Reportage
El Bahia respire la grande bleue
La ville s’est offert une cure de jouvence qui l’a rajeunie et embellie en même temps.
L'espace d'une manifestation, Oran retrouve son appartenance méditerranéenne. Une dimension déjà ostentatoire, le long de l'année, dans les us et coutumes de cette ville méditerranéenne, et de ses populations. Une dimension cosmopolite visiblement présente dans ses artères et dans son quotidien, dans ses décors et son ambiance radieuse, dans son bon vivre et la joie d'être de ses habitants. Les Jeux méditerranéens ont, finalement, réhabilité cette dimension séculaire, d'une ville résolument inscrite et tournée vers la modernité, l'hospitalité et la tolérance. Avec les préparatifs des Jeux méditerranéens, la ville couve une ambiance chaleureusement insolite et conviviale. À l'entrée sud-est de la ville, par l'autoroute Est-Ouest, C'est la ville d'El Kerma qui annonce la couleur. C'est le check-point de la Gendarmerie nationale, fluide et accueillant, situé à l'entrée de la wilaya, juste à côté du marché de gros de fruits et légumes de la wilaya, qui donne accès à la ville d'El Bahia. Ici déjà, le visiteur a un avant-goût de ce que va être la visite dans cette prestigieuse ville séculaire du Bassin méditerranéen. Tout au long du parcours, certains travaux sont encore en cours, pour parfaire l'image d'une ville, dont la renommée a transcendé les frontières et les époques. La ville s'est offert une cure de jouvence qui l'a rajeunie et embellie en même temps. Il faut dire que les autorités centrales du pays ont mis le paquet, sur instructions du président de la République.
Mais ce qui a, sans doute, rajouté à l'ambiance, c'est cette visite du président de la République, avec ces nouveautés et ces faits inattendus. En effet, la visite de Tebboune a enjolivé cette ambiance. Le président de la République qui a inauguré un ensemble d'ouvrages, dont le nouvel aéroport international d'Oran, le Village olympique, la station de dessalement de l'eau de mer, etc. a produit un effet impressionnant auprès des jeunes. «On a vu l'hélicoptère présidentiel survoler la ville... Comme à l'américaine... On est très content de notre Président», nous confie Kader, un journaliste de la ville. Le cortège présidentiel qui a traversé la ville d'El Bahia a également produit un effet grandiose dans les esprits des citoyens, dont les jeunes. «On l'a vu passer par ici... C'était impressionnant ce cortège de voitures noires blindées... On aurait aimé le voir... mais ça nous honore qu'il fasse sa première sortie à Oran», s'accorde-t-on à dire. Il faut noter que la visite de Tebboune a fait l'objet d'une couverture impressionnante sur les réseaux sociaux. Les Oranais sont vraiment fiers de leur président. Il n'y a qu'à voir ce petit bain de foule que s'est offert le président à la faveur de l'inauguration du Village méditerranéen, à l'est de la ville. Un bain qui a fait sensation auprès de ceux qui étaient présents sur les lieux, scandant à tue-tête son nom.
Une fois la température devenue clémente, les familles déambulent dans les artères de la ville. Le soir tombé, le front de mer reprend ses droits pour accueillir les nombreuses familles, couples, jeunes filles et garçons en quête de fraîcheur et de distraction. Les crémeries et les salons de thé ne désemplissent pas de monde. À la place des Deux Lions, «Square Port Saïd», les deux crémeries rivalisent en silence, offrant aux amateurs de glaces des cartes délicieuses et rafraîchissantes. Derrière et en face, tout au long de la plus grande vitrine de la ville, des jeunes artistes s'affairent à peindre des toiles sur le thème des Jeux méditerranéens, dans le cadre d'un concours organisé par le Cojm. Une belle ambiance en somme. Là nous rencontrons la belle Samia Labiad, une jeune cadre de la jeunesse et des sports d'Oran, toujours présente dans les grands moments d'El Bahia. Candidate aux dernières législatives où elle a accomplie une impressionnante campagne électorale, Samia est une véritable gestionnaire de l'événementiel et de la foule. Elle nous propose d'assister au plateau musical de plein air du lendemain. Il est 01 heure du matin, on a l'impression que la ville se réveille à peine, tant il est vrai que la circulation s'accroît et la foule de plus en plus importante. À l'est de la ville, un quartier baptisé Dubai par les Oranais, à cause des boutiques de grand luxe, des salons huppés, et des restaurants chics qui parsèment les boulevards, non loin du Centre des conventions d'Oran (CCO), l'ambiance est à son comble.
La ville a besoin de tous ses enfants, mais aussi des gens compétents et intègres, quels qu'ils soient, et de quelques wilayas qu'ils viennent. L'essentiel étant de réussir cet événement de grande opportunité et d'importance cruciale pour la réputation d‘El Bahia, et de l'image de marque de l'Algérie entière. Nul n'est indispensable, semble lancer El Bahia aux visages de ceux qui se croient les sauveteurs de la ville, ou encore ceux qui ricanent à longueur de journée sur les réseaux sociaux au sujet des installations et des ouvrages réalisés. Ceux, aussi, qui entendent semer la zizanie dans les rangs, en réclamant certains prétendus droits, n'ont pas réussi, car les enfants d'Oran ont répondu à l'appel de leur ville. Seulement, les récits des compétences locales marginalisés, autour de ces défaillances des équipes précédentes sont multiples et impressionnants. «J'ai déposé des projets ambitieux, à titre bénévole, aux premières équipes du Cojm, à l'occasion des Jeux méditerranéens. Hélas, ils ont été mis au tiroir... Avec cette nouvelle équipe, c'est une toute autre dynamique qui s'est enclenchée... Je tiens à remercier la toute jeune secrétaire générale du Cojm qui a cru en moi et en mon projet, et qui a pris la peine de m'écouter», nous confie L. Fatiha, une enseignante universitaire d'Oran, et ancienne élue à la ville. «J'ai vu des jeunes Oranais et autres veiller jusqu'à 3 heures du matin, dans les lieux concernés par les Jeux... Le lendemain, à 8 heures du matin, ils sont déjà au bureau pour reprendre le travail... Moi, ça me réconforte et me rassure quant à la réussite totale de cet événement», nous confiera Mme Lekbad. Pour M. Mustapha, un intellectuel de la ville que nous avons rencontré non loin de l'Hôtel de ville, même son de cloche. «Ils ont perdu un temps fou à tergiverser et à s'occuper de choses inutiles et surtout futiles... Pourtant, à l'occasion d'une rencontre conjointe avec les élus de la ville, Il y a de cela quelque temps déjà, nous avions alerté sur les points importants sur lesquels on devait se focaliser...», dira-t-il non sans amertume. Quant au maire de la ville, le jeune Amine Allouche, qui nous a accueillis à bras ouverts, les choses n'ont pas été faciles. «C'est un défi pour nous qui sommes une assemblée nouvelle... Nous avons hérité d'une situation que nous avons réussi à assainir et à revigorer... C'est de l'image de l'Algérie qu'il s'agit, pas uniquement de la ville d'Oran», nous confiera-t-il. Un peu plus loin, à l'entrée du Cojm, l'ancien siège de la daïra d'Oran, au front de mer, la foule ne désemplit pas. Ici, tout le monde a besoin de voir Derouaz, le président du comité, pour faire partie du comité d'organisation, et à n'importe quel prix.
Parallèlement, sur les lieux où nous avons été conviés, on ne parle que de la nouvelle secrétaire générale du Cojm et de ses faits, de ses aptitudes et surtout de sa disponibilité et son sens de la communication. Naouel Ben Kafour, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, est une ancienne enseignante qui a fait le tour des cabinets ministériels, y compris la Solidarité nationale, l'Éducation nationale, la Jeunesse et les Sports, etc. Une jeune compétence qui a collaboré et brillé avec les meilleurs (es) ministres. Ayant reçu le cheïkh de la zaouïa Taybia, Mouley Hassen Chérif El Wazzani, dans une visite de réconfort et de courtoisie, elle nous explique sa démarche, en quelques mots. «Nous sommes là pour réussir les Jeux méditerranéens... Nous avons l'obligation d'écouter tout le monde et de prendre en charge les propositions sérieuses et les projets ambitieux dans le cadre de l'organisation de ces joutes multidimensionnelles... C'est une lourde responsabilité, mais elle n'est pas impossible», confiera-t-elle à ses hôtes. Peu après, nous rencontrons le wali d'Oran, qui venait fêter avec les moudjahidine, l'anniversaire de la mort du chahid, Ahmed Zabana guillotiné par la France. «Nous sommes mobilisés pour Oran et pour l'Algérie. Nous avons l'obligation de réussir et nous sommes condamnés à réussir cette importante manifestation qu'abrite Oran...», rétorquera-t-il, face à notre sollicitation. Selon des éléments du Cojm, Saïd Sayoud actuel wali d'Oran, «ne cesse de sillonner la ville, de jour comme de nuit. Il veille au grain, afin d'éviter quelconques imprévus». Même la ministre de la Culture, Soraya Mouloudji a été de la partie pour booster les préparatifs. Une visite de plusieurs jours, lui a permis de constater de visu les préparatifs de son secteur. Une visite pédestre dans la ville a également produit un effet remarquable auprès de la population. Et puis, il y a le transfert du festival du raï vers Oran, cette année. Une nouvelle époustouflante pour les enfants de la ville qui vont s'approprier une nouvelle fois, l'une des plus grandes manifestations culturelles amorcées par la ville. Mourad Senouci, directeur du théâtre Abdelkader Alloula, annonce dans la foulée de la visite de la ministre, le lancement d'une première dans les annales du théâtre. La semaine du théâtre de rue se tiendra simultanément avec les Jeux méditerranéens. Une belle opportunité.