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Professeur Ben Attou Ziane, ministre de la Transition énergétique et des Énergies renouvelables, à L’Expression

«Alger sera la vitrine de la transition énergétique»

C'est une véritable révolution sur les us et la culture de consommation énergétique des Algériens, que doit mener le ministre de la Transition énergétique, en vue d'asseoir la stratégie nationale en la matière. Un chantier immense auquel s'affairent le jeune professeur Ben Attou Ziane et son équipe. Néanmoins, pour ce dernier, il faut avant tout prioriser les actions, car l'éventail des programmes et des tâches à mener est assez large et assez important.

L'Expression: Monsieur le ministre, vous venez d'hériter d'un portefeuille assez sensible et difficile en même temps? Quelle est votre stratégie en la matière?
Ben Attou Ziane: La transition énergétique est une nécessité vitale pour l'Algérie. La stratégie du secteur de la transition énergétique en la matière est assez globale. Nous devons nous inscrire dans cette stratégie nationale bas carbone et, partant mettre en oeuvre les nouvelles réglementations nécessaires aux fins d'asseoir les nouvelles normes. Dans ce cadre, permettez-moi de vous signaler qu'il y a des priorités qui s'imposent à nous, en matière de transition énergétique. C'est-à-dire dans l'immédiat. Pour le court et moyen terme, mais aussi le long terme, notre stratégie définit les grands axes à mettre en oeuvre pour concrétiser la politique dans ce domaine. En matière de priorités, nous avons un ensemble d'opérations et de programmes que nous avons déjà mis en oeuvre, pour la plupart. D'autres opérations sont en phase de lancement. Il convient de préciser que, dans un premier temps, il est indispensable de lancer des projets pilotes et des retours d'expériences sur les solutions qui existent et qui fonctionnent déjà.

Justement, comment envisagez-vous d'articuler une telle stratégie sur le terrain?
Comme je vous l'ai déjà dit, il faut être pragmatique. Il y a des priorités dans notre approche de travail. Des dossiers dont l'urgence est plus qu'avérée. Pour le moment, la priorité est à l'exploitation du potentiel énergétique dont dispose notre pays. Nous devons aborder les aspects de la généralisation des produits, qui peuvent concourir à l'économie des ressources, et produire une meilleure performance énergétique et environnementale. Notre stratégie s'articule sur trois axes majeurs, à savoir produire, concevoir et transformer durable. Concrètement, nous venons de lancer conjointement avec la wilaya d'Alger, un ambitieux programme de solutions énergétiques dénommé «Alger durable». En 2022, Alger constituera la vitrine en matière de transition énergétique. Ce programme est basé sur des évaluations énergétiques des opérations de l'éclairage public performant, déjà réalisées, des différents équipements publics et d'un ensemble (échantillons représentatifs) de bâtiments résidentiels. L'objectif étant d'aboutir à un projet pilote «quartier durable», qui profitera à la mise en place de solutions énergétiques innovantes.
Cela suppose tout un programme et toute une méthodologie de travail pour aboutir à des résultats probants: Absolument. Pour ce qui est de ce projet, l'approche étant d'intégrer ces solutions énergétiques dans notre manière de concevoir nos cités dans l'avenir. Nous devons intégrer les solutions de kits énergétiques dans les programmes de l'habitat dans toutes ses formules, y compris le social. Les solutions que nous devons intégrer doivent englober l'isolation thermique, le double vitrage, le photovoltaïque, etc.... Le plan d'urbanisme doit être enrichi par ces éléments indispensables. L'urgence aujourd'hui est d'intervenir, par exemple, au niveau des leviers de résilience des bâtiments dans nos cités. Cela, en intégrant des systèmes énergétiques particulièrement innovants et durables couplés à des usages économiques existants. Tout cela nous permettra de gagner en économie et en performance. Le gain d'énergie passe inévitablement par des opérations diverses et multiples. Il y aura tout un audit énergétique auquel nous allons procéder, avec à l'appui une cité avec un échantillon de 1 000 à 1 500 ménages au départ. Parallèlement à cela, des mesures de généralisation de l'utilisation des LED, en matière d'éclairage public devront être prises. Pour les villes, il faut privilégier un éclairage public intelligent, essentiellement en photovoltaïque. On passera, ensuite à la consommation énergétique des équipements publics, dont les mosquées, ainsi que les établissements scolaires, dans un premier temps.
Quelles sont, justement, les incidences d'une telle approche sur la consommation globale? On peut arriver à 80% d'économie, d'épargne d'énergie électrique. Quelqu'un qui paie 80 000 DA, n'en paiera en définitive que 10 000 DA. Et ce n'est pas compliqué. Nous pouvons procéder au remplacement du parc de lampes classiques énergivores, par un autre plus économique le LED, qui est à notre portée. Une transition énergétique au profit d'une consommation intelligente et performante. À ce titre, le secteur envisage de revoir à la hausse le seuil de l'opération d'un million d'ampoule LED à lancer en direction des ménages. Nous consommons 21 milliards de dollars d'équivalents énergétiques en consommation domestique d'électricité et 8 milliards de dollars d'équivalents énergétiques pour le gaz. C'est vous dire.

Qu'en est-il du volet de la production en matière de solutions énergétiques? Disposez-vous d'un éventail confortable pour lancer des projets d'une telle envergure?
L'Algérie dispose d'une technologie de fabrication de LED qui est à la pointe. Nous avons de plus en plus d'usines qui se lancent dans la fabrication de ces ampoules économiques. La production annuelle nationale équivaut à une centrale électrique d'une capacité de 300 à 400 MW. Seulement, il y a un souci à résoudre, cependant. Nous devons mutualiser les moyens existants pour aboutir à un produit photovoltaïque de qualité. D'abord, une mutualisation entre les privés eux-mêmes, ensuite entre le privé et le secteur public. C'est impératif. En fait, nous sommes en phase d'élaborer une stratégie, qui serait à même de réorganiser le secteur pour une efficacité énergétique optimisée, et une optimisation des performances du secteur en entier. Il y a une production nationale que nous devons encourager et accompagner, parce que ça rentre dans le sillage de la politique de notre secteur et du plan d'action engagé sur le terrain. Dans ce contexte, il serait judicieux de préciser que l'État subventionne ce secteur à hauteur de 50%, en guise de mesures d'incitation.

Est-ce qu'il y a d'autres branches d'activités qui pourraient faire l'objet de mesures d'accompagnement et de soutien?
Oui, effectivement. Nous avions le projet du prototype algérien de chauffe-eau solaire 100% algérien. Nous avons exigé un minimum de taux d'intégration de 90%. Cela, pour éviter l'importation. On va le présenter au Ccder pour les tests d'usage. Et, normalement, on passera à la mise en place dans les plus brefs délais. Tout est en place. Nous avons retenu 7 enreprises algériennes pour la fabrication de ce prototype, parmi les 50 entreprises initialement sélectionnées. Dans ce process, tout comme dans celui des LED, il y a des cas de figure où la responsabilité sur les produits est partagée entre le ministère de la Transition énergétique et d'autres secteurs ministériels, dont celui de l'industrie, à titre d'exemple. Mais nos actions restent concertées et coordonnées, en vue d'un résultat définitif pour l'intérêt général.

Qu'en est-il du projet de la centrale de production électrique?
Un avis d'appel d'offres a été lancé, concernant ce projet de production d'électricité de 1 000 MW, dont le lancement est imminent. Le projet est en finalisation, on a juste quelques contraintes administratives, que nous sommes en phase de solutionner. Le projet aboutira incessamment.

Le projet de la voiture électrique est-il, également, au menu des opérations à lancer?
Pour ce qui est des voitures électriques, l'option a été retenue avec 15% de quotas dans les cahiers des charges des concessionnaires. Il y a des projets de l'électromobilité individuelle et celle collective, à l'échelle de l'ensemble des régions du pays. Néanmoins, on doit suivre la cadence des actions sectorielles. En fait, nous devons prioriser les actions et les programmes que nous devons piloter sur le terrain. En plus, sur le plan technologique ce n'est pas aussi difficile. C'est même très abordable la technologie de la voiture électrique. Nous avons énormément d'ateliers de mécanique, qui pratiquent la technique de Rétrofit+, qui est une conversion électrique consistant à transformer tout type de véhicule à moteur thermique, essence ou diesel, en énergie électrique. Il y a effectivement, le volet de la batterie qui coûte relativement cher. Mais, nous avons l'avantage de fabriquer chez nous, en Algérie les composants de ce produit... d'ailleurs, il y a un privé algérien qui le fait chez nous. C'est le groupe Amimer, spécialisé dans la fabrication et l'installation de groupes électrogènes et de centrales électriques.

Pour tout cela, il faudra prévoir un ancrage juridique et législatif adapté à cette transition énergétique?
Il y a une nouvelle loi sur l'énergie, qui est en cours d'élaboration et à laquelle nous participons à travers des propositions tangibles et pratiques. Il faut aboutir à des textes de loi qui vont organiser tout cela. Une loi qui interdira, à titre d'exemple, l'utilisation des ampoules énergivores. Qui se prononcera, par ailleurs, en faveur d'un accompagnement et un renforcement des efforts de la production locale du LED. Dans ce contexte, je n'oublierais pas de mentionner aussi qu'il est impératif de plafonner les seuils tolérables de consommation de l'énergie électrique... Nous devons nous prononcer en faveur d'une législation et une réglementation adaptée sur la tolérance de consommation maximale pour certains produits et appareils électriques et électroniques. Il y a également le volet relatif à la sensibilisation et les campagnes d'explication que nous comptons engager auprès du grand public, afin d'infléchir la courbe actuelle en matière de consommation et d'efficacité énergétique.

Qu'en est-t-il pour ce qui est de l'intersectorialité et le partenariat pour renforcer le volet de la formation et le recyclage?
Nous avons signé un mémorandum avec la formation professionnelle pour la formation des formateurs en matière d'énergies renouvelables. Nous visons dans l'avenir à aboutir à l'éclosion de métiers comme celui de conseillers énergétiques, qui seront mis à la disposition des décideurs locaux, pour des villes durables. Aussi, pour l'accompagnement de la filière de production de LED de qualité, et autres branches d'activités, des programmes de partenariats doivent être envisagés, notamment pour ce qui est de la mise en place des laboratoires de contrôle.

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