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Massacre du 17 octobre 1961

Chronologie d’un crime d’état

Tranchant avec les pratiques barbares et inhumaines du colonisateur français, les activités de la Fédération de France avaient ciblé des installations économiques, militaires ou politiques.

Longtemps occultés de la mémoire collective et de l'histoire officielle française, le massacre du 17 octobre 1961, est en passe d'intégrer l'histoire coloniale de la France contemporaine. Baptisée «Guerre de Paris», par une frange de politiciens relayés par des médias français, le massacre de Paris a constitué un tournant décisif dans l'histoire de la Libération nationale. Retour sur la chronologie d'un massacre abject, un crime contre l'humanité, longtemps évacué de la mémoire collective des Français. Près de 60 ans après le massacre du 17 octobre 1961, la France est toujours retranchée dans sa dénégation officielle et systématique.
La Fédération de France du FLN aux avant-postes
Tout commence avec la nomination du sinistre Maurice Papon, en qualité de préfet de police de Paris en mars 1958. En vertu de son palmarès impitoyable accompli dans le Constantinois en Algérie, où il a commis les pires exactions et crimes contre l'humanité en sa qualité de préfet de cette ville algérienne, qui avait opposé une farouche résistance au colonialisme, Papon est parachuté pour «rétablir l'ordre dans la capitale française». La Fédération de France du FLN, qui avait réussi à unir les Algériens et à arracher l'adhésion de la communauté nationale, aux idéaux de la révolution nationale, avait fini par structurer le travail révolutionnaire sur le sol français. Tous les aspects de la vie quotidienne et sociale des Algériens en France, étaient réglementés par la Fédération de France, qui s'est intronisée à la tête de la plus forte communauté étrangère sur le sol français. Auparavant, la Fédération de France ou la «Septième wilaya» avait la lourde responsabilité de gagner l'opinion publique française, et celle européenne et mondiale à la cause algérienne, dans une plus grande envergure. Lancée sous la houlette de Mohamed Lebdjaoui en 1954, et par la suite passant sous le contrôle de Ali Haroune et Omar Boudaoud, cette première action devait viser les milieux intellectuels et mettre fin aux luttes intestines entre le FLN et le MNA.
Maurice Papon vs la révolution à Paris
La deuxième étape a été, sans doute, la plus décisive puisqu'elle a été basée sur une lutte armée et subversive sur le sol même du colonisateur. Tranchant avec les pratiques barbares et inhumaines du colonisateur français, les activités de la Fédération de France avaient ciblé des installations économiques, militaires ou politiques. Par la suite, soit de 1960 à 1961, la lutte armée sur le sol français prendra une tournure qualitative, à travers le ciblage des auxiliaires de police et les harkis collaborant avec les préfectures de police de Paris. On parle de centaines d'attentats contre des installations et des équipements publics du colonisateur sur son propre sol. Paris est alors submergé par les attentats et les actes de représailles de la révolution algérienne, organisés et structurés par la Fédération de France sur le sol français. Un détail qui a fini par exacerber les autorités françaises, qui ont opté pour l'option radicale. D'où l'appel à Maurice Papon pour prendre en charge le plan de «pacification» de la capitale. Une stratégie de terreur psychologique et physique est alors échafaudée, visant les Algériens établis en France. Des mesures exceptionnelles, les mêmes que celles appliquées en Algérie sous le sinistre Guy Mollet, sont alors édictées à l'encontre de la communauté algériennes dans l'Hexagone.
Chronologie du fatidique massacre
En septembre 1958, le général de Gaulle proclame le droit des Algériens à l'autodétermination (après pacification) par la voie d'un référendum. En décembre 1959, Papon installe sa force de police auxiliaire FPA aux méthodes radicales, un État dans l'État, comme l'avaient qualifié les historiens français, puisque bénéficiant du blanc-seing du préfet de police. En avril 1961, cafouillage impressionnant au sommet de l'État français au sujet des méthodes brutales et illégales de la FPA. S'ensuivit alors un jeu de coulisses qui finira par asseoir l'autorité des plus endurcis au sommet de l'État colonial. Un mouvement illustré par le Premier ministre d'alors, Michel Debré, qui autorisera l'internement et les arrestations arbitraires des Algériens, sans l'aval de la justice. Ce faisant, la multiplication des attentats de la Fédération de France accentue les tensions sur le sol français. Paris ressemble davantage à une ville sous siège, avec des barricades et des abris en béton placés devant les postes de police. L'État français décide alors d'instaurer le couvre-feu contre la communauté française musulmane, et c'est au sinistre Papon de mener à bien cette mesure arbitraire à l'endroit des Algériens. Au mois d'octobre 1961, Maurice Papon décide d'assujettir les Algériens à un couvre-feu entre 20 h 30 et 5 h 50. Les cafés et les commerces fréquentés habituellement par la communauté algérienne sont ciblés par des mesures strictes, sans compter les contrôles et les arrestations qui se sont multipliés. 14 000 Algériens sont alors fichés illégalement par les services de Papon. La tension est à son comble et la communauté algérienne est assaillie par l'intensification de mesures, de plus en plus, arbitraires et illégales. 17 octobre 1961, à l'appel de la Fédération de France du FLN, quelque 30 000 Algériens manifestent dans Paris, bravant l'interdit et le couvre-feu arbitraire, qui leur étaient imposés. Commence alors l'impensable. La police intervient férocement, pour empêcher les manifestations, en commettant un véritable génocide en plein coeur de la capitale française. Le bilan de ce massacre à ciel ouvert, est de 300 à 400 morts et des milliers de blessés. Le bilan officiel est quant à lui assez dérisoire. Loin de se contenter d'un tel crime massif, les autorités françaises ordonnent l'expulsion en masse des Algériens arrêtés lors de ces manifestations. Ainsi, 11 000 Algériens arrêtés lors de la manifestation du 17 octobre 1961 sont reconduits par la force, à coups de cars et d'autobus en direction des centres de tri, à Vincennes, au Palais des sports ou au stade De-Coubertin, selon les archives récentes des journaux français. Longtemps, ces faits qui ont été reproduits par des titres de la presse de gauche, ont été au centre d'un silence assourdissant, imposé de facto par les forces occultes du pouvoir français. De l'avis de grands historiens européens, dont des Britanniques particulièrement, le 17 octobre 1961 est qualifié de «terreur d'État» et «d'événements d'extrême gravité». Pour les historiens algériens, c'est un crime d'État caractérisé, qui doit faire l'objet
d'excuses et de reconnaissance officielle de la part de l'État français

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