Scandale de la vente de parrainages
68 personnes en détention provisoire
Trois autres personnes ont été placées sous contrôle judiciaire alors que 6 ont quitté le parquet libres de leurs mouvements.
La justice frappe fort dans la lutte contre la corruption politique! 68 personnes sont derrière les barreaux pour leur implication dans le scandale de la vente de parrainages pour la présidentielle du
7 septembre. «Le juge d'instruction près le Pôle pénal national économique et financier a ordonné le placement de 68 accusés en détention provisoire pour leur implication dans l'affaire de corruption ayant entaché l'opération de collecte des formulaires de souscription des signatures des prétendants à la candidature à la prochaine élection présidentielle», a indiqué, hier, un communiqué du parquet de la République près ce pôle. «3 personnes sous contrôle judiciaire alors que 6 autres ont été remises en liberté», ajoute la même source. Au cours des dernières 48 heures, le juge d'instruction du Pôle pénal économique et financier de la cour de Sidi M'hamed a mené un marathon judiciaire, auditionnant plus de 70 accusés. «Le parquet de la République près le Pôle pénal national économique et financier informe l'opinion publique qu'en date des 3 et 4 août 2024, 77 suspects, dont des prétendants à la candidature, ont été présentés à la Justice», souligne le même communiqué. Les chefs d'inculpation retenus contre eux sont les suivants: «Octroi d'un indu privilège, trafic d'influence, offre ou promesse de dons en numéraires en vue d'obtenir ou de tenter d'obtenir des voix d'électeurs, abus de fonction, obtention de dons en numéraires ou de promesses de voix électorales et escroquerie», lit-on dans le communiqué. Cette opération judiciaire révèle l'ampleur du scandale. Elle met en scène trois prétendants à la candidature ainsi que des élus locaux de plusieurs wilayas, dont Oran, Tiaret, Annaba, Sidi Bel Abbès, Alger et Blida. L'affaire a éclaté après que des dépassements ont été signalés à la justice concernant trois candidats à la candidature. Une enquête a alors été diligentée. Le procureur général près la cour d'Alger, Lotfi Boudjemaa, avait fait part à l'opinion publique de ce scandale lors d'une conférence de presse tenue jeudi dernier. «Agissant sur la base d'informations fiables, nous avons déclenché cette enquête», avait-il déclaré. «Les services de l'enquête judiciaire de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont entamé une enquête préliminaire approfondie ayant révélé l'existence de trois niveaux, chaque niveau se rapportant à une catégorie spécifique», a ajouté le magistrat. Les mots étaient lourds de sens. Ils ont provoqué une véritable onde de choc à travers tout le pays. L'indignation était palpable, non seulement parmi les responsables politiques, mais aussi au sein de la population. Car, les détails sordides de l'affaire nous donnent la chair de poule. Combien «coûte» un élu? Vendu pour moins cher qu'un smartphone, entre 20 000 et 30 000 DA. Le procureur général près la cour d'Alger a relevé «l'audition de plus de 50 personnes parmi les élus qui ont reconnu avoir reçu des sommes allant de 20 000 à 30 000 DA en échange de parrainages de ces prétendants à la candidature». Les Algériens sont indignés. Ils se sentent trahis. Heureusement que, cette-foi-ci, la réaction des autorités fut sans équivoque. La série d'arrestations et de présentations devant la justice, une première dans les annales de l'Algérie pour une telle affaire, témoigne de la volonté des hautes autorités du pays de mettre fin à ces pratiques. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, connu pour sa lutte acharnée contre la corruption et la bureaucratie, s'était engagé à séparer l'argent sale de la politique. La nouvelle loi électorale, sévère et intransigeante, qu'il a promulguée a traduit sur le terrain son engagement formel. Elle est l'une de ses «armes» dans cette croisade contre les pratiques corruptrices. Le message est sans appel: la corruption n'a pas sa place dans la nouvelle Algérie.