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Massacres du 8 mai 1945

Des acteurs témoignent

«C’est en 1945 que mon humanisme fut confronté pour la première fois au plus atroce des spectacles. J’avais vingt ans.»

Le 1er Novembre 1954, jour anniversaire de la Guerre de Libération nationale, a d'emblée marqué du sceau de la révolution armée le mouvement nationaliste et indépendantiste algérien, dont les germes couvaient au sein de la société autochtone depuis au moins les massacres du 8 Mai1945, faisant plusieurs dizaines de milliers de morts, pratiquement le jour même où Français, d'Algérie et de France, et Européens de toutes nationalités fêtaient dans la liesse la fin de la Seconde Guerre mondiale et la libération de leurs pays du nazisme. Kateb Yacine, l'auteur du célèbre livre Nedjma (1956), témoin oculaire des massacres du 8 Mai 1945 à Sétif, écrit: «C'est en 1945 que mon humanisme fut confronté pour la première fois au plus atroce des spectacles. J'avais vingt ans. Le choc que je ressentis devant l'impitoyable boucherie qui provoqua la mort de plusieurs milliers de musulmans, je ne l'ai jamais oublié. Là se cimente mon nationalisme.» Les prémices du nationalisme algérien et leur corollaire, le concept d'indépendance, remontent aux manifestations du lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Les manifestants, à l'exemple du jeune scout Saâl Bouzid, tué à 22 ans le drapeau algérien à la main, en ce
8 Mai 1945, à Sétif, scandaient des slogans de paix, de dignité et de liberté comme «indépendance» ou «l'Algérie est à nous». Mais ces manifestations, d'abord à Sétif, Guelma, Kherrata et Constantine, ensuite un peu partout dans le Constantinois et à travers toute l'Algérie, seront férocement réprimées dans le sang par l'armée, la police et les milices coloniales.
Le 1er Novembre 1954 est l'aboutissement d'un processus de 10 ans de maturation de la conscience nationale, intégrant les douloureuses épreuves de la nation algérienne, allant des
«enfumages du Dahra» du 18 juin 1845, où des centaines de personnes réfugiées dans des grottes furent exterminées par enfumage et asphyxie, aux massacres du 8 Mai 1945, dont le nombre de victimes est officiellement estimé à 45.000 morts et près de 100.000 blessés.
D'où l'adhésion quasi totale du peuple dès les débuts du soulèvement armé de Novembre 1954, et le fait, que les forces conjuguées de la France, cinquième puissance mondiale, et de ses alliés de l'Otan, n'auront pas réussi à empêcher d'aboutir à l'indépendance au bout de près de huit années de lutte acharnée. Et ceci malgré leurs matériels de guerre les plus sophistiqués de l'époque, les lignes Challe et Morice fermant les frontières avec la Tunisie et le Maroc, la pratique de la terre brûlée, les déplacements de populations et les camps de concentration, l'intervention de la Légion étrangère et des harkis, et surtout la systématisation de la torture en tant qu'arme de guerre non conventionnelle.
Parallèlement au processus de prise de conscience nationaliste, durant toute une décennie, a émergé un groupe d'élite d'encadrement idéologique et politique de la société algérienne ainsi que du mouvement insurrectionnel. Ce groupe va s'identifier, à ceux qui deviendront les six «chefs historiques» de la Révolution algérienne: Krim Belkacem, Mostefa Ben Boulaïd, Larbi Ben M'hidi, Mohamed Boudiaf, Rabah Bitat et Didouche Mourad à travers, d'abord, l'institution du Comité révolutionnaire d'unité et d'action (CRUA) et la création du Front de Libération nationale (FLN), le 23 octobre 1954.
Trois d'entre eux survivront à la guerre d'indépendance. Parmi eux, Krim Belkacem et Mohamed Boudiaf, au-delà du mystère qui entache toujours les conditions de leur tragique disparition des années après l'indépendance, incarneront des symboles idéologiques et politiques d'une importance capitale pour les Algériens. Après avoir rejoint le maquis à l'âge de 25 ans, en 1947, dans les massifs du Djurdjura, en Kabylie, Krim Belkacem sera signataire, en qualité de chef de la délégation algérienne, des accords d'Évian qui aboutiront au cessez-le-feu du 19 Mars 1962 et à l'indépendance le 5 Juillet puis il a continué la lutte dans l'opposition pour une «démocratie authentique» jusqu'à son assassinat politique à l'âge de 48 ans. Pour toutes ces raisons, il est devenu une véritable légende nationale. Au début de l'année 1954, face à l'armée de la 5ème puissance mondiale, les chances de succès du mouvement insurrectionnel qui ne comptait qu'un petit nombre de «maquisards de la première heure» paraissaient bien minces. Les premières actions du FLN, à travers sa branche armée, l'Armée de Libération nationale (ALN), furent des attaques sporadiques contre des installations militaires et de police, ou des équipements de communication et des bâtiments publics, principalement dans les régions de la Kabylie et des Aurès. Mais l'aspect désordonné de ces premières actions laissait supposer que ce soulèvement pouvait échouer à tout moment; d'autant que dès les premières attaques ciblant des sites militaires ou des commissariats de police, plusieurs cellules se faisaient déjà démanteler par les forces coloniales. Mais, parallèlement, les actions de sensibilisation menées par le FLN pour la cause nationale connaissaient un grand succès chez les autochtones autant dans les zones rurales que dans les villes et les villages. Il se produisit alors une dynamique populaire et révolutionnaire sur laquelle s'appuieront toutes les orientations prises par le mouvement insurrectionnel.
Soutenue moralement et matériellement en grande partie par la population des zones rurales, cette dynamique sera le facteur majeur du succès du FLN et de l'adhésion massive des jeunes Algériens à cette cause. En nombre, ils rejoignent les maquis pour devenir des moudjahidine.
Le congrès de la Soummam du 20 Août 1956, organisé par Abane Ramdane, en tant que secrétaire et présidé par Larbi Ben M'hidi, structure et organise la Révolution. À partir de ce congrès, une grande mutation se produira dans la dialectique même du discours du mouvement révolutionnaire ainsi que dans le comportement de celui que la France appelait «l'indigène», en ce sens que ce dernier deviendra de plus en plus responsable et motivé dans son engagement dans la lutte armée.
Au fil des années, la France perdait, peu à peu, le fleuron de son Empire colonial, l'Algérie française, voyant avec amertume, l'Algérie lui échapper. Elle découvre une nation d'indigènes qui refusent de continuer à faire allégeance à la «mère patrie». La puissance coloniale admet que sa politique d'assimilation a failli et que l'Algérie est bel et bien perdue. Ainsi, l'année 1962 sera celle des résolutions. Au bout de plus de 7 ans de guérilla, après de grands affrontements militaires, le FLN était en position de force diplomatiquement et amenait le général de Gaulle à parler de «la Paix des Braves» et à engager des négociations qui lui permettront de sortir du «bourbier algérien». La France fut contrainte de négocier avec ceux qu'elle a longtemps considérés comme des «terroristes». Alors que le FLN était à la tête d'un mouvement révolutionnaire qui portait réellement les convictions et les aspirations du peuple dans sa lutte pour son émancipation.

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