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Du Soudan à l’Algérie

Deux révolutions et une leçon

L’expérience montre que, traditionnellement, ce sont les régimes menacés ou, à tout le moins, contestés qui demandent ou proposent, selon les cas, une période de transition.

Contrairement à ce que beaucoup de gens imaginent, le Hirak ou Mouvement populaire de revendications n’est nullement spécifique à l’Algérie, excepté cette particularité des marches pacifiques et des comportements citadins qui ont, dit-on, « impressionné le monde ». Bien avant le 22 février 2019, il y a eu plusieurs évènements analogues en Espagne, en Grèce et, plus près de nous, au Soudan où la protesta a commencé début décembre 2018 et s’est poursuivie dans des conditions difficiles, parfois sanglantes, jusqu’à ces dernières semaines. Aussi, est-il intéressant de comparer les situations soudanaise et algérienne, sachant que les mobilisations populaires, dans l’un et l’autre pays, avaient pour soubassement des conditions à peu près identiques puisque, dans un cas, il s’agissait de mettre fin au règne sans partage du président Omar el Béchir, trente années durant, et, dans l’autre, il fallait barrer la route aux prétentions d’un Vème mandat du président Abdelaziz Bouteflika, terrassé par un AVC en 2013 et maintenu, bon gré mal gré, pour un mandat controversé.
L’expérience montre que, traditionnellement, ce sont les régimes menacés ou, à tout le moins, contestés qui demandent ou proposent, selon les cas, une période de transition. C’est ce qui s’est passé au Soudan où un Conseil militaire de transition a pris le relais du président El Béchir, d’abord écarté, puis carrément arrêté, sous la pression de la rue, lequel conseil a ensuite négocié, pas à pas, la nature du changement exigé par une vaste contestation dont les locomotives étaient les partis politiques de l’opposition, la société civile ainsi que certaines personnalités nationales. Les chefs de l’armée soudanaise ont mis des mois à organiser le passage de l’Etat El Béchir à un partage des rôles avec les civils, concrétisé, voici quelques jours à peine, par la mise en place du gouvernement Hamdouk et une instance présidentielle où les militaires conservent, malgré tout, une petite longueur d’avance. Mais cela s’est fait dans le sang et des centaines de manifestants ont payé le prix fort, à plusieurs reprises et dans plusieurs villes du pays. L’expérience de la transition, pilotée par l’armée, doit durer trois ans, au terme desquels le Soudan pourrait devenir démocratique, mais cela, on en est encore loin. En Algérie, les choses sont toutes autres. C’est l’armée, et elle seule, qui a barré la route à l’aventurisme du Vème mandat, contraignant Bouteflika à la démission et c’est le chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah, qui a levé le voile sur le rôle de son entourage, prêt à plonger le pays dans un état de siège aux conséquences imprévisibles.
En même temps, c’est bien l’armée qui a apporté son soutien inconditionnel aux revendications du Mouvement populaire, et cela dès les premières heures de la crise, promettant d’appuyer la marche vers une IIème République qui consacrerait les attentes légitimes du peuple algérien, en particulier sa pleine et entière souveraineté. Et, fait exceptionnel dans l’histoire des Mouvements populaires, c’est encore l’armée qui a affirmé l’incontournable nécessité du respect de la Constitution, unique voie de garantie de la stabilité des institutions.
Cela n’est pas fait pour arranger les affaires des pêcheurs en eaux troubles. Dès que quiconque plaide pour le dialogue et la solution de la crise, à partir d’une élection présidentielle tributaire des revendications mêmes du Mouvement populaire (transparence, honnêteté et intégrité du scrutin), il est aussitôt lynché sur les places publiques et sur les réseaux sociaux, et cela au nom de la…démocratie. Que s’est-il donc passé entre le moment où les manifestants du Hirak et les manipulateurs applaudissaient à tout-va l’Armée et le général de corps d’armée, vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah pour avoir imposé l’article 102 et ces derniers mois où les mêmes tirent à boulets rouges sur quiconque appuie le respect de l’ordre constitutionnel ? Là, on voit manifestement les motivations latentes des agitateurs professionnels qui instrumentalisent le mouvement, avec le soutien d’officines étrangères, aussi bien en Europe qu’au Moyen-Orient, et les objectifs qui leur sont assignés.
On devrait s’interroger, dès lors, sur ce qui pourrait se passer, au cas où l’institution militaire, moderne, disciplinée et structurée dans ses missions régaliennes de défense du pays et de sauvegarde des aspirations fondamentales du peuple algérien, conformément aux idéaux du 1er Novembre, n’assumerait pas son rôle de bouclier face aux tentatives de sape. Ainsi, doivent être comprises les démonstrations répétées de ses compétences multi-armes, et des exercices de haut niveau où la technologie de pointe est sans cesse présente et la formation de l’élément humain exemplaire. Il se trouve, entre autres différences, que l’Algérie n’a jamais permis que ses soldats deviennent de la chair à canon, monnayée à coups de sacs remplis de dollars, tels qu’on a pu en découvrir dans la maison du président soudanais déchu. Pour ceux qui s’en souviennent, peu après 2011, la convocation, lors d’un sommet de la Ligue arabe, d’une coalition militaire destinée à une guerre cruelle au Yémen a vu l’armée algérienne signifier une fin de non-recevoir qui n’est pas sans conséquence pour certains Etats du Golfe, dont l’ambition est de régenter les peuples récalcitrants. Ceci peut aussi expliquer cela…

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