Algérie-inde
Au nom de l’amitié et des valeurs communes
New Delhi tient à renforcer ses relations économiques avec un pôle économique qui compte au Maghreb.

La présidente de l'Inde, Droupadi Murmu, qui est à Alger, dans le cadre d'une visite d'État, sur invitation du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, porte un message fort: «Les liens de ce pays avec l'Algérie ne datent pas d'hier. Les deux nations ont partagé des valeurs communes». L'Inde a, en effet, très tôt pratiqué une politique d'amitié auprès des premiers responsables de l'Algérie indépendante, notamment avec feu Houari Boumédiène. Les valeurs socialistes, le non-alignement et, plus généralement, la coopération Sud-Sud, ayant été le socle de grandes affinités entre les dirigeants indiens et algériens, ce qui a permis de baliser les voies d'une coopération qui s'était intensément manifestée jusqu'à la fin des années 1980.
Les relations entre l'Inde et l'Algérie ont, en fait, toujours été cordiales: les chefs d'État et de gouvernement de part et d'autre ont continué d'entretenir des contacts de haut niveau, avec les visites, en Algérie, des Premiers ministres indiens Indira Gandhi en 1973 et Rajiv Gandhi en 1985, puis les visites du président Bendjedid en Inde en 1982, 1983 et 1987. Le président Abdelaziz Bouteflika avait, quant à lui, été invité à la célébration de la fête de la République de l'Inde qui a eu lieu du 24 au 29 janvier 2001. Depuis cette date, les relations entre les deux pays ont gagné en dynamisme.
Le gouvernement indien a, par la suite, marqué son amitié pour l'Algérie en promettant une aide humanitaire de 1 million de dollars pour les victimes du tremblement de terre qui avait touché les régions d'Alger et de Boumerdès en 2003. Aussi, et alors que la courbe des échanges commerciaux prenait son envol, des fleurons de l'industrie indienne parvenaient à effectuer de fulgurantes percées commerciales sur le marché algérien. L'on cite, à ce titre, le fabricant Maruti-Suzuki qui avait brillé par ses performances sur le sol national. Le groupe, qui a approché le marché algérien en 2000, voyait ses ventes décoller à partir de 2006-07. Il détenait alors 6% du marché algérien de l'automobile. L'Algérie fut, à ce moment- là, son premier marché à l'exportation, avec 17 000 véhicules exportés en 2011-2012, devant le Sri Lanka et l'Indonésie.
L'Algérie constituait surtout le deuxième partenaire commercial de l'Inde au Afrique du Nord, après l'Égypte. Les échanges commerciaux ont, par la suite, fini par s'essouffler quelque peu, comme révélé par l'ambassade de l'Inde en Algérie.
Les échanges entre les deux pays ont atteint un pic de 2,9 milliards de dollars en 2018, avant de chuter à 1,5 milliard de dollars en 2021 «en raison de l'impact de la Covid-19 et des stratégies de restriction sur les importations, adoptées par l'Algérie». Le commerce a rebondi de 24% en 2022 pour atteindre les 2,1 milliards de dollars, sachant que l'Inde exporte vers l'Algérie en 2023-2024 l'équivalent de 848,16 millions de dollars, le gros de ces exportations étant constitué principalement de riz, de produits pharmaceutiques, de polyéthylène téréphtalate, de granit et de viande. L'Inde importe à partir de l'Algérie l'équivalent de 885,54 millions de dollars (2023-2024) en huiles de pétrole, GNL, phosphates de calcium naturel et méthanol saturé. À la lumière de ces données, il est aisé de comprendre que New Delhi, qui déploie une nouvelle diplomatie, tient à renforcer ses relations économique avec un pôle économique qui compte au Maghreb et à l'échelle régionale, à savoir l'Algérie. Cette dernière tient à son tour à profiter du dynamisme des économies asiatiques et donc de l'économie indienne. Notons que la visite de Droupadi Murmu à Alger a pour toile de fond un événement majeur, historique et inédit; la Cour de justice de l'Union européenne (Cjue) a décidé que le Sahara occidental est un territoire distinct et séparé des territoires marocains, et que le Front Polisario est le seul représentant légitime du peuple sahraoui.