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Enquête/Habillements, accessoires, pièces détachées et... médicaments

Au royaume de la contrefaçon sur la Toile

À l'heure où l'e-commerce façonne notre quotidien, les arnaques pullulent comme des champignons.

Le e-commerce connaît de beaux jours en Algérie. La vente en ligne est véritablement une tendance dans tout le pays. Les avantages en termes de communication, d'achat, les coûts abordables et la diversité des produits ont créé un écosystème en plein essor. Cependant, la «spécificité» algérienne a propulsé les ventes en ligne principalement sur les réseaux sociaux, notamment sur la Marketplace de Facebook, éclipsant ainsi des géants tels que Ouedkniss ou Jumia. Mais derrière cette réussite apparente se cache un sombre revers: le royaume de la contrefaçon! Dans ce marché en ligne foisonnant, l'arnaque et la contrefaçon prolifèrent!
Les grandes marques sont fortement représentées par des copies de plus en plus moins... pâles. Des produits de luxe affichant des prix dérisoires, telles des montres valant 20 000 euros proposées à seulement... 20 000 DA, ou des parfums de renom vendus à des prix défiant toute logique. «Je me suis fait avoir en achetant un parfum en ligne, pensant qu'il était authentique», confie Omar, un médecin qui a découvert trop tard la supercherie. «J'ai payé moins cher que le prix habituel, mais la qualité était médiocre. Une fois utilisé, l'odeur a vite viré», déplore-t-il avec amertume. Comme lui, de nombreux acheteurs se retrouvent piégés par des vendeurs sans scrupules, utilisant des arguments fallacieux tels que la mention de produits «testeur original» ou de soi-disant «déstockage européen ou américain». L'appât du gain pousse certains à succomber à ces offres alléchantes, ignorant parfois les signes évidents de la contrefaçon. Des montres soi-disant de marque à prix cassés se révèlent être des copies bas de gamme en provenance de Chine, et malgré la qualité, parfois surprenante de l'imitation, le prix devrait éveiller les soupçons les plus légitimes.

Des «sortilèges» envoûtants
Toutefois, dans cet univers en ligne où les frontières entre authenticité et tromperie s'estompent, il est difficile de ne pas tomber dans les filets de cette nouvelle ère de contrefaçon décomplexée. «Les vendeurs ne manquent pas d'arguments pour convaincre les clients et les faire tomber dans le panneau», souligne Samir, un habitué des achats en ligne. Sur internet, où l'émotion du vendeur ne peut être captée et où la photo est souvent le seul contact avec le produit, les pièges se multiplient. Les photos peuvent être téléchargées de manière frauduleuse pour donner l'illusion de la qualité du produit. Ces stratagèmes, mis en place par des commerçants loin d'être des experts en marketing, révèlent un talent inné pour la persuasion. Leur arsenal marketing, combinant vidéo séduisantes, images trompeuses et discours captivants, agit comme un sortilège sur les consommateurs, leur laissant peu de place au doute. «Ils utilisent toutes les techniques du marketing digital, des vidéos, des photos, de beaux discours, et parfois même font appel à des influenceurs», explique Amira, une jeune acheteuse en ligne.
Les publicités ciblées bombardent les internautes toute la journée, les incitant finalement à céder à la tentation et à effectuer un achat. Ces vendeurs ne manquent pas d'imagination, comme en témoigne la technique du «pack». «Ils proposent plusieurs produits en un seul lot pour vous faire croire que vous avez fait une bonne affaire», déclare Fatima, une utilisatrice des réseaux sociaux. Ces packs, alliant montres de luxe à des parfums, en passant par des vêtements et des accessoires, sont présentés comme des affaires du siècle, alors qu'en réalité la qualité est médiocre et la valeur bien moindre que le prix affiché.» «Inconsciemment, on croit que l'on a fait l'affaire du siècle alors qu'en réalité tout le pack ne vaut pas grand-chose», déplore Youssef, un consommateur désabusé.
Malgré cette prise de conscience, la séduction opère toujours, et les acheteurs continuent de succomber aux mirages de l'e-commerce, alimentant ainsi le royaume de la contrefaçon sur internet.

Qui alimente ce grand «souk»?
«Ces petites arnaques peuvent sembler insignifiantes lorsqu'il s'agit de vêtements ou d'accessoires, mais quand il s'agit de parfums, cela devient dangereux pour la santé», prévient Leïla, une consommatrice avisée. Malheureusement, cette nouvelle génération de commerçants ne se contente pas de cela. Des faux médicaments et des compléments alimentaires, potentiellement nocifs pour la santé, pullulent sur la Toile, vantant mille et une vertus sans subir aucun contrôle, ni sur leur origine ni sur leur composition. «Pis, de fausses lunettes de soleil sont vendues comme authentiques, mettant en danger la vue des consommateurs», alerte Fayçal A., opticien de profession. De même, des pièces détachées contrefaites, telles que des plaquettes de frein ou des huiles pour moteurs circulent librement sur internet, mettant en péril des vies humaines. Certes, les consommateurs ont une part de responsabilité en achetant ces produits en ligne, mais la force du marketing est indéniable. «À force de lire de faux commentaires positifs et d'être submergés de publicités, même les plus réticents finissent par être convaincus», constate Nassim, un analyste en marketing. Face à cette réalité inquiétante, il est temps d'agir. Au-delà des responsabilités individuelles, c'est un effort collectif qui doit être déployé pour endiguer ce fléau. La lutte contre la contrefaçon est un combat de tous les instants où, chaque acteur, qu'il soit consommateur, commerçant ou représentant gouvernemental, doit jouer un rôle actif. Le ministère du Commerce est appelé à sévir, et une réglementation stricte doit être mise en place pour contrôler ce marché en expansion. «Il est crucial de savoir d'où viennent ces produits, comment ils entrent dans le pays et par quels moyens ils parviennent à être vendus en ligne», insistent les associations de protection des droits des consommateurs. Ils réclament un cadre juridique clair, inspiré des pratiques internationales telles qu'Amazon ou AliExpress, avec des mécanismes de protection des clients. Une sensibilisation accrue est également nécessaire pour éduquer les consommateurs sur les risques de l'achat en ligne. «Ceux qui continuent d'être des pigeons devront assumer leurs responsabilités», conclut Samia, une avocate spécialisée dans les droits des consommateurs. À l'heure où l'e-commerce façonne notre quotidien, Il est temps de mettre fin à ce grand «souk» numérique et de protéger la santé et les intérêts des consommateurs algériens. Les achats en ligne ne doivent plus rimer avec risques et tromperies.

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