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L'incroyable aveu de Ouyahia les fait se retourner dans leurs tombes

Comment consoler Abane et Ben Boulaïd?

Quand Ahmed Ouyahia lâchait, avant-hier, ses aveux, ahurissants, devant le juge, la première réaction était de dire que le «type» a perdu la raison après ce qu'il a subi depuis son arrestation.

Hélas, pour la République, non, il avait toutes ses capacités mentales et c'est peut-être pour la première fois de sa vie qu'il dit la vérité. Une vérité blessante. Seul le ressourcement dans l'Histoire de notre guerre d'indépendance peut nous aider à amortir ce terrible choc: deux exemples, deux hommes à la rescousse, Mustapha Ben Boulaïd et Abane Ramdane.
Le premier, l'homme d'Arris aux confins des Aurès, vend ses biens et déshérite ses frères pour financer la révolution. Il refuse un poste de député et une ferme en France contre le reniement de ses engagements. Lui qui était issu d'une famille riche et ses affaires prospères au début des années 1950, a préféré le maquis. Rien n'obligeait Ben Boulaïd à sacrifier ses biens, ceux de ses frères et ensuite sa vie, si ce n'est le sens de la dignité humaine et de l'amour pour sa patrie.
Prenons un second exemple. Izza Bouzekri Veuve Abane Ramdane, épouse de Slimane Dehilès, raconte qu'un jour, au début 1956, alors qu'elle se trouvait avec Abane, son mari, dans leur cache à Belcourt. «Je le regardais manger des pâtes avec de la sauce tomate. Sachant qu'il avait de sérieux problèmes d'estomac, je me suis ingéniée à lui donner un conseil à la limite du reproche: ‘'Arrête de manger cette sauce, elle va t'esquinter l'estomac. Tu es un chef de la révolution, prends de l'argent et achètes-toi de la viande ou autre chose''. Et Abane presque déconcerté me répond'' Quoi? Tu me vois moi toucher aux deniers publics?'' C'est la première fois de ma vie que j'entendais ce mot ‘'deniers publics''», avoue Veuve Abane Ramdane. Racontée en d'autres temps, cette anecdote n'aura aucune valeur, mais déclinée en ces moments précis que traverse le pays, elle met en relief l'ampleur de la trahison subie par l'Algérie. Entre ceux qui l'ont conçue et libérée au péril de leur vie et ceux qui l'ont gouvernée et arrimée au rang des pays les plus corrompus de la planète, la faille est très grande. Les premiers érigeaient les deniers publics au rang presque du sacré, les seconds s'adonnaient aux douces joies du pouvoir et se servaient à la louche. Ils ont commis une double trahison: celle du sang des martyrs et celle du peuple qu'ils ont berné en lui faisant croire qu'ils le gouvernent. Ouyahia recevait des émirs du golfe des cadeaux en lingots d'or qu'il vendait au marché noir. on ne sait pas grand-chose sur ce que dit la réglementation algérienne au sujet des cadeaux et autres présents, offerts aux fonctionnaires de l'Etat. Un commis de l'Etat est-il autorisé à recevoir et accepter un cadeau que lui offrirait un partenaire étranger? Ce cadeau lui est-il destiné en tant que personne ou au poste qu'il occupe? Combien de ministres et hauts responsables ont-ils reçu de cadeaux? En contrepartie de quoi? Y a-t-il des limites qui fixent ce genre de cadeaux?... la liste des interrogations est longue et complexe. Ne faudrait-il pas penser à une loi que doit avaliser le prochain Parlement? De nature à recadrer la situation, cette loi doit interdire à tout membre de l'Exécutif, tout élu, wali et P-DG, de percevoir des présents sous peine de poursuites judiciaires. Le propos est de mettre en relief le fossé qui sépare les responsables de l'Algérie indépendante, et ceux qui l'ont arrachée des griffes du colonialisme. Si nous sommes aujourd'hui aspirés par le désespoir et révoltés par la trahison des «clercs», les comportements individuels des hommes de la stature de Abane et de Ben Boulaïd nous rappellent des vérités absolues: la rapine, le clientélisme et le reniement n'ont jamais constitué les fondements d'une entreprise durable. Les ministres et les hauts fonctionnaires de l'Etat qui ont usé et abusé de leurs positions pour se servir et non servir la République, peuvent-ils se revendiquer de la lignée de Ben Boulaïd et de Abane?

De Quoi j'me Mêle

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