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La Commission algéro-française, Histoire et Mémoire, s’est réunie

Algérie-France : place au vrai dialogue

La commission préconise la «levée des entraves administratives françaises devant les chercheurs algériens».

Le dialogue mémoriel algéro-français débute enfin. Il a pour cadre la Commission conjointe d'historiens algériens et français Histoire et Mémoire. Annoncée en août 2022, lors de la visite officielle du président Macron en Algérie, cette instance centrale du partenariat entre les deux pays, s'est réunie, mercredi dernier, en présentiel à Constantine, plusieurs mois après une prise de contact par visioconférence. Au regard du communiqué qui a été rendu public, hier, la réunion a été visiblement un succès et les bases d'un dialogue scientifique d'une Histoire en partage entre l'Algérie et la France ont bel et bien été amorcées. Le communiqué de cette instance de dialogue rapporte que l'ordre du jour a porté sur «les archives, la bibliographie, la chronologie, les biens pillés et autres». Le décor ainsi planté, il a été retenu «la remise de 2 millions de documents numériques sur la période coloniale, 29 rouleaux et 13 registres, constituant 5 mètres des archives restantes relatives à la période ottomane, soit avant 1830». Un trésor documentaire qui permettra de faire la lumière sur la nature de l'État algérien avant la colonisation et ses relations avec la France. Entrant dans le vif du sujet, c'est- à- dire la période post-1830, les historiens algériens et français sont tombés d'accord sur le principe de la constitution d' «une bibliographie commune de recherches et de sources imprimées et de manuscrits remontant au XIXe siècle pour imprimer, numériser et traduire les plus importants vers l'arabe et le français, en oeuvrant à récupérer tout ce qui peut l'être».
Dans un esprit scientifique, les deux parties ont abordé le sujet des «crimes coloniaux durant le XIXe siècle», en adoptant la démarche qui consiste à «continuer à réaliser une chronologie» de ces crimes.
Les historiens ont également réglé la question en rapport avec les biens spoliés, notamment ceux qui «symbolisent la souveraineté de l'État de l'émir Abdelkader et des chefs de la résistance populaire». Cette reconnaissance, de fait, de l'existence de l'État algérien, sera accompagnée par la restitution de tous «les crânes restants» des résistants algériens entreposés dans le musée de l'Homme en France. La Commission a aussi entériné l'acte de poursuivre «l'identification des restes qui remontent au XIXe siècle, outre le recensement des prisonniers algériens avec établissement d'une liste nominative». Ces décisions de base, à n'en pas douter, feront avancer le dialogue mémoriel entre l'Algérie et la France dans la sérénité, d'autant plus que la bonne volonté des historiens va jusqu'à mettre en place «un programme d'échange et de coopération scientifique». Lequel «prévoit des missions de chercheurs et d'étudiants algériens en France ainsi que des missions françaises en Algérie». C'est là un pas de géant et un précédent dans les relations entre les deux pays, sachant que ces échanges prévoient une consultation libre des archives, puisque la commission préconise la «levée des entraves administratives françaises devant les chercheurs algériens».
La commission promet l'approfondissement du débat scientifique, à travers l'«organisation d'évènements scientifiques conjoints au cours de l'année universitaire 2024-2025 et l'ouverture d'un portail électronique commun dédié à la période coloniale (1830-1962)». Le communiqué relève enfin, le respect mutuel qui a dominé cette réunion de la Commission. De bon augure. 

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