emmanuel Macron ou le Vénézuélien Nicolas Maduro. Mais l'administration Trump n'a dépêché qu'une diplomate de second rang, dans une nouvelle manifestation de son mépris pour l'organisation mondiale.
Le président américain devrait toutefois intervenir, lorsque les même dirigeants commenceront, pendant une semaine, à s'exprimer lors de l'Assemblée générale annuelle de l'ONU, tenue également en raison de la pandémie de Covid-19 de manière virtuelle, avec des vidéos enregistrées ne devant pas dépasser chacune les 15 minutes.

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